"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. Mais l'état-major français décide d'attendre onze heures, en ce onzième jour du onzième mois, pour que cessent les combats.
A 10h45, le soldat de première classe Augustin Trébuchon est tué.
Il est le dernier soldat français tué.
Alexandre Duyck a fouillé les archives militaires et civiles, retrouvé tout ce qu'on pouvait savoir sur ce berger devenu soldat et imaginé le reste : les pensées de cet homme courageux, observateur, taiseux, blessé deux fois, qui fut de tous les combats, ne prit en 4 ans qu'une seule permission et obéi aux ordres jusqu'au bout.
Augustin Trébuchon n'aurait jamais dû faire la guerre. Il est berger en Lozère, il a trente-six ans au début de la guerre, et surtout il est le responsable de sa famille. Il est célibataire mais responsable de ses frères et sœurs et chef de famille depuis que ses parents sont morts. Il était donc exempté et pouvait ne pas partir à la guerre. Mais il l'a fait, pour prouver qu’il n’était pas un trouillard, lui, toujours moqué à l'école, par les élèves, par l'instituteur, il veut aussi voir du pays, quitter ses prairies, ses moutons. Quand on sait l'horreur de cette guerre, on se dit que le pauvre, il ne sait pas dans quoi il s'engage. C’est facile à dire une fois les événements passés, mais à ce moment là, il ne faut pas oublier que la guerre était présentée comme un conflit bref, de quelques semaines, et que les hommes seraient vite rentrés. Personne ne doutait de ce fait. Beaucoup sont donc partis contents, avec la fleur au fusil, comme on dit. Et ce fut donc le cas pour Augustin. En plus, il allait voir des gens, lui qui a l'habitude d’être seul. Étant de stature petite, 1,61m, il est engagé dans l'infanterie, dans l’armée à pieds.
On va donc le suivre ici dans la dernière journée de sa vie, les 10 et 11 novembre. Il va nous raconter son quotidien dans les tranchées, ce qu’il vit, avec toute l'horreur que l'on peut s’imaginer. On va aussi en apprendre plus sur lui-même, sur sa vie avant son départ à la guerre, son enfance en Lozère, ce qu'il a vécu. Il parle de son quotidien, des désillusions de cette guerre qui n'en finit pas. Il compte les jours, 1560 exactement depuis qu'il est parti de chez lui, il n'a eu qu'une seule permission en quatre ans. Augustin ne cherche jamais les histoires, il obéit à tous les ordres. Et il va falloir qu'il en obéisse à un dernier. Les rumeurs de la signature de l'Armistice courent en ce 11 novembre au matin, il aurait été signé très tôt, mais ne doit être proclamé qu'à 11 heures. En attendant, les obus et les balles pleuvent encore du côté Allemand, et Augustin voit encore certains de ses amis périr. Personne, à ce moment là, ne croit trop à la fin de la guerre. Augustin va devoir mener un dernier message… et quand on apprend la teneur du message, je peux vous dire que ce pauvre Augustin est vraiment mort pour rien…
Je ne veux pas vous en dire de trop, j’ai envie que vous découvriez Augustin par vous-même, et il y a encore beaucoup à savoir sur lui. Et sa vie est tellement bien racontée par Alexandre Duyck. Il a fait des recherches dans les archives militaires et civiles pour récolter tout ce qu'il pouvait sur ce soldat. Il s’est sans doute appuyé sur des archives plus générales de la guerre pour décrire les conditions de vie des soldats. Un truc qui m'a atterrée, c’est la réaction de l’Armée face à ces décès du dernier matin de guerre. Sur la stèle de ces soldats morts, dont Augustin, il est noté la date du 10 novembre, alors qu'ils sont morts le 11. Comme si l’armée avait honte. Même si du côté français, ça ne tirait plus, ce n’était pas le cas côté Allemand. L'information d'un arrêt de guerre ne devait pas leur être parvenue, il y a un siècle, les liaisons se faisaient beaucoup plus difficilement. Ce changement de date de décès m'a choquée…
Je me suis vraiment fort attachée à Augustin. Il est difficile d’en être autrement, je pense. Quand on commence à lire son histoire, on sait déjà la finalité et vers où on va. Donc j'ai suivi ce soldat, ses actes, ses pensées, ses envies, ses joies, ses peines. Il se posait plein de questions sur ce qu'il allait faire après la guerre, il pensait voyager, il rêvait d'une autre vie, et ça m'a fait mal au cœur de savoir qu'il ne pourra jamais rien concrétiser. Et des Augustin, il y en a tellement, c’est déchirant.
Ce sentiment d’attachement au personnage est aussi renforcé par le choix narratif de l’auteur, qui a choisi d’écrire son récit à la première personne du singulier. Ce « je » m'a permis encore plus de rentrer dans la tête d'Augustin, de connaitre la moindre de ses pensées et d’être au plus près de lui. Sauf à la fin, le dernier chapitre, le moment de la mort du personnage, c’est une narration à la troisième personne, ce qui est beaucoup plus logique. On ne peut pas savoir ce qu'il s'est passé dans la tête du soldat à ce moment là… Cette fin m'a fait penser au poème de Arthur Rimbaud, Le dormeur du val, qui se prête à toutes les guerres, malheureusement. J'aime d'ailleurs écouter Serge Reggiani lire ce poème, il me met à chaque fois des frissons…
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. J’ai coïncidé sa lecture avec la période du 11 novembre justement, pour rendre un hommage à tous ses soldats morts pendant cette guerre. J’ai déjà lu d'autres livres, plus ou moins romancés, sur la guerre et sur ses héros qui sont trop dans l'ombre. Et pourtant, je continue et continuerai à en lire, c’est pour moi très important, car les années passent, cela fait maintenant plus d'un siècle, il faut absolument que le devoir de mémoire persiste, que ces soldats ne soient pas morts pour rien. Il ne reste plus personne pour nous raconter ces années là, c’est donc très important que les historiens et autres écrivains continuent de nous raconter à nous, à nos enfants, les événements qui font l'Histoire. Et c’est donc pour cela et pour la beauté de ce livre, que je vous recommande vivement sa lecture. Pour ne pas oublier Augustin et tous ses camarades, qui n'ont pas entendu le clairon retentir ce 11 novembre 1918 à 11 heures.
J'ai beaucoup aimé le style de Alexandre Duyck. Il y a très peu voir pas, de dialogues, car ce sont surtout des pensées, et pourtant ça se lit très bien. Pas de lourdeurs, pas de moments longs, le rythme est donné par les chapitres qui représentent les différents moments avec l'Armistice. J’ai lu ce livre presque d'une traite, tellement j'ai été emportée par les mots de l'auteur, tellement j'avais envie de rester le plus longtemps possible avec Augustin. Je garderai vraiment un très bon souvenir de ce roman. Je découvre Alexandre Duyck et je suis très satisfaite, je vais continuer à le suivre. J'ai vu dans sa biographie qu'il avait écrit un roman sur le burn-out, L'effondrement, sujet qui m’intéresse particulièrement car j’ai connu la situation décrite dans le résumé. Il est paru également aux éditions JC Lattès, je le note sur ma wishlist pour un achat futur. S'il met autant de sensibilité dans cette histoire qu'il en a mis dans l'histoire d'Augustin, ce doit être à nouveau un roman fort. Il est journaliste et grand reporter et ce côté se ressent beaucoup, j'ai eu la sensation de regarder un magazine à la télé pendant ma lecture de ce roman. D'ailleurs, la vie d'Augustin ferait un très bon reportage visuel.
Augustin
Un 17 août, il n’est pas encore l’heure de parler de LA rentrée littéraire, et il n’est jamais trop tôt pour parler d’un livre qu’on a adoré
On m’a beaucoup vendu la seconde guerre mondiale, j’en ai mangé en primaire, au collège, au lycée, dans beaucoup de mes lectures, parfois celles que j’ai choisies, parfois celles qui m’ont choisies, bien malgré moi, comme le ghetto intérieur, dont je n’ai pas forcément gouté la lecture à sa juste valeur sur le moment et qui présente une telle caudalie que j’en ai compris la grandeur à retardement
Je peux dire qu’Augustin m’a choisie, il m’a tourné autour avec son histoire de poilu de la
Première guerre mondiale, la moins intéressante, abhorrée par Tolkien, Salinger, négligée par mes profs d’histoire au profit de la « grande » seconde guerre mondiale
Augustin n’est pas un héros résistant, lettré et bien né, il m’a plongé le nez dans la fange et l’horreur de cette folie meurtrière qui a duré 4 ans, fumant des cibiches, mangeant de la viande de singe et buvant jusqu’à la lie la piquette de l’absurdité
Il m’a livré toute l’humanité d’un petit berger, tout ce qui fait qu’une vie vaut la peine d’être contée et comptée juste, j’y retrouve en cela un désir commun à Philippe Jaenada
J’ai aimé Augustin, j’ai espéré avec lui, j’ai désiré l’Argentine, j’ai voulu qu’il m’apprenne comment reconnaître les bêtes, comment il faut aimer les autres aussi, même si les autres vous méprisent
Dans une langue moderne sans être anachronique, dans un discours de l’intérieur, magnifique de justesse, Alexandre Duyck m’a violemment projetée dans un livre que je n’ai ensuite pas lâché
Il y a des journalistes dont on dit qu’ils sont aussi auteurs, Alexandre fait plutôt partie des auteurs qui sont aussi journalistes
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Il fait froid, très froid, en ce matin de novembre 1918, près de Vrigne-Meuse.
Le soldat de première classe Augustin Trébuchon pense à la guerre, ce carnage qui a tué tant de ses camarades. Il évoque les corps déchiquetés par les obus, les cadavres qui pourissent, les poux et les rats dans les tranchées, la puanteur qui s'infiltre partout.
Il pense à sa vie de civil, lui, le berger presque illettré de Lozère, à la vie si rude. Il pense à sa région, si différente de ces plaines ardennaises. Il pense à ses regrets et à ses rêves.
Il est engagé depuis 1561 jours. Mais aujourd'hui, on est le 11 novembre 1918, et il apprend dans la matinée que c'est le dernier. L'armistice a été signé quelques heures plus tôt, et les combats prendront fin à 11h, c'est-à-dire dans quelques minutes à peine. Quelques petites minutes. Quelques minutes de trop.
A l'occasion des commémorations du centenaire de l'armistice, nous avons tous entendu parler d'Augustin Trébuchon. Le dernier soldat français tué, à 10h50, dix minutes avant le cessez-le-feu. Lui, ainsi que les autres tombés le même jour, seront les morts de trop pour les autorités françaises, qui ne voudront pas reconnaître les victimes du jour de l'armistice. Sur la tombe d'Augustin, la date de son décés est le 10 novembre 1918.
Mais c'est bien le 11 qu'il est mort, le dernier des 1 400 000 tués français de cette guerre.
Ce livre lui rend hommage, ainsi qu'aux millions d'autres dont on a oublié le nom.
Augustin Trébuchon est berger. Un berger simple, orphelin à treize ans, peu instruit. Augustin a 40 ans et c’est un poilu, engagé comme tant d’autres dans ce qu’il convient d’appeler la première guerre mondiale. Augustin a survécu à 4 ans de combats. Mais Augustin est mort, le 11 novembre 1918, à quelques minutes de la fin de cette terrible guerre, parce que le haut commandement a décrété que la guerre serait finie à 11h, alors que la paix a été signée avec l’Allemagne à 5h du matin. Augustin est le trente-cinquième et dernier soldat français tué dans les Ardennes le matin du 11 novembre 1918.
Peut-on faire plus absurde ?
Alexandre Duyck nous invite à suivre les dernières heures d’Augustin, dernières heures pendant lesquelles il se souvient de ces quatre années d’enfer mais aussi de sa jeunesse dans son village. Un récit à la première personne, émouvant, dense.
Augustin est un homme qui ne remet pas en question les ordres qu’on lui donne, qui ne se pose pas de questions sur le bien fondé de cette guerre. Il fait, simplement, ce qu’il estime être son devoir de patriote.
S’il n’atteint pas l’intensité des témoignages d’Henri Barbusse dans Le Feu ou de Maurice Genevois dans Ceux de 14, Augustin nous interpelle sur le destin tragique de ceux qui se sont battus avec courage et ténacité et rend un bel hommage à ce dernier soldat mort sur les champs de bataille et, à travers lui, à tous nos poilus.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/12/augustin-dalexandre-duyck.html
Voilà encore un roman où il est préférable de ne pas lire la quatrième de couverture avant de commencer sa lecture.
Nous sommes le 11 novembre 1918, dans les Ardennes. C'est le 1561ème jour de la guerre et l'armistice va être signée à onze heures le onzième jour du onzième mois.
L'auteur reconstitue en la romançant l'histoire d'Augustin Trébuchon, un berger de Lozère de 40 ans devenu agent de liaison. C'est à lui qu'un officier transmet un message écrit qu'il doit remettre en mains propres, au péril de sa vie, à d'autres officiers en traversant le champ de bataille. Un bon berger sait courir, sait observer et flairer les dangers...
Augustin est doté du bon sens des hommes simples, c'est un taiseux qui avait refusé la dispense dont il aurait pu bénéficier par son statut de soutien de famille pour ses frères et sœurs. En août 1914, il est parti la fleur au fusil, persuadé d'être revenu pour les vendanges, fier de rendre Strasbourg à la France et certain de revenir en héros.
Lors de cette dernière journée de guerre, Augustin se souvient des humiliations qu'il a subies dans sa jeunesse, des circonstances qui ont fait qu'il n'a jamais pu apprendre à lire, des circonstances qui ont fait qu'il n'a ni femme ni enfants.
Augustin qui a passé sa vie à obéir, ne peut pas douter du bien fondé de certains ordres en ce dernier jour de guerre...
Ce roman retrace l'histoire d'un poilu courageux au destin tragique, d'un homme simple et très attachant. Un berger qui aimait ses brebis mais souffrait parfois de solitude et rêvait d'un ailleurs qui aurait pu être l'Argentine. Un homme qui a trouvé dans la guerre une routine aussi rassurante que celle qu'il trouvait dans son métier, qui a apprécié de n'avoir aucune décision à prendre, de n'avoir qu'à obéir.
Le récit est très réaliste, il retranscrit bien le quotidien des soldats, le bruit et les odeurs auxquels il est impossible de s'habituer, les copains auxquels il ne faut pas trop s'attacher car ils tombent les uns après les autres, les officiers qui ont souvent moins de considération pour leurs soldats qu’Augustin n'en avait pour ses brebis. Un récit efficace et émouvant.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2018/11/27/36899618.html
On imagine les guerres avec la mort en masse, la mort par milliers. On n’imagine jamais ou difficilement le dernier mort, les derniers morts, qui meurent un peu solitairement, qui meurent à l’écart de la tuerie de masse. C’est pourtant une réalité de la guerre, le dernier mort et même ces derniers morts qui ne sont pas passés loin de la vie. Ces derniers morts qui rendent la victoire plus amère. A ces derniers morts et le temps d’un roman, Alexandre Duyck va rendre leur vie, va rendre leurs rêves vains.
Il va être difficile pour moi de vous parler de ce bouquin, car je ressors de ce livre ni émue, ni bouleversée, ni étonnée, ni en colère, car rien n’est plus bête et n’est plus vrai que les rêves, les traumatismes, les silences d’un homme. Cela ne veut pas dire que j’ai été insensible à ce livre et qu’il est nul, loin de là il est excellent. Mais la guerre déshumanise et déniaise tellement, que j’ai vécu ce livre à cette manière, comme si même l’auteur cherchait à mettre cela en avant, bien avant le reste. Certes, l’émotion n’est pas tout à fait absente, il y quelques petites phrases qui la dévoilent, mais le livre est raconté tellement de manière froide, lucide, historique, que l’émotion passe à travers. On ne s’y attarde pas, et on regarde le reste : l’absurdité des ordres qui tiennent la vie d’un homme, la violence, l’innocence et l’honneur d’un homme, la tuerie, le jugement des hommes entre eux, comme le petit fonctionnaire, l’intellectuel face aux paysans.
Ces derniers points étaient d’ailleurs très bien abordés, et c’était même agréable de les voir aborder, car ils font, tout comme l’éducation anti-allemande, intégralement partis de l’époque et de cette guerre. Certes, il faut peut-être nuancer cette approche catégorique qui met en avant la tuerie de masse des paysans et le mépris social, les deux dépendent des régions et des personnes, et je ne pense pas que l’on puisse affirmer que l’incompréhension entre les hommes est du mépris social, mais cela n’empêche en rien la réalité du propos et ça ne fait que conforter la réalité historique du livre prouvant ainsi le sérieux de l’auteur.
Sur le point historique, j’ai aussi énormément apprécié d’autres points, comme l’inadaptation de l’équipement français dans cette guerre ou encore l’histoire des mentalités qui fut abordée via les soldats et les villageois
Enfin les autres atouts du livre que j’ai apprécié, c’est cette critique des grands hommes de l’époque et des officiers, qui ont des idées fixes stupides comme Floch avec son chiffre 11, ainsi que le fait que l’auteur ne s’attardent pas seulement sur Augustin Trébuchon, mais parle des autres morts, des derniers vivants, des derniers personnages, des derniers combats jusqu’au bout la boucherie, jusqu’au bout tuer.
En résumé et même si l’émotion était absente de cette lecture, je l’ai énormément aimé par le fait qu’elle aborde l’histoire et les mentalités de l’époque. A lire, pour se plonger dans la guerre.
Extraits :
"Un premier avis, rédigé, sur le moment même, a fait décéder Augustin le 13 novembre 1918, suite à ses blessures. Puis un deuxième a raccourci la vie du soldat de trois jours, finalement mort pour la France le 10 novembre 1918, date que l’on a gravée sur la trentaine de tombes, dont la sienne. « Il n’était tout simplement pas possible de mourir pour la France le jour de l’armistice, le jour de la victoire », écrira Charles de Berterèche de Menditte, officier d’infanterie dans ses Souvenirs de la guerre 1914-1918."
"Delalucque retournerait en Normandie, il y serait ouvrier agricole puis clochard, vivant tantôt dans un hangar, tantôt à la rue. On dit que c’est sa compagne qui l’a tué quelques années plus tard à coups de couteau. Personne ne se souviendra qu’il a sonné, le 11 novembre 1918 à 11 heures, sur le dernier champ de bataille français de la Première Guerre mondiale, le clairon annonçant la fin de la Grande Guerre. On l’oublie tellement que ce n’est pas même son clairon qui trône dans les vitrines du musée de l’Armée à paris : c’est celui du soldat Pierre Sellier, originaire de Belfort qui fut chargé, le 7 novembre au soir, de sonner le cessez-le-feu pour permettre aux plénipotentiaires allemands chargés de négocier l’armistice de traverser les lignes françaises à Haudroy dans l’Aisne"
Joli prénom Augustin, qui revient à la mode..cent ans plus tard !
Nombre de nos aïeux s'appelaient Augustin, comme celui là..Trébuchon, dont l'étymologie fait référence à une pratique des campagnes..la pose des pièges..c'est presque le rôle de cet homme, originaire des environs de Mende en Lozère, où il ne s'était rendu que pour la conscription..
Ah je ne vous l'ai pas dit, Augustin Trébuchon, dont ce livre nous conte l'histoire était né fin du XIX siècle et est décédé le … 11 Novembre 1918..
Il avait vécu quarante ans dans ses petites montagnes, berger, libre comme l'air.. enfin , Libre comme on pouvait l’être il y a un siècle : « obéir, croire et combattre » » tenir bon, trimer jour et nuit pour nourrir la famille, ne jamais se plaindre, lui non plus, ne jamais s'amuser, bien peu rire »
Un vie dure, très rude, trop rude, sans aucune place au doute « ça servirait à quoi de douter ? Ça rendrait fou ! ». D'ailleurs ça rend fou de se demander si tirer sur un ennemi qui ne vous voit pas.. est un fait d'armes !! Ça rend fou de réfléchir à la vie d'horreur.. dans les tranchées.
Comment résister ??compter les jours, les heures, savoir exactement quelle heure il est, quel jour nous sommes, quel mois, se souvenir de sa vie d'avant, et savourer chaque moment calme là, dans ces tranchées des Ardennes..Se faire des copains, même si, très vite, on les voit disparaître, la minute qui suit le dernier sourire, le dernier clin d’œil, comme Pons.. avec qui il rêvait d'Argentine, lui qui n’avait pas voyagé plus loin que le chef lieu de canton !!
Toute cette armée, dirigée par des généraux qui se moquent bien d'eux, de leur vie, par des lieutenants hautains et arrogants, comme celui qu'il détestait et qui le lui rendait bien. ; qui ressemblait tant aux instituteurs qui leur faisait rendre gorge s’ils parlaient patois.. la bas chez lui,
ce lieutenant qui va l'envoyer à la mort, lui l'estafette, pour un dernier message invitant son pote à la soupe à 11h30.. Il en mourra Augustin, à 10.50, dix minutes avant la signature de l'armistice ; ce 11 novembre 1918, de la balle allemande bien sur, mais de la suffisance humaine, d'un galon ou deux !
Magnifique livre, touchant et percutant à la fois ! Une ode à la richesse de l'homme, aussi petit soit il, ou aussi petit qu'il soit considéré par les élites ! Un cri face à la bêtise et à la petitesse en fait, une plaidoirie contre la guerre bien sûr, mais également contre la haine inutile sauf à faire tuer d'autres hommes.
merci à NG pour la découverte de ce livre
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