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Entrer un matin dans la chambre de son fils, un adolescent de dix-sept ans apparemment en parfaite santé, et s'apercevoir qu'il est mort dans la nuit, c'est ce qui arrive au narrateur de ce livre. Comment survivre à cet événement qui équivaut à la mort, semble-t-il, du temps lui-même ?
En vingt-cinq chapitres brefs, ce récit poignant d'inspiration ouvertement autobiographique, tenant soigneusement à distance tout pathos, raconte un itinéraire de survie. Les étapes du deuil se mêlent aux souvenirs récents de la vie commune du père et du fils. Après la séparation de ses parents, Fabius, adolescent réputé « difficile », a d'abord habité avec sa mère. Au moment de sa mort, il était revenu vivre chez son père depuis peu de temps.
On ne résume pas un tel livre : dans ces pages, ce ne sont pas les faits racontés qui importent mais l'intensité humaine dont ils sont chargés.
À travers quelques personnages qui entourent le narrateur, avec lesquels celui-ci noue ou renoue des liens (son ex-épouse, la petite amie de son fils, un ami...), Wolfgang Hermann parvient à rendre sensible au lecteur la fragilité de la vie, sans cesse comparée à une eau qui menace de se figer ou de se perdre - à moins qu'on ne trouve la force de la canaliser pour irriguer d'autres vies.
L’indicible à pas feutrés.
Le lecteur entre par effraction dans ce livre pour ceux qui n’ont pas vécu cette perte, cet état d’être un parent orphelin de son enfant.
Pour ceux qui connaissent ce drame je pense que le texte doit résonner et les délivrer, car la justesse des différentes phases, les mots employés, les images suscitées sont d’une justesse lumineuse.
Le narrateur est le papa de Fabius 17 ans, la veille au soir il avait de la fièvre due à la grippe.
Au matin, le père ouvre les yeux sur un jour nouveau, et immédiatement l’anormalité du silence de la maison ressentie au plus profond de sa chair lui fait pressentir le drame.
En entrant dans la chambre de son fiston, il sait, de façon irrémédiable qu’il ne respire plus.
Il appelle les secours et pour ce père il y a dissociation, son corps lâche, l’esprit se vide et est englouti dans une lumière noire et son cœur tambourine à contre-temps, à contre-cœur.
Il est entouré par Christian, puis Anna la maman de Fabius dont il est séparé depuis 16 ans.
Mais il est seul, comme jamais et pour toujours.
« C’est impossible, ce n’est pas vrai, ma vie gisait là devant moi, les yeux éteints, ma vie, mon fils. »
La météo est de la partie, la neige recouvre tout de sa lumière blanche et étouffe toutes velléités de vie sans le sortir de cette enveloppe noire.
Ce papa-narrateur n’a pas d’autre nom que ce statut, cela renforce à la fois cette descente aux enfers et permet à chaque lecteur de ressentir au plus profond de lui-même ces émotions dévastatrices, ce vide abyssal.
Il y a une telle précision dans la description de ce séisme de souffrance que tout affleure dans la chair du lecteur. Qui y a-t-il de plus horrible que la perte d’un enfant ?
Sur le chemin du calvaire il y a le refus, puis les mots qui disent par fragments l’incompréhension, la colère, la révolte et surtout l’impuissance.
Les phrases sont fortes et nous transpercent jusqu’au vertige.
Il y a dans ce texte une réelle poésie, une lumière : celle de ceux qui savent.
Je ne sais comment dire que cette douleur est aussi très lumineuse, comme le soleil se reflétant sur la neige.
La beauté du style m’a fait penser à la tâche du lissier qui met en laine une œuvre en alliant plusieurs techniques de combinaisons de fibres et de couleurs. Le résultat offrant une tapisserie de Bayeux ou d’Aubusson.
©Chantal Lafon
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