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Un destin exceptionnel pour une femme hors du commun qui perturba en son temps les conceptions traditionnelles qui attribuaient aux seuls mâles l'exercice et la transmission du pouvoir, le choix du partenaire amoureux et le patronage artistique et littéraire. C'est à treize ans que la jeune héritière du riche duché d'Aquitaine épouse le futur roi de France, Louis VII, dont elle et sa soeur Pétronille mettent la cour en émoi par leur exubérance. Tout sépare les époux : on le dit homme du Nord, austère et dévot, elle, une Méridionale enjouée et frivole. Dix ans plus tard, n'ayant encore donné naissance à aucun rejeton mâle, elle accompagne son mari en Terre Sainte lors de la deuxième croisade. À Antioche, elle retrouve son oncle Raymond avec lequel elle aurait eu une liaison, et annonce au roi son intention de faire annuler leur mariage pour cause de consanguinité. La rupture est consommée. À peine libre, cette encore fort belle femme de trente ans jette son dévolu sur Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre et son cadet d'une dizaine d'années, qui l'épouse. Elle lui donnera trois filles et cinq fils, au grand désespoir de Louis VII !
Elle soutient pourtant contre son mari la révolte de trois de ses fils qui, impatients de recevoir de leur père la réalité tangible du pouvoir promis, s'allient au roi de France. Cette trahison lui vaudra d'être retenue captive pendant 15 ans. Redevenue libre, elle assume le gouvernement du royaume jusqu'au retour de croisade du nouveau roi d'Angleterre, son fils Richard Coeur de Lion. Enfin retirée à l'abbaye de Fontevraud, cette femme infatigable tente à la fin de sa vie de réconcilier Plantagenêts et Capétiens en mariant sa petite-fille Blanche (la future Blanche de Castille) au futur Louis VIII. À sa mort en 1204, l'empire Plantagenêt s'écroule, scellant le triomphe de la monarchie capétienne.
Très tôt, Aliénor a fait l'objet d'une « légende noire » qui voit en elle la séductrice impénitente à laquelle les chroniqueurs ont prêté mille liaisons coupables. Femme de caractère, pétrie de cette culture occitane volontiers libertine qui a donné naissance aux poèmes licencieux de son propre aïeul, Guillaume IX, elle est assurément une reine « courtoise », en situation de rupture par rapport au modèle féminin admis.
Replongeant dans les sources avec sa rigueur et son intelligence du passé coutumières, Jean Flori s'interroge cependant sur la réalité de ses frasques et sur son rôle - jadis magnifié, aujourd'hui contesté avec autant d'excès - dans la formulation et la diffusion de ce qu'on nomme, peut-être à tort, « l'amour courtois ». Fut-elle réellement cette protectrice des troubadours, artistes et romanciers, ou une simple source d'inspiration ? L'auteur insiste également sur les liens qu'elle entretenait avec Chrétien de Troyes, sur ce formidable essor des romans chevaleresques dans le milieu Plantagenêt et sur les rapports idéologiques entre la cour historique d'Henri II et celle mythique d'Arthur.
Un livre-somme, aussi pénétrant et riche d'hypothèses nouvelles que son précédent Richard Coeur de Lion paru dans cette même collection, au moment où on s'apprête à célébrer le huitième centenaire de la mort d'Aliénor par de nombreuses manifestations en France comme en Angleterre.
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