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Il ne faut jamais oublier qu'à ses tous débuts, la photographie expérimente ses premiers procédés techniques.en prenant les fleurs comme sujets : c'est ce que fait l'Anglais Fox Talbot, dès 1839, avec ses « dessins photographiques » de végétaux. Et la modernité photographique, née dans les années 1920, offre aux Allemands Karl Blossfeld ou Albert Renger-Patzsch, aux Américains Edward Weston ou Immogen Cunningham, l'occasion, par leurs images florales, d'expérimenter l'importance de la forme photographique.
Les fleurs sont encore, dans la photographie contemporaine, l'occasion rêvée de poursuivre ce rêve d'enchantement, par la forme et la matière végétale, d'un accomplissement artisanal ou symbolique de la photographie. Leur séduction graphique, leurs connotations sensuelles, voire sexuelles, leur force allégorique, se combinent en autant de vocabulaires visuels ou d'épanchements secrets, explorés avec désir et gourmandise par les photographes les plus inattendus. Le Japonais Araki en une série jamais montrée en Europe, y trouve l'écho trouble d'Eros et de Thanatos, le Hollandais Paul den Hollander, les grâces subtiles et colorées d'un jardin fleuri en constante métamorphose.
L'Américain Lee Friedlander, lui, se détourne, en les choisissant comme sujets, d'une position documentaire souvent urbaine distanciée, pour reformuler, en les photographiant, les éléments d'un nouveau paysage japonais adouci. Quant au Français Denis Brihat, ses jardins photographiques déclinent, en rouge et noir follement élégants, son amour absolu d'une nature potagère. Et les peintres ?
Voici Gérard Traquandi abandonnant les positions de l'abstraction pour, se saisissant de la chambre grand format, en un retour gourmand vers le réalisme, s'enchanter aux explorations délétères de la matière florale, en une série totalement inédite de bouquets pourrissants.
Cette exposition d'été le dit bien fort, et avec des fleurs : la photographie s'invente mille bonnes raisons, depuis des lustres, pour continuer à célébrer le règne végétal.
Le Pavillon populaire, construit en 1891 à Montpellier, a abrité le Cercle des étudiants de l'université puis les associations de la ville avant de devenir à la fin des années 1990 un lieu d'exposition consacré à l'art photographique.
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