"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Premier prix : Vous détestez la grisaille et la nuit qui tombe à 16 h 30 ? Vivez une année sans mois de novembre !
Lorsqu'elle tombe sur un petit flyer vantant les mérites d'une tombola locale en ces termes, Camille comprend d'emblée qu'elle va jouer, et gagner. Durant ce mois de non-novembre, un étrange temps suspendu l'invite à emprunter quelques chemins inexplorés, tandis qu'alentour, le monde continue son petit manège habituel. En acceptant de perdre ses repères, d'abord un peu hésitante, puis entièrement chamboulée, Camille se laissera porter par l'étrangeté dont jaillira peu à peu la compréhension de sa propre histoire.
« Je suis prise d'un vertige étourdissant. L'espace d'un instant, je me demande si je vais réussir à tenir debout, ou m'écrouler sur place. Mais je tiens bon - je veux ce lot. Je parviens jusqu'à l'homme, en ayant la sensation d'avoir gravi un volcan dont l'éruption est proche. Je transpire, je bouillonne, j'ai presque l'odeur du soufre dans les narines. Il me tend une enveloppe terriblement insignifiante d'un air joyeux, en me faisant la bise. J'ai l'impression d'être dans un mauvais jeu télévisé. Au passage, il me souffle six mots à l'oreille. - Vous seule devez ouvrir ce pli. Bien que murmurée, cette phrase est dite avec autorité. Le genre d'autorité qui ne se discute pas, tant elle semble évidente, et respectable. »
Camille vit seule. Elle a quitté la ville, son métier de sage-femme, ses parents. Elle a eu besoin de souffler, de s’isoler, de se réinventer une vie. Au village, elle croise Maxime de temps en temps, le serveur de la brasserie. Elle est plutôt marrant, même si son humour est un peu lourd. Mais ça lui convient à Camille. Il est discret et ne cherche pas à comprendre ce qu’elle fait là… Un jour, Camille est attirée par le premier prix d’une tombola : « Vous détestez la grisaille et la nuit qui tombe à 16 h 30 ? Vivez une année sans mois de novembre ! ». C’est pour elle, juste pour elle, elle en est persuadée. Que signifie ce mois de l’année ? Pourquoi a-t-elle tout quitté ? Un mystère que Camille cache bien profondément…
Quel plaisir de retrouver l’écriture de Gaëlle Pingault… Après ses Cœurs imparfaits, j’attendais… Et je ne suis pas déçue !
Camille est une jeune femme à qui on s’attache très vite. On la sent si fragile, si perdue, le cœur à vif. Mais on voit aussi qu’elle se bat, avec force et courage.
Alors, pour la soutenir, on se laisse embarquer avec elle dans une histoire remplie de fantaisie et de magie. On accepte de voir apparaître et disparaître des personnages. On approuve le côté étrange de petits mots matinaux. On accueille avec tendresse les larmes, les questions et les secrets de Camille…
Il m’est impossible de dévoiler plus de cette histoire. Parce que ce serait ôter le plaisir de la découverte, effacer la chaleur de retrouvailles, abîmer la sincérité des aveux…
Je vous laisse plonger avec douceur dans le monde poétique, tendre et humain de Gaëlle Pingault. Partir à la rencontre de Camille, cette jeune femme blessée qui mérite notre attention, notre écoute et notre émotion.
« ALLEZ viens, Camille, on fait la ploum, comme quand tu étais petite, tu te souviens ? Il est temps que je te raconte.
Ploum, ploum. Ce se-ra toi qui t’a-pai-se-ras. »
Camille est venue se terrer dans un village où il ne se passe jamais rien. Graphiste célibataire en télétravail, elle aime sa solitude. Sa seule activité sociale semble être de prendre de temps en temps un verre au café du village, lieu où se rejoignent tous ceux qui ont envie de parler sous les yeux du barman, le beau Maxime. Un jour, elle s’intéresse pourtant à une bien étrange tombola. Un homme très attirant lui propose un billet dont le premier prix serait une année sans mois de novembre.
Diantre, qu’est-ce que ce prix aussi déraisonnable que surprenant ? Qui peut y croire ? Camille se prend au jeu et achète ce billet dont elle sait au fond d’elle qu’il sera gagnant. Car elle n’a aucun doute, un prix aussi loufoque ne peut que lui être destiné.
Face à l’incrédulité de Maxime, le séduisant et jeune barman aux yeux bleus, elle ne dit rien lorsqu’elle gagne ce lot. Elle l’emporte et refuse de découvrir ce qu’il y a dans la mystérieuse enveloppe remise à la gagnante. Le mois de novembre est bientôt là, il faudra bien se décider à l’ouvrir. C’est ce qu’elle fait, en espérant comprendre ce qui l’attend.
À partir de ce moment-là, le fantastique et l’irréel entrent dans la vie de Camille, pas toujours pour son plus grand bonheur, mais certainement pour l’accompagner vers le chemin d’une sérénité et d’une paix qui sont aujourd’hui loin d’être son quotidien. Le chemin n’est pas aussi doré et magique qu’il y paraît, l’effort que Camille doit faire pour se retrouver et verbaliser ce passé qu’elle a profondément enfoui en elle s’avère bien douloureux.
Les chapitres alternent entre le présent de Camille, qui lui même oscille entre réel et fantastique, ses lettres à une certaine Émilie, et des messages d’on ne sait qui vers Camille. Peu à peu se tisse une histoire, un passé que l’on démêle en même temps qu’elle pour mieux entendre sa douleur, ses doutes, ses hésitations, sa culpabilité. Le lot qu’elle a gagné lui permet chaque jour un peu plus de se libérer de ses traumatismes et de ses peurs, parfois dans la douleur, mais aussi dans la gaîté et la légèreté, à travers la rencontre avec les trois I, avec Maxime, avec elle-même enfin.
Un roman où la bienveillance et le travail sur soi ont toute leur place.
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/11/12/attends-moi-le-monde-gaelle-pingault/
Étonnant à nouveau ce livre en mode narration par le personnage principal, Camille, mêlant fiction et roman traditionnel et invitant une fois de plus le lecteur à glisser dans un monde où la part d'irréel est importante avec une étude très poussée de ce personnage dont nous n'aurons toutes les clés dans les toutes dernières pages du livre.
Qui n'a pas rêvé de gommer purement et simplement tel ou tel mois, telle ou telle période ou telle ou telle date parce que rappelant un mauvais souvenir, de mauvaises conditions climatiques, des moments de doutes ou d'échec... Le lecteur ne peut qu'adhérer à ce constat, par contre il n'aura pas forcément l'occasion de rencontrer le personnage ou la personne qui peut aller dans son sens....
Ainsi Camille, jeune trentenaire, vit depuis quelques années dans un village proche d'un lac, lieu, on le devine qui est d'adoption loin de la première partie de sa vie professionnelle et personnelle... C'est un peu en ermite qu'elle s'y est installée en tant que graphiste indépendante à l'heure où commence ce récit... elle commence à peine à fréquenter le Festival local et le café du coin et c'est une jeune fille que l'on qualifierait plutôt d'être à part dont le calcul mental est le T.O.C, c'est en l'occasion de ce Festival qu'elle rencontre un personnage énigmatique et hors du commun qui lui propose de participer à une tombola... et dont elle va gagner le premier prix avec en lot .... la disparition du calendrier du mois qu'elle craint... celui de Novembre..
A partir de cet instant c'est par bribes que le lecteur découvre l'histoire personnelle de Camille avec des parts du récit qui évolue entre son passé, au détail d'une correspondance fragmentée avec une curieuse Emilie, entre passion pour la danse, des souvenirs de son passage professionnel de sage-femme et son quotidien... Tout cela en chapîtres courts, parfois énigmatiques, avec en fond les échanges entre Maxime, le serveur du café principal, un trio de danseuses et danseurs, l'homme de la Tombola et ses réflexions introspectives. Les pièces du puzzle se connectent au fur et à mesure comme augmentent la sympathie voire l'attachement du lecteur à Camille. Écriture fluide, allant à l'essentiel, belle et sensible.... un beau récit à découvrir vraiment.
Gaëlle Pingault est une auteure que je suis depuis la parution de son premier roman "Il n’y a pas Internet au paradis". Je l’avais adoré. J’ai, de la même façon, beaucoup aimé son deuxième "Les cœurs imparfaits". Je viens de terminer le troisième "Attends-moi le monde" et je peux affirmer qu’il ne fera pas exception. Je l’ai trouvé très fort.
Cette fois, il s’agit de l’histoire de Camille et quelle histoire ! Cette dernière gagne le premier prix d’une tombola, au libellé plutôt étonnant : "Vous détestez la grisaille et la nuit qui tombe à 16h30 ? Vivez une année sans mois de novembre." Etonnant, étonnant, c’est le moins qu’on puisse dire. Difficile de vous inciter à lire ce roman que, pour ma part, j’ai beaucoup aimé. Difficile, sinon à vous dire de le faire les yeux fermés. Carv vous en dire trop serait dévoiler l’essentiel et en minimiser l’intérêt. C’est un récit dans lequel je me suis laissée porter, devenir l’héroïne, vivre son quotidien. J’ai accepté de croire aux situations les plus fantasques, accepté de porter une …"robe d’été…Longue et ample, larges bretelles croisées dans le dos. Colorée, vaporeuse." J’ai accepté que "Les gens que [je] croise, engoncés dans leurs manteaux d’hiver, [me] regardent avec des yeux ahuris." La scène, il ne faut pas l’oublier, se passe au mois de novembre. Tout, j’ai tout accepté, les personnages qui apparaissent et disparaissent, ceux qui perdent la mémoire et dont les yeux changent de couleur et aussi accepté de voir se mélanger le présent et le passé, le réel et le rêve.
Et puis surtout j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Gaëlle Pingault, sa simplicité, sa fluidité. J’ai retrouvé l’immense empathie qu’elle éprouve pour ses personnages et qu’elle sait si bien transmettre. J’ai aimé la construction entre présent et passé, parsemée de lettres à une Emilie – jolie naturellement – j’ai aimé le rythme qui monte en puissance. L’humain a de nouveau toute sa place dans cet ouvrage, l’humain avec ses joies et ses souffrances, les difficultés à vivre certains traumatismes et, sans que jamais il ne soit question de leçon, des clés pour en sortir. Rien n’est larmoyant, les mots justes sont posés, les réflexions amorcées. Ce roman est effectivement, un "espace du déploiement de l’intériorité dans la fiction", une "conversation intime entre un texte et son lecteur", deux des points de ce que j’appellerais la bible de la collection Aparté de la maison d’édition.
Roman véritablement émouvant, bouleversant, en un mot : magnifique.
https://memo-emoi.fr
Il y a les romans "coup de poing", "grosse claque", "choc"... et puis il y a ceux qui se pointent en douce, sans trop faire de bruit, un peu gênés de la jouer soft, le rose aux joues. Une forme d'élégance dans ce monde de gros sabots, celle de vouloir encore croire aux histoires qui embellissent la vie, sans mièvrerie. Quel plus beau cadeau face à une réalité qui porte son lot de gris et de noir, surtout ces derniers mois ? C'est en tout cas comme cela que j'ai reçu cette histoire un peu en avance sur le commun des mortels, au moment où l'été ressemblait à l'automne et que cette idée de vivre une année sans mois de novembre tombait vraiment à pic.
"Vivez une année sans mois de novembre" c'est le premier lot d'une drôle de tombola à laquelle participe Camille, sceptique mais amusée par l'argumentaire du vendeur de tickets. Installée depuis peu dans ce village, la jeune femme sort rarement de sa maison qui s'apparente à un ermitage, à peine quelques verres au café du centre et autant de mots échangés avec le serveur, Maxime qui ne serait pas contre une conversation plus poussée. Une fois nantie de ce lot, Camille ne se doute pas encore à quel point ce non-mois de novembre va la conduire, à grand renfort de phénomènes qui flirtent avec le surnaturel, dans des contrées inexplorées, à la rencontre d'elle-même. Qu'est-ce qui a bien pu la pousser à tout plaquer pour s'installer dans ce lieu dépeuplé et troquer son métier de sage-femme pour celui de graphiste free-lance ? Que fuit-elle dans sa solitude ?
Ne comptez pas sur Gaëlle Pingault pour mettre les pieds dans le plat et vous plomber avec des atermoiements larmoyants. Sa plume lorgne plutôt du côté de la magie et de la poésie, on la sait adepte des thérapies par le beau et par les arts. Elle trouve ici le décalage qui permet de rendre léger sans jamais nier la réalité de la douleur enfouie. Il sera question de réveil, d'éclosion, de renaître au monde. La construction subtile suit en parallèle deux chronologies dont l'une à rebours, comme si pour avancer Camille devait replonger au plus profond de son histoire. Les deux tempos se rejoignent dans une chorégraphie qui libère le corps autant que l'esprit. Camille danse et le lecteur, lui, se sent prêt à s'envoler. Et à quitter - difficilement - ce cocon tissé d'un imaginaire qui réchauffe et illumine tous les mois de l'année.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Au café du village, le jour du marché, Camille vient saluer Maxime, le serveur. Mais un curieux personnage vient lui proposer de participer à une tombola. Le charisme de l’homme et l’originalité du premier prix séduisent la jeune femme. Comment résister à l’espoir de vivre une année sans mois de novembre, ce triste mois qui annonce l’hiver ? Mais bien vite, dans le récit de Camille, le mois maudit se démasque et semble bien cacher des souvenirs enfouis.
La proclamation des résultats et l’annonce de l’attribution du premier prix va transformer sa vie en une parenthèse étrange, où apparitions et messages cryptés se succèdent pour tracer un chemin de rédemption, au son de ritournelles enfantines. C’est au fil des chapitres que l’on découvrira le parcours de la jeune femme et le secret qui la mine depuis si longtemps.
Avec une écriture qui se joue des mots et une poésie certaine, Gaëlle Pingault explore les méandres d’une vie lestée d’un secret d’autant plus délétère qu’il est enfoui profondément au coeur de la mémoire inconsciente, se manifestant par des symptômes qui restent incompréhensibles. Le roman reste à la lisière du fantastique et du feel-good, et l’écriture guide le lecteur dans une ambiance onirique très agréable.
Merci à Gaëlle Pingault pour m’avoir proposé cette lecture en avant-première.
Je retrouve, en avant-première, avec plaisir et curiosité Gaëlle Pingault que j’avais découverte avec son roman précédent « Les cœurs imparfaits » ; j’étais restée à la marge, ressentant peu d’émotions à l’égard des personnages, de leurs joies et de leurs peines. J’avais envie de savoir si ce serait différent cette fois.
Nous faisons connaissance de Camille, la trentaine, graphiste, vivant seule dans un petit village isolé. Elle a choisi la solitude après avoir démissionné de son poste de sage-femme à l’hôpital et renoncé à un amour qu’elle était la seule à ressentir. Un jour d’août, sur le marché, on lui donne un prospectus pour participer à une tombola dont le premier prix est de vivre une année sans mois de novembre. Elle qui craint et déteste ce mois joue et gagne. Elle rentre alors dans une autre dimension, comme suspendue, où le traumatisme s’étant déroulé un 11 novembre et qu’elle occulte inconsciemment depuis sa naissance remonte à sa conscience, où tout ce qu’elle s’empêchait de vivre devient possible, où ce poids qu’elle porte depuis son enfance disparaît.
Le titre du roman est celui d’une chanson de Ben Mazué, chanteur et auteur-compositeur dont certaines paroles sont reprises dans le livre. C’est un titre résolument optimiste qui ouvre toutes les portes comme l’est le roman qui incite à affronter les traumatismes, les non-dits afin de vivre sa vie pleinement. La construction du roman alterne le présent et le passé que l’on remonte jusqu’à la naissance de Camille. Au fur et à mesure se dévoilent les raisons de sa haine du mois de novembre et de son besoin de solitude.
J’aurais pu aimer ce roman car le style est vivant, alerte, empreint d’humour et d’ironie ; je me suis surprise à sourire plusieurs fois. Gaëlle Pingault se renouvelle totalement par rapport à son dernier roman ce qui est un atout et une qualité indéniables. Mais l’irrationnel de cette loterie improbable, le messager de l’au-delà, les manifestations étranges ont à nouveau tenu mes émotions à distance. Je n’ai pas été happée par le roman, certainement à cause de mon côté trop rationnel.
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