"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À peine entré dans l'exposition que le Centre Pompidou consacre à Francis Bacon, Yannick Haenel ne voit plus rien : une migraine ophtalmique l'oblige à passer plusieurs heures allongé sur le lit de camp qu'on a dressé pour lui dans le musée.
En retrouvant ses esprits, Yannick Haenel se met à parcourir l'exposition en proie à des états d'intensité contradictoires, qu'il raconte comme une aventure initiatique. Est-il possible de ressentir intégralement la peinture, de la vivre comme une ivresse passionnée ?
À travers le face-à-face avec plusieurs tableaux comme Oedipe et le sphinx ou le triptyque consacré à la mort de George Dyer (l'amant de Bacon), le livre détaille les impacts de la peinture de Bacon sur celui qui en fait l'expérience : sa violence ouvre alors l'auteur à des séquences de sorcellerie de son enfance africaine qui vont lui donner une clef pour traverser cette épreuve.
Mais au fil de la nuit on accède au coeur d'une odyssée heureuse ; en tournant dans son labyrinthe de sensations extrêmes, Yannick Haenel dévoile un aspect moins connu de la peinture de Bacon : la sensualité de ses couleurs, la fraîcheur sexuelle de son bleu.
L'expérience de jouissance culmine dans une illumination scandée par la dernière chanson de David Bowie lorsque l'auteur, qui a demandé à ce qu'on coupe toutes les lumières à trois heures du matin, évolue dans le musée avec une lampe torche à la main et danse extasié en voyant la peinture sortir du mur, comme à Lascaux.
Laissez un auteur seul au musée Pompidou pendant une nuit entière, et vous obtiendrez un livre très personnel, quasi mystique !
Dans cet essai, au fil de la nuit de plus en plus sombre, Yannick Haenel nous fait déambuler au cœur des peintures tourmentées de Francis Bacon. Les peintures se répondent entre elles, faisant émerger les pensées et douleurs de ce peintre écorché, à travers la voix de l’auteur qui est ici le traducteur des états d’âme de Bacon.
Yannick Haenel réussit l’exploit de nous faire voir les peintures avec les mots. Sous sa plume les toiles prennent vie, comme s’il écrivait avec un pinceau.
« Bleu du ciel, bleu glacier, bleu cobalt, bleu de Prusse, bleu maya, bleu de minuit, bleu outre-mer, bleu chardon, céruléen, turquin, lapis-lazuli, canard, persan, minéral, égyptien, et mon préféré le bleu roi : j'aperçois toutes ces nuances dans la palette en feu de Bacon. La lumière intérieure de la peinture est bleue. »
Alors que le Centre Pompidou fermera bientôt ses portes pour plusieurs années, Yannick Haenel revient dans Bleu Bacon sur une expérience assez singulière qu'il a pu vivre dans ce temple de l'art moderne et contemporain : passer une nuit seul au milieu de l'exposition consacrée à une rétrospective des œuvres de Francis Bacon en automne 2019.
Connaissant bien Beaubourg et ayant déjà eu l'occasion d'admirer des œuvres de Francis Bacon dans ce lieu, je n'ai eu aucune difficulté à accompagner l'auteur tout au long de son récit que j'ai trouvé très intéressant, car, on ne sait jamais comment le spectateur va réagir lors de cette expérience. Finalement, Yannick Haenel se souviendra longtemps de cette nuit en compagnie des œuvres de ce peintre majeur irlandais au triptyque le plus cher au monde.
Que l'on aime ou non, il est impossible de rester insensible face à une toile de Francis Bacon et Yannick Haenel était loin de se douter où le mènerait cette "aventure initiatique".
Étant amatrice d'art, c'est toujours un plaisir pour moi de me plonger dans la collection Ma nuit au musée publiée par les éditions Stock qui "propose à des écrivains de passer une nuit dans le musée de leur choix". Cela permet de découvrir une nouvelle facette de la personnalité d'auteurs dont on ne connaît généralement que la plume.
Je tiens à en remercier les éditions Stock et Netgalley France pour m'avoir offert la chance de lire un récit passionnant où Yannick Haenel nous partage son expérience et en profite pour évoquer la vie et le travail de Francis Bacon.
« Je n'avais cessé, depuis mon entrée dans l'exposition, de vivre intensément. »
Nouveau récit dans le cadre de la collection « Ma nuit au musée ».
Le principe : inviter un auteur/une autrice à passer une nuit dans le musée de son choix, à partir de laquelle il/elle va tirer un récit publié aux @editionsstock. L'an dernier, Lola Lafon avait ébloui lecteurs comme critiques avec « Quand tu écouteras cette chanson ».
Cette fois, Yannick Haenel nous emmène passer la nuit avec lui au Centre Pompidou admirer les œuvres exposées de Francis Bacon. Nous sommes en 2019. Je suis ravie de l' « accompagner » dans ce musée d'art contemporain que j'affectionne.
Dès son entrée dans le musée, l'auteur est victime d'une violente migraine l'obligeant à se reposer quelques heures avant d'arpenter les lieux.
« Je m'étais piégé moi-même, jeté dans la gueule du loup, j'étais venu brûler mes yeux au contact de la peinture de Francis Bacon, cette nuit était un supplice ? »
Lorsque sa vue s’accommode de nouveau et que la douleur reflue, il débute au gré des allées déambulations tant physiques qu'intellectuelles.
De tableau en tableau, la puissance évocatrice du peintre, les lignes et les couleurs interrogent les sens de l'auteur, le questionnent, le bousculent. Le silence, le vide, les lumières ou l'obscurité font le reste.
Le texte très littéraire se situe quelque part entre roman et non-fiction. Il propose une réflexion absolument passionnante sur l'Art, sa puissance, les pouvoirs de la peinture et de la littérature.
Ce texte est un récit d'aventures au pays de Francis Bacon. L'auteur nous embarque pour (re)visiter sa peinture. Évidemment, j'ai eu en parallèle à la lecture une page ouverte sur le net pour découvrir les tableaux évoqués. Ainsi, l'expérience se fait immersive.
Peu à peu, le lecteur a l'impression de toucher du doigt la peinture de Bacon comme la grâce.
Bilan :
Une lecture joyeuse, lumineuse à la découverte d'un lieu, d'un peintre et d'un auteur. J'ai aimé errer dans les pas de Haenel. Et ce bleu...
Je vous ai déjà parlé de cette collection de chez Stock, ma nuit au musée . Le principe consiste à inviter un auteur à passer une nuit entière enfermé dans un musée de son choix et ensuite en faire une production littéraire.
Pour cette rentrée d’hiver, Yannick Haenel a choisi le centre Pompidou avec son exposition de peintures de Francis Bacon.
Il en résulte un texte entre essai et roman, entre peinture et littérature, avec des mots pour parler des toiles, avec des couleurs pour parler des sentiments, avec les sens de l’auteur exacerbés par la nuit, avec la solitude et un lit de camp pour accompagner les tableaux.
Le lecteur ne pourra pas s’empêcher de scruter sur internet les toiles dont parle l’auteur, pour comprendre, pour vérifier les détails, pour ressentir la douleur de ces visages torturés et écouter ce robinet qui coule (sur la couverture du livre).
J’ai aimé ce style très littéraire, les souvenirs d’enfance, les confessions, les peurs et le bleu de Francis Bacon. J’ai adoré ces déambulations, ce tête-à-tête avec l’art et l’histoire.
Une magnifique façon de visiter une exposition à travers le regard d’un auteur.
Un nouveau texte dans la collection "une nuit dans un musée" : cette fois, nous allons passer une nuit avec Yannick Haenel au Centre Pompidou, lors de l'exposition Bacon en 2019.
Une exposition d'hommage à ce peintre avec des tableaux du Centre et des prêts d'autres musées et de propriétaires privés (d'ailleurs, il y en a un qui appartient à un acteur américain, mais ne veut pas divulgacher mais une drôle de surprise, tout de même).
Quand je pense Bacon, je n'aurai pas de prime abord penser à la couleur bleu, comme ce titre l'indique. Le tableau de la couverture est d'ailleurs, à mes yeux, pas un tableau emblématique de cet artiste mais Haenel nous en parle magnifiquement.
J'ai apprécié passer la nuit avec Yannick Haenel, qui nous raconte ses sensations (il est d'ailleurs pris d'une migraine dès qu'il se retrouve seul dans les salles), son rapport ancien avec cet artiste et ses œuvres (sera t il capable d'affronter certains triptyques ?, lors d'une exposition au Musée Picasso, il s'était carrément enfui). Il y a de belles pages face à des tableaux comme Œdipe et le sphinx ou le triptyque consacré à la mort de George Dyer (l’amant de Bacon) ou des envolées quand il court dans les salles et alors nous avons l'impression d'être englouti par les couleurs et les matières des tableaux. Il sait aussi nous parler de la vie et d'épisodes de la vie de Bacon.
Et j'ai aimé cette phrase de Bacon, lors des entretiens accordés à David Sylvester : "peindre, c'est dresser un piège pour attaquer le vivant".
Ce texte m'a fait ressortir mes monographies de cet artiste et vais continuer à découvrir sa vie et ses œuvres. Car il a fait l'objet de catalogues, de biographies mais aussi d'œuvres de fiction.
Mais aussi lire les textes de Haenel car j'ai apprécié son écriture.
#BleuBacon #NetGalleyFrance
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !