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Nous sommes en 2004, Athènes accueille les Jeux Olympiques ; et dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord, un commando prend en otages un millier d'enfants et d'adultes. À Vienne, ce sont les vacances universitaires, et Julian, 22 ans, étudiant en médecine vétérinaire, songe à rompre avec Judith, sa petite amie, quand celle-ci prend les devants et le quitte.
Le jeune homme doit se résoudre à vivre en colocation avec Nicki, qui sait encore moins que lui quoi faire de sa vie. Le père de Judith exige qu'il lui rembourse le loyer pour l'appartement que Julian a partagé avec sa fille. Même la soeur de Judith ne veut plus lui parler, et Tibor, son ami désinvolte, semble toujours s'en tirer mieux.
Ce dernier propose à Julian de le remplacer pour son job d'été. Il devra s'occuper d'un hippopotame nain, issu d'un trafic et saisi par la police. Le professeur Beham, ancien recteur de la Faculté désormais en chaise roulante et moribond, accueille l'animal dans sa propriété de la périphérie de Vienne jusqu'à ce qu'il soit confié à un zoo.
La fréquentation quotidienne du placide herbivore apaise quelque peu la peine de Julian. Mais le professeur reste distant et cynique face à sa propre mort, Judith semble ne rien regretter, et à Beslan on déplore plus de 300 victimes. Lorsque Julian débute une liaison avec Aiko, la capricieuse fille du retraité, la vie semble lui réserver de nouveau des leçons.
Dans un style plaisant et fluide, l'auteur nous livre ici une version nouvelle du roman de formation. Loin d'aborder l'âge adulte par le biais de péripéties lointaines, en ce début de XXI e siècle, c'est le monde qui vient au protagoniste via l'actualité immédiate et en continu. Ses expériences s'avèrent davantage perturbantes que structurantes et ses efforts pour "maîtriser" la situation se heurtent à l'égoïsme et à l'immaturité des autres.
Arno Geiger observe avec acuité toute une génération, qui, face à la complexité contemporaine et une réalité envahissante, semble condamnée au grand flou. D'autant qu'à la fin de ce beau roman qui dresse un portrait toute en finesse de notre époque, la sérénité de l'hippopotame impassible et assez malodorant apparaît hautement séduisante et enviable.
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