La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de mai
Pas son meilleur livre mais accessible.
Il faut juste avoir un peu plus de patience que moi par moment. J'avais de loin préféré "Décadence" (livre détaillant les vingt siècles de civilisation judéo-chrétienne) qui faisait partie de la trilogie du Cosmos. Je me rappelle y avoir pris plaisir à suivre ce grand érudit qu'est Onfray.
Michel Onfray fait une nouvelle fois figure d'enseignant pédagogue du troisième cycle, ce qui en soi est intéressant mais devient, dès la moitié de l'ouvrage, un peu longuet et surtout plus pessimiste m'a-t-il semblé que dans "Décadence".
Seule bonne question qu'il "m'a" posé, "Quid de la qualité des âmes et des intelligences ? ".
Dans "Puissance et Décadence" il tape à nouveau très fort sur toutes les dérives de la société. Il en donne une importante quantité d'exemples tout le long de l'essai :
- ces enfants qu'on invite à changer de sexe selon leur choix dès 8 ans d'âge
- ces soldes qui ont permis d'acquérir un nourrisson à prix cassé auprès de la clinique ukrainienne Bio Tex Com lors du Black Friday de 2021
- l'incitation à s'excuser d'être blanc car coupable de férocité blanche
- les 9% de français qui pensent que la terre est plate, etc, etc...
En gros pour Michel Onfray on est dans un Titanic, on avance trop vite et, de fait, la percussion est inévitable. C'est certes fort possible, mais alors il faudrait qu'il nous en donne le remède (s'il en a un) et qu'on ne le quitte pas en fin de livre en restant sur sa faim.
Revenons au contenu qui débute en gros par "les français ne s'aiment plus". Et là il embranche sur la présentation de son "Front Populaire" créé avec Stéphane Simon qui a pour vocation de porter la cause du peuple. J'ai le sentiment que certains passages je les avais déjà lu sur son site.
On passe de Doriot à Mitterand, puis à Sartre, Beauvoir, BHL, De Gaulle, Hitler, Pétain et bien d'autres grandes figures. Mais aussi du poète à l'entrepreneur, du journaliste à l'ouvrier et ainsi de suite.
Il parle de De Gaulle sous des termes profondément élogieux. Il a disséqué au laser l'homme, ses propos, ses actes. Il en répète quelques phrases fortes telles que la profonde question que De Gaulle pose un jour :
- "vous les jeunes, vous voulez quoi ?
- réponse : "vivre plus"
- mais c'est quoi, vivre plus ? "
Il scalpe littéralement Elon Musk et nous apprend par exemple que celui-ci veut créer LE changement de civilisation à travers deux chantiers : Neuralink (société de neurotechnologie) et OpenAI (l'intelligence artificielle). Et de conclure que le dessein final pourrait bien être d'en finir avec l'Homme.
Musk aspirerait à un Disneyland cosmique, ou au moins planétaire ; "un doigt de Daisy, un soupçon de Riri, Fifi et Loulou, une pincée de Pluto !
Il y voit la constitution d'un bétail docile par internet.
Heureusement qu'il nous parle aussi de ceux qu'il admirent : Montaigne, Rousseau, Nietzsche. Et là le ton est plus apaisé.
Même la présentation de l'histoire d'Abel et Caïn dans la Bible est sereine. La transposition qu'il en fait à notre civilisation est assez bluffante. En deux images vite fait :
- Abel est le nomade, donc le migrant, l'anywhere, l'homme de la géographie, celui qui bouge sur toute la planète et récolte les faveurs de Dieu lorsqu'il lui offre l'animal qu'il a élevé sur les pâturages le long de son périple.
- Caïn est l'immobile, le né natif, le somewhere, l'homme de l'histoire, celui qui cultive la terre natale et ne donne à Dieu que les fruits et les légumes de la récolte de ses terres. Belle image.
Autre thème à la mode décortiqué par Onfray, l'écologie. Date de naissance 1866, géniteur Ernst Haeckel. Puis Hans Jonas en 1979 qui booste le principe pour en arriver à Nicolas Hulot et Greta Thunberg. Il rappelle que le mouvement des divers réfugiés (afghans, iraniens, syriens, soudanais, algériens..) n'est pas dû à la fonte des glaciers ou la disparition des oiseaux et des insectes, la déforestation ou la pollution de leurs nappes phréatiques, mais dû au désordre mondial.
Il n'apprécie pas du tout l'attitude affichée par l'écologie. Il explique que son véritable mot d'ordre est "on ne discute plus, on ne raisonne plus, on ne débat plus, on exécute et on fait". Et Toc ! c'est taclé, là encore.
Cheval de Troie de l'écologie ; le Végan. le véganisme abolit l'agriculture au profit de l'industrie chimique qui elle-même consomme une masse colossale d'énergie = qui discrédite qui dans cette histoire ?.
Arrivent encore bien d'autres regards comme sur le régalien, ou l'attitude de certains journalistes ou autres rhétoriques qui ne trompent plus grand monde.
En refermant l'essai on se dit Ouf ! Et envie de dire "Cher Onfray, il est tout de même difficile de vous suivre sans tirer la langue »
L’âme existe-t-elle ? Un Onfray pédagogue et instructif tente d’y répondre.
A part « Cosmos » je ne me rappelle pas avoir bouclé un ouvrage de Michel Onfray.
Cette fois encore je me suis demandée si j’allais tenir la distance. Je dois avouer que plus d’une fois j’ai dû partir à la source des mots employés tant son vocabulaire est vaste et loin loin devant le mien.
Il a toujours une opinion sur tout, une conviction indéboulonnable, un penchant à la condamnation de nombreuses personnalités. Mais il faut concéder que sa culture est telle que ses analyses ont le mérite d’être sourcées, le contenu de ses livres d’être instructif.
Même si je le préfère et de loin dans ses interventions orales, cet écrit, si on ne le lâche pas trop vite, devient intéressant et oblige à une belle réflexion : l’âme existerait-et bons romanciers du polarelle finalement au delà du corps ? Pourquoi finalement ? Parce qu’après avoir fait le tour des théories et tenté de rassembler les éléments du puzzle historique, philosophique, religieux et bien entendu politique ( son punching-ball depuis plusieurs décennies maintenant ), Onfray se positionne.
Même si on n’est pas férue de philosophie (comme c’est mon cas) on peut le talonner. Sous couvert de la question relative à l’anima, c’est autant une ballade qu’il nous propose qu’un exposé de philo pur. Et la ballade est sympa ; elle nous transporte à travers les millénaires, dans le cosmos et sur terre, chez les forts comme les faibles.
Son atout essentiel ? Il sait de quoi il parle. Pour cette enquête philosophique ( c’est le terme employé par l’éditeur ), il a su ouvrir son regard qui se déploie de 1 500 ans avant JC jusqu’au premier pas de l’Homme sur la lune. Et à ceci j’aouterai qu’il n’a pas peur d’appeler un chat, un chat : la mort côtoie bel et bien ce questionnement quant au devenir du corps et/ou de l’âme.
Dans cet ouvrage il a regardé la mort de près, sans la nier, sans l’enjoliver ( peut-être un peu en raison de ses problèmes de santé qui l’ont tout de même emportés dangereusement loin il y a quelques années, sans compter la mort de son épouse suite à un long combat contre le cancer ). En y repensant, j’avais également apprécié le petit livre qu’il avait écrit en 2018, à l’image de notre douleur après la disparition d’un être aimé «Le deuil de la mélancolie ».
Désabonnée de son « Front populaire » confondu avec Stéphane Simon, trop pessimiste pour « mon âme sensible » à moi, je me contente d’un contenu plus soft comme cette réflexion, certes hyper réaliste quant au regard posé sur le corps, l’âme et à la mort, mais culturellement intéressante. Se poser la question du posthumain me déprime, ou à minima me gêne tout de même. Il l’abordera probablement sous un angle plus rude encore dans le second volet à paraitre et qui s’intitulera « Barbarie ».
Après des publications en solo, avec Etienne Klein, et dans diverses revues, Jacques Perry-Salkow continue de délivrer des anagrammes. Son complice du jour est Michel Onfray qui a ainsi découvert qu’un anagramme de son nom est « Lyncher ma foi ». Le philosophe hédoniste, libertaire, ayant reçu une éducation catholique, trouve que c’est « la bonne anagramme » en délivrant un « portrait caché dans les lettres ».
Onfray (pour l’essentiel des textes) développe sur une page une référence associant un objet et un philosophe-penseur tout en déclinant ses propres thèses et séparations de ces grains philosophiques avec quelques ivraies. On retrouve ses préférences pour les philosophes romains plutôt que grecs, son opposition à Sartre et l’intérêt de Camus, les subterfuges de Freud, … Et Perry-Salkow délivre des anagrammes en lien avec les références. Les assemblages textes / anagrammes sont plutôt réussis. L'ouvrage est accompagné de quelques dessins de Charles Poppins.
Pour le plaisir quelques citations :
• Les Essais de Montaigne <=> Idées soignant les âmes p 60
• Esprit des Lumières <=> Les empires érudits p 63
• Les Pensées de Blaise Pascal <=> L’assise de l’espace pensable p 64
• Gente Madone <=> Ange et démon p 68
• Les rêves du docteur Freud <=> Le frustre désordre du vécu
• Les cafés du Paris littéraire <=> Les paradis artificiels
Et l'anagramme conclusive :
Une devise, qu'est-ce ? <=> "Deviens ce que tu es" p 102
Encore une essai à l’emporte pièce qui ne donne pas dans la dentelle ! Nous sommes coutumiers de la prose de cet auteur qui appuie très souvent ou cela fait mal et parfois à juste raison mais avec un acharnement qu’on pourrait ne pas juger coupable s’il débouchait sur des propositions alternatives positives et réalistes, ce qui n’est malheureusement pas le cas ! Une impression de gaspillage intellectuel émane de ces pages, car l’érudition est au rendez-vous, mais ne sert qu’à mettre en valeur une hargne vengeresse improductive et stérile.
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