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Adia, 12 ans, vient d'être acceptée à l'Académie des chamans comme apprentie cuisinière. Elle va enfin pouvoir quitter les Marais et trouver quelqu'un qui l'aidera à résoudre son problème ! Car depuis qu'elle est petite, Adia est soupçonnée d'être un ogbanje, un enfant porte-malheur. Et quel meilleur endroit pour se débarrasser de cette malédiction qu'une école remplie de chamans ?
Mais à l'Académie, les bâtiments tombent en morceaux et les élèves ont tous l'air d'être des imposteurs... Pire encore : Adia découvre qu'une menace plane sur le royaume tout entier !
Comme personne ne croira jamais une apprentie cuisinière, Adia va devoir se mêler des affaires... des dieux! Et le temps presse, car la menace se rapproche de l'Académie.
Adia porterait la poisse, elle vit donc comme une victoire le fait d’être prise comme apprenti cuisinière à l’académie des chamans. Elle va pouvoir fuir sa famille et chercher un remède à sa prétendue poisse mais tout ne va pas se dérouler comme prévu. Si l’histoire commence de manière assez banale avec une jeune fille exploitée et mal-aimée, on dérive rapidement vers quelque chose de plus original et surtout abordant des sujets importants et quasi inexistants en littérature jeunesse. J’ai adoré le personnage d’Adia et la galerie de personnages qu’elle côtoie. L’histoire est rythmée et addictive ce qui permet de garder les lecteurs et de leur passer les messages distillés dans le texte. Ces messages et dénonciations sont amenés de manière intelligente c’est-à-dire avec finesse, clarté et subtilité. Pas besoin ici d’une virulence et d’un rabâchage non stop qui nuirait au récit. Tout est amené naturellement, sans forcer le trait ni prendre le pas sur l’action ce qui rend les choses d’autant plus réelles et puissantes. J’ai adoré la façon dont est amené la colonisation et son pendant l’appropriation culturelle. Il y a tous les aspects de la conviction d’être le « sauveur », à la manipulation en passant par le détournement de la culture « primitive » et le colorisme. Le système de manipulation est perspicace. Les missionnaires s’occupent en priorité des pauvres, les convertissent pour leur bien et ils deviennent plus fervent que les colons et deviennent leur meilleurs messagers. Le mécanisme de l’appropriation culturelle est aussi très bien mis en avant. Au départ on s’occupe du travail de sape de la culture indigène, on l’a proscrit chez les personnes colonisées pour mieux en faire une chose à la mode entre colons. L’outil de soumission qui rend « inoffensif » n’est pas oublié. Ici pas d’alcool pour rendre dépendant et inoffensifs le peuple colonisé mais une drogue issue d’une de leur propre plante.
J’ai plus axé mon avis sur les aspects qui ont un écho avec notre monde que sur l’aventure en temps que telle car il me parait important surtout en littérature jeunesse de mettre en avant les thèmes secondaires qui permettent aux jeunes de se construire une vision du monde mais l’action est tout aussi réussie. N’hésitez pas à découvrir ce joli roman jeunesse entre action, humour et mise en évidence de la complexité de la colonisation.
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