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Les philosophes ont presque tous eu recours à des animaux pour dire leur monde: du taon de Platon au hérisson de Derrida en passant par le ciron de Pascal ou le porc-épie de Schopenhauer, il existe dans l'histoire de la philosophie un bestiaire qui pourrait donner des fables avec lesquelles se diraient simplement leurs pensées complexes.
Nietzsche a abondement sollicité les animaux. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, les bêtes humaines disent l'humain, le trop humain: la dénégation de l'autruche, la veulerie du buffle, l'agenouillement de l'âne, la ruse et l'hypocrisie du chat, la servitude volontaire du chameau, la servilité du chien, la grossièreté du cochon, la lourdeur de l'éléphant, la mesquinerie de la fourmi, la rancune des mouches, l'opportunisme des sangsues, le ressentiment des tarentules, la méchanceté des vipères ...
Les bêtes surhumaines sont un contrepoison aux bêtes humaines : la félicité de l'aigle au regard perçant, la paix dans l'affirmation dont sont capables les colombes, le volontarisme du lion qui dit «je veux », l'éternel retour exprimé par le serpent qui se mord la queue, le sens de la terre du taureau.
Le bestiaire nietzschéen dit la pensée de Nietzsche. Ces petites proses poétiques la ramassent. Comme un vade-mecum pour s'éloigner des hommes et se rapprocher du surhumain.
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