"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pas facile pour un vampire de trouver du 100 % bio...
Raphaël, quadra bobo puceau malgré lui, vit reclus dans un vieux manoir sur la Côte d'Albâtre, et n'aime les gens que pour les vider de leur sang. Malheureusement, de plus en plus sujet aux intoxications alimentaires, il passe une nuit sur deux le bide en vrac et les certitudes branlantes. Un soir, après une de ses virées, dans un noir couloir du manoir, il tombe nez à nez avec un vieux lord anglais, Sir Roberts. Attendri par l'humour so british du vieux bonhomme, Raphaël le " transforme ", sans lui demander son accord, pour s'en faire un compagnon. Tous les deux battent alors la campagne à la recherche d'humains gluten free. Des nonnes jouvencelles aux vieux paysans de l'arrière-pays, dénicher un humain qui mange bien devient une mission un brin compliquée. Et tout s'emballe encore davantage quand notre beau puceau aux crocs acérés rencontre une doctoresse à la beauté diablesse.
Décalé, anachronique, drôle, très drôle, humain, pour passer un très moment avec une écrivain du Berry (ou nous avons plus de sorcière que de vampire)
Peut-être parce que certaines de mes racines trouvent leur lit au pays de Dracula, les histoires de vampires m'ont toujours intriguée. Mais comme elles sont souvent traitées de façon gore ou grand guignolesque, je m'y intéresse peu. Jusqu'à ce livre dont une chronique d'une de mes consœurs blogueuses m'a mis l'eau à la bouche. Bien m'en a pris. Je me suis beaucoup amusée avec cette famille vraiment très spéciale confrontée aux maux de notre époque.
Parce qu'il n'est pas facile d'être un vampire au 21ème siècle. La préoccupation majeure de Raphaël est de parvenir à se nourrir correctement ce qui n'est pas une mince affaire. Avec toutes les saletés que nous ingurgitons et qui passent directement dans notre sang, il passe son temps à soigner ses indigestions. Tout en surveillant ses arrières puisque, dernier rejeton d'une célèbre lignée de vampire, il attise la jalousie des branches moins pures qui rêvent de l'éliminer. Ajoutons à cela un frère un peu simplet et totalement obsédé sexuel, des parents vieux de cinq cents ans et amoureux comme aux premiers jours, et puis la solitude pas toujours facile à assumer. Alors quand Sir Roberts, le vieux lord anglais propriétaire du manoir normand que squatte Raphaël décide de réinvestir sa propriété, le vampire s'empresse de le transformer et de s'en faire un compagnon de galère. Les deux compères rivalisent d'ingéniosité pour dénicher des nourritures satisfaisantes, n'hésitant pas à dévaliser les poches de sang des hôpitaux en cas de pénurie. Jusqu'à ce que Raphaël, encore puceau à 40 ans tombe raide dingue amoureux d'une femme médecin à la beauté renversante. Serait-il temps de perpétuer la lignée ? Pas si simple quand on est un vampire...
Il y a beaucoup d'humour dans ce roman, des situations finement cocasses et des personnages qui n'ont pas grand-chose à envier à la famille Adams. L'ensemble est très bien traité, les différentes situations sont bien exploitées, on marche à fond. Mais c'est aussi un prétexte pour observer nos mœurs avec un léger décalage qui permet une plus grande lucidité. Enfin, son sujet principal est quand même l'amour. Celui qui réjouit, fait battre les cœurs, gomme les différences et aplanit les obstacles. Celui qui régénère, guérit et ressuscite.
Comment supporter l'immortalité sans amour ?
Ce roman est un joli exercice de style, bien mené et revigorant. En cette période estivale, il a de quoi séduire les amateurs de siestes littéraires intelligentes mais ni tristes ni lourdes. De quoi vous mettre de bonne humeur et vous redonner confiance dans le pouvoir des sentiments (si ce n'est dans la qualité de votre alimentation).
Oubliez tout ce que vous avez pu lire sur les vampires. Juliette Bouchet apporte du sang neuf à nous mettre sous la dent. C'est un livre pas très sérieux qui met le projecteur sur des sujets néanmoins d'actualité et d'envergure. Des travers et des paradoxes de notre société que l'auteur aborde sans détour et avec beaucoup d'humour.
L'écriture est en deux tons, gothique et somptueuse, acérée et décadente. On s'amuse, on se gausse des clichés rencontrés. Raphaël est un personnage original, solitaire quand il décide de Transformer Roberts comme homme de compagnie. On suit le chemin de son initiation jalonnée d'embûches dans une ambiance truculente et survoltée. Les dialogues sont croustillants, beaucoup de références donnent du chien, du vivant à cette intrigue succulente. On fait la rencontre de la famille de Raphaël, déjantée. On succombe aux désarmantes et insolites histoires d'amour.
On s'amuse, on sourit beaucoup et on rit même parfois à gorge déployée, parce que c'est juste irrésistible et drôle. Les situations sont renversantes à tout point de vue, c'est direct et sans tabous.
L'auteure a réussi à me convaincre avec un bon coup de dépoussiérage sur le mythe des descendants de Dracula. Vous devriez vous régaler !
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