Ils ont lu et aimé ces romans, découvrez-les ou faites-les découvrir à vos proches...
Avril s'inquiète pour Elias. Elle l'aime, mais il est si secret, si étrange parfois. Craintif, aussi. Elle voudrait comprendre ce qui le tourmente, ce qui l'empêche de vivre pleinement.
Mais comment Elias pourrait-il lui confier ce qu'a été son enfance ? Pas facile, dans un petit village, d'être le fils du « fou ». De celui qui se dit magnétiseur, médium ou « paradoxologue » et qui fait subir à sa famille la tyrannie de ses discours et de ses délires.
L'amour d'Avril suffira-t-il pour qu'Elias échappe à cette enfance abîmée ?
Ils ont lu et aimé ces romans, découvrez-les ou faites-les découvrir à vos proches...
Un palmarès pour découvrir de belles pépites
Une très belle réussite, portée par une écriture fluide et poétique
"Il ne faut pas se fier aux apparences", dit-on. J’avoue que je partage totalement cet avis, s’agissant du dernier roman de Victor Pouchet, "Autoportrait en chevreuil". Jamais je ne l’aurais acheté sur sa mine : une couverture en forme de tapisserie ancienne, un titre plutôt abscons…, non, j’aurais passé mon chemin. Quelle grossière erreur !
Une fois commencé, je suis allée au bout de cet ouvrage d’une traite tant il m’a complètement emportée. Un histoire émouvante, bouleversante, bien écrite et parfaitement construite : j’ai beaucoup aimé. Cette histoire c’est essentiellement celle d’Elias, marqué par une enfance hors du commun. Sa maman est décédée quand il était encore jeune et il a été élevé par son père, un être pour le moins bizarre, sorte de magnétiseur, un brin medium "Certains disaient que mon père était un mage, qui avait accès à des choses que personne ne percevait. D’autres pensaient qu’il était fou. Moi, je ne m’étais pas encore fait une idée très nette, j’attendais de voir." Comment, à l’âge adulte se défaire d’une vie aussi étonnante ? Avril, la jeune femme qu’il rencontre, dont il tombe amoureux, a du mal à comprendre ce garçon à la fois secret et craintif.
Ce roman à trois voix, trois parties, trois styles, est très beau. Lorsqu’Elias raconte son histoire les mots sont ceux d’un enfant, l’écriture est assortie, simple, directe et donne toute l’importance à la description : "Mon père m’imposait un certain nombre d’exercices…Celui qui me déplaisait le plus était "l’exercice de grand froid". Il consistait à s’immerger dans le lac de Cevestin. C’était l’hiver…" Passant subrepticement du présent, sa vie aux côtés d’Avril, au passé de son enfance, Elias tente d’expliquer, de comprendre, mais ne parvient pas toujours à mettre des mots sur ses ressentis. Alors, forcément, comment Avril pourrait-elle y réussir davantage ? Elle nous raconte sa vie à elle, couche ses impressions dans un journal, à sa manière. L’écriture se fait alors sautillante, légère, spontanée. Le style, parfois télégraphique, permet de reprendre son souffle. C’est ça, la deuxième partie est un sas de respiration. Elle a permis à mon cœur de ralentir, à mon corps tendu par les propos d’Elias de se reposer. Et c’était nécessaire, surtout avant la troisième partie que j’appellerai la confession. Une confession d’une grande sincérité qui prend aux tripes et serre la gorge. Le père d’Elias se confesse à Avril, il n’y a pas d’autre mot, dans un long monologue de onze pages. Il explique tout, le pourquoi du chevreuil, totem d’Elias, le grand accident qui l’a fait fuir et tout le reste.
"Autoportrait en chevreuil", un roman d’une grande force, touchant au-delà du dicible pour la mère que je suis. Quel mal pouvons-nous faire à nos enfants sans le vouloir, sans le savoir ?
https://memo-emoi.fr
Un court roman où, Elias, 32 ans, écrit pour raconter son enfance. Une enfance pas ordinaire et qui l’a marqué. En effet, son père est magnétiseur. Ou pour être plus précis, voici sa carte de visite : « paradoxologue – médium – sciences occultes ». Il reçoit ses « clients » dans une cabane au fond de son jardin. Il n’a pas d’autre activité donc pas de salaire fixe. A la maison, il n’y a pas de télévision ni de téléphone à cause des ondes. Son père impose ses mains pour guérir. Il est spécialisé dans les brûles, il « coupe le feu ». Quant à la mère d’Elias, elle est morte quand il avait 3 ans.
Elias a peur que tout s’écroule autour de lui. Il a peur des lubies de son père, de ses possibles dérapages. Il parle peu et n’a pas d’amis. Ses camarades d’école se moquent de lui : « le père d’Elias est maboul ».
Il faut dire que son père a des méthodes d’éducation assez particulières. Il ne lui apprend rien. Il préfère qu’Elias expérimente, découvre par lui-même, comme par exemple apprendre à faire du vélo. Alors Elias s’entraîne, persévère et arrive à faire certaines choses par lui-même. Son père lui fait faire des exercices de silence prolongé. Il le met à la cave, assis, une demi-journée sans parler, avec une clochette. Il y a aussi l’exercice de grand froid où Elias est totalement immergé dans le lac en hiver. Tous ces exercices ont pour but de libérer Elias de ses ondes. Bien sûr il déteste tout cela.
Son père se remarie avec Céline. Elle travaille à la boulangerie du village. Elle a toujours un air maladif. Elle est maigre et pâle. Ainsi naquit son demi-frère Ann. Les parents étaient persuadés que ce serait une fille. Ils avaient choisi un prénom féminin et à la naissance ne l’ont pas changé. Elias n’a pas le droit de le toucher à cause des ondes.
Et puis chaque été, Elias part un mois chez sa grand-mère maternelle à Brest. A son retour, son père lui fait subir des séances spéciales pour se défaire des ondes transmises par sa grand-mère. Il doit suivre un régime alimentaire sans céréales et laitage pendant une semaine.
Ann grandit et à l’âge de 10 ans change, s’éloigne progressivement d’Elias. Il commence à ressembler de plus en plus au père. Il s’exerce avec le père. Il a même un don de vision et voit des choses comme lorsqu’un camarade disparaît et qu’il permet à la police de le retrouver.
Ensuite il se passe un événement, un drame qui ne sera révélé qu’à la toute fin par le père.
Après Elias, c’est la voix d’Avril qui prend le relais. Il est tombé amoureux d’elle il y a quelques mois. Il est heureux. Il semble avoir trouvé une certaine « normalité » auprès d’elle, un équilibre. Il aimerait « choisir l’option légère » avec elle. Avril aime son côté décalé. Elle ne s’ennuie pas avec lui. Mais Elias a parfois des réactions bizarres et Avril se pose alors des questions sur lui, sur sa famille dont il ne veut pas parler. Je vous laisse découvrir le reste de l’histoire par vous-même.
Victor Pouchet a reçu le prix Blù Jean-Marc Roberts pour ce second roman. Je n’ai pas lu son premier roman mais il a visiblement de très bonnes critiques. Je remercie mes camarades explorateurs de m’avoir fait découvrir ce livre parmi cette foisonnante rentrée littéraire. J’ai beaucoup aimé l’écriture. Le livres est composé de trois parties, inégales en termes de pages. Le changement de narrateur est très bien retranscrit, on passe à un style totalement différent entre Elias, Avril (son journal intime) et le père (un récit débité à toute vitesse). Une histoire de famille, encore, décidément, pas ordinaire. Comment se construire avec une telle enfance marquée en plus par un drame. Elias est un personnage très attachant.
Petit clin d’œil aux bibliothécaires, Victor Pouchet ne nous a pas mis en avant avec Elias ! En effet, Avril rencontre Elias à la bibliothèque. Il est bibliothécaire et elle le surnomme « Bancal bibli » : « il ressemble à Vincent Lacoste mélangé à Buster Keaton. Avec un grand regard sombre et des bras un peu long. On dirait qu’il est bancal. »
Une dernière chose, ce titre est intriguant, n’est-ce pas !? Est-ce que ce livre parle de chevreuil ? pas vraiment. Il parle certes de nature, puisqu’Elias et son père vont souvent s’y promener. Mais le chevreuil est surtout l’animal totem d’Elias, trouvé après une transe totémique organisé par son père.
Bref j’ai beaucoup aimé ce roman.
Du précédent roman de l’auteur j’avais noté ceci : « L'idée de départ était originale, les premières pages accrocheuses et puis je ne sais à quel moment c'est l'ennui qui est passé au-dessus de tout ça. Au final pas grand chose à dire de ce court roman qui par moment m'a même semblé un peu long. ». Je pourrais presque dire mot pour mot la même chose de ce dernier en y rajoutant que j’ai trouvé ça par moment maladroit et que j’ai été gênée par le déséquilibre entre les 3 parties du roman. Certains ont souligné l’humour et la sensibilité de ce texte mais pour ma part la platitude l’a emporté. On s'ennuie gentiment mais surement - heureusement pas longtemps.
Quelle belle surprise que ce roman...
Je ne m'attendais pas à l'apprécier autant.
Dès le départ l'écriture subtile de l'auteur m'a plue, sa façon en douceur et sans psychologie de faire parler Elias petit garçon et jeune homme amoureux.
J'aime beaucoup les mots de ce jeune homme amoureux, et la façon dont Victor Pouchet arrive à créer cette histoire dans une famille dysfonctionnelle, certes, mais sans jugements tranchés.
On est à la place de ce petit garçon qui évidemment recherche approbation et amour, sépare bien la famille et l'école pour mieux gérer sa vie un peu étrange. Très même aux yeux d'urbains, moins aux yeux de personnes vivant en campagne.
Il reste dans ce pays des personnes médiums, magnétiseurs, celui-ci bourre le crâne de son fils de ses croyances, ça va loin...
Élias, devenu grand et amoureux, essaie de vivre. Et ce n'est pas facile.
Et au delà de son histoire, c'est cet état qui est touchant. Et peut concerner beaucoup de gens.
Mais au delà, avec l'arrivée d'Avril, la jeune femme dont il est amoureux ensuite, et que l'on lit aussi, j'aime la façon dont l'auteur nous donne à lire les angoisses et anxiétés d'une société via ses personnages, quelques soient leurs parents et passés.
Alors ce n'est ni sombre ou gai.
C'est très humain, fin et humaniste ce roman et on espère aussi que L'amour d'Avril et l'amour d'Elias les aidera tous deux à vivre, vivre le mieux possible.
Quelle belle plume et quelle belle empathie.
J'ai aimé cette lecture, la sensibilité de l'auteur, certains passages sont poétiques et le livre est une réussite.
N'hésitez pas à lire Autoportrait en chevreuil, c'est beau de compréhension de l'autre, ce qui n'est pas si courant, finalement.
Un curieux titre pour un ouvrage atypique mais une lecture qualitative. Seule sa lecture à tête reposée permet d'en appréhender sa profondeur et son intitulé.
Un récit à 3 voix autour du personnage d'Elias, au coeur de ce récit ; celle d'Elias lui-même, celle d'Avril,sa compagne et future mère de son enfant et enfin celui du père d'Elias....lors de sa rencontre avec Avril.
Récit d'une enfance particulière entre un historique familial compliqué, un père qui se veut médium, peu rationaliste, pour lequel le monde et son interaction avec l'espèce humaine passe par la gestion des ondes, une mère disparue jeune, une belle mère effacée et support de famille et un frère au destin tragique . On peut ajouter à cela une grand mère profondément catholique et particullèrement aimante mais vivant, hélas, loin d'eux..
Elias grandit, pour le moins, dans un modèle particulièrement complexe,considéré par son père, sorte de rebouteux, coupe -feu et médium local, comme un peu son successeur, tous les deux ayant des capacités d'appréhesion du monde particulières. Son père va donc le former, l'endurcir (on n'est pas loin de la maltraitance) et vouloir le glisser dans un moule peu classique. Pour corser l'ensemble, il y a l'arrivée du demi-frère prénommé Ann,au sort funeste et au comportement variant.
Amour d'un père particulier, vie en dehors de la communauté, pression, incompréhension, Elias se sent démuni. Avril peut être sa planche de salut mais encore faut-il qu'il le comprenne et que, pour celà, il se libère, qu'il brise les murs qu'il dresse parfois et se remette de la tragédie familiale afin de vivre pleinement sa vie d'adulte.
Oeuvre profondément humaine et sensible, ce roman se lit facilement.
Ci-dessous mon avis pour "Autoportrait en chevreuil" :
" Autoportrait en chevreuil de Victor Pouchet est son deuxième roman. Sur la couverture on voit un chevreuil sur un canevas, on peut déjà imaginer que l'histoire ne se situera pas dans le présent.
Pourtant, au début, l'histoire est bien ancrée dans le présent. Mais Avril la compagne d'Elias va lui proposer un exercice nouveau pour lui, et surement nécessaire si l'on en croit les premières pages. Elias doit apprendre à sortir de son passé pour envisager l'avenir. Il est du genre à conserver plein de choses, symboles de son histoire. Les jeter lui semblerait un sacrilège. Avril n'est pas de cet avis et pense qu'il doit se détacher de ce qu'il a vécu.
C'est ainsi que s'ouvre l'histoire de l'enfant qu'était Elias et ses apprentissages, son évolution au sein d'une famille particulière. Son père notamment est très accro aux méthodes parallèles, pour se soigner, pour prévoir l'avenir, pour lire en chacun. On comprend rapidement que Elias n'a pas eu une enfance évidente, partagé entre la réalité et l'imaginaire.
Cette partie de l'histoire est racontée de manière plutôt poétique et c'est très agréable à lire bien que de la peine s'insinue en nous pour le jeune garçon qu'était Elias.
Puis vient la deuxième partie autour de Avril, celle par qui les changements interviendront, celle qui sera à l'origine de la remise en question, celle qui croit à leur histoire très fort. C'est une sorte de journal qui est présenté. Jusqu'à ce que le père de Elias intervienne et se confie à elle.
Dans cet ouvrage, il y toutes sortes d'actes de la vie qui sont présentés, la création d'une famille, les choix de chacun, les responsabilités et les devoirs que nous avons, l'impact de nos décisions est encore plus fort quand il y a des enfants. Les sentiments sont développés autour des ces aspects-là et les personnages sont tous bien différents donc l'identification à l'un d'eux est relativement facile.
Dans la vie d'Elias, Avril est arrivée comme sa lumière, celle qui lui fera reprendre pied dans sa vie. Elle va l'aider à y voir plus clair en lui et c'est un cadeau inestimable que la vie lui a offert. Sinon comment aurait-il pu continuer d'avancer ?
Ce livre m'a énormément plu car il est empreint de beaucoup de poésie, de douceur malgré les événements et il laisse entrevoir la lumière qui permettra à Elias de sortir d'un schéma dont il n'était que spectateur. L'écriture est posée tout en ne laissant rien au hasard. Toute la subtilité qui est placée entre les lignes est forte et laisse à chaque lecture le soin d'y apporter sa propre interprétation, son propre jugement et ainsi la remise en question peut traverser le livre pour s'insinuer en nous.
L'auteur a produit un roman rempli d'émotions et la dernière partie semble même trop courte, on aimerait en savoir plus sur ce qu'il adviendra des personnages, de leurs choix pour l'avenir. Une très belle lecture".
« Autoportrait en chevreuil » est un peu tiré par les cornes. Dans sa construction d’abord, avec trois parties déséquilibrées qui nuisent à la compréhension. Dommage parce que la partie II, journal intime de la protagoniste, a le rythme, l’intelligence et la puissance du « Brandt rhapsodie » de Jeanne Cherhal et Benjamin Biolay. Par son sujet ensuite, moins centré sur la personnalité du jeune Elias (dont le totem est un chevreuil) que sur son père, un magnétiseur dont l’improbable profession autorise toutes les bizarreries. Le ressort narratif, enfin, celui d’une enfance présupposée unique. Depuis Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, on a l’impression que la littérature se repait d’épanchements nostalgiques de ce genre, entre insectes punaisés, cache aux trésors, interrogations naïves sur le fils de Dieu et premiers émois amoureux. Au final, ces souvenirs se ressemblent tous. Autre chose m’a gênée. J’ai eu l’impression que l’auteur nous refourguait « un truc à savoir » à chaque chapitre en s’appuyant sur l’incommensurable culture générale du papa, présumé medium (j’ai appris que l’homme était le seul animal qui pouvait plier son coude, c’est déjà pas mal…) La ficelle est un peu grosse d’autant que Finitudes nous a déjà fait le coup du parent dingo avec son Bojangles. « Autoportrait en chevreuil » a la maladresse et l’envie d’impressionner d’un premier roman – ce qu’il n’est pas.
Bilan :
Rendez-vous de la page 100 (Explorateurs de la rentrée littéraire 2020)
Une très belle lecture tout en poésie, douceur et innocence. Elias raconte ses souvenirs, son passé et son rapport avec son père qui lui impose une vie régie par la croyance d'ondes. D'un regard plus agé et reculé sur son enfance, Elias guide le lecteur et la femme qu'il aime, Avril, dans les tréfonds de certains de ses traumatismes, de ses plus belles joies ou encore, de ses incompréhensions. Un roman qui ne tarit pas en justesse et délicatesse et que j'ai très hâte de continuer !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !