"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Bienvenue à Bonbon Palace ! Jadis bâti par un riche Russe pour son épouse dépressive dont le regard vide ne s'allumait plus qu'à la vue de friandises, cet immeuble d'Istanbul semblait promis à un avenir paisible. Pourtant, si l'édifice a gardé son élégance d'antan, il est aujourd'hui infesté par la vermine et les ordures, au grand dam de ses habitants. Et les coups de sang ne sont pas rares à Bonbon Palace ! Appartements après appartements, le numéro 8 de la rue Jurnal se fait le témoin des vicissitudes de ses occupants : le religieux gérant Hadji Hadji ; la desperate housewife Nadja ; la cafardeuse Maîtresse bleue ; ou encore les jumeaux coiffeurs Djemal et Djelal. Après La Bâtarde d'Istanbul, Elif Shafak, conteuse hors pair, s'empare des contrastes de la société turque contemporaine pour composer une inoubliable galerie de portraits.
Décidément Elif Shafak sait se réinventer constamment et surprendre le lecteur. Cette inventivité, la justesse de son regard et l’humour qui imprègne chaque page de ce roman m’ont enchantée, et c’est pour moi un nouveau très grand coup de coeur pour cet auteur. Construit comme une mosaïque qui peu à peu dévoile son fil conducteur, le récit nous fait découvrir l’histoire d’un vieil immeuble d’un quartier populaire d’Istanbul, ainsi que de chacun de ses habitants : peu à peu, de menus détails en fines observations, se dessinent des personnages tous plus attachants les uns que les autres, chacun aux prises avec sa petite vie, ses espoirs et ses frustrations. Leurs destins vont finir par s’entremêler, dont celui du narrateur qu’on ne découvre qu’en cours de route sans se douter de son importance. Chacun est comme une pièce d’un puzzle dont le motif d’ensemble n’apparaît au lecteur qu’au fur et à mesure de sa lecture. Peinture fine et précise de la vie quotidienne à Istanbul de nos jours, tragi-comédie pleine de surprises, de sourires et de drames, ce long roman sensible et pittoresque a su me divertir de bout en bout. J’en ressors impressionnée par son originalité, la complexité de sa construction, la subtilité de ses observations et son humour irrésistible. C’est un peu comme si je venais de passer une semaine à Istanbul, dans l’intimité d’hôtes devenus des proches. J’en ai entrepris la lecture en Anglais, pas vraiment facile tant certaines tournures sont travaillées : chapeau en passant pour la traductrice. En résumé, mention spéciale pour cet ouvrage « différent », à lire absolument.
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