"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est l'histoire vraie de Camille, fille de. Pas d'un acteur ni d'un chanteur, mais du proxénète notoire Dodo la Saumure. Depuis l'enfance, Camille compose avec l'absence de ce père occupé par ses maisons closes et ses allers-retours en prison. Camille grandit dans la honte et les secrets de famille avec une seule question : comment devenir une femme dans l'ombre d'un père qui en exploite tant ?
L'expérience de Camille est universelle, car elle illustre la place et le combat de toutes ces femmes aux prises avec des hommes qui les méprisent, les dupent, les utilisent pour dominer et triompher.
C'est aussi l'histoire d'un écrivain, Julien Dufresne-Lamy, qui pour raconter son amie Camille reprend la narration depuis l'origine. Il interroge l'écriture et les souvenirs enfouis de son héroïne en se demandant sans cesse : comment écrire le vrai, la vie d'une autre, l'amitié sans trahir la littérature ?
Un récit littéraire sans compromis, construit comme une captivante enquête sur la famille et le secret, qui parle autant de proxénétisme que d'amour.
907 fois ouvrir et refermer ce livre. Chercher une accroche. Une approche. Ne pas trouver les mots...
Vous dire, pour commencer, les réticences qui étaient miennes. La fille de Dodo la Saumure. Un homme dont la gueule a fait la Une des faits divers longtemps. Et puis, parce que c'est humain, ou parce que je suis une femme, et que sais-je encore, à cet homme on a souhaité le pire. En silence mais quand même. Que quelqu'un bafoue son corps. le marchande. le saccage. Que Dodo s'endorme sans que plus rien ne lui appartienne.
Donc voilà qui est Camille.
La fille d'un proxénète.
Son père. Sa peur. Son pire.
Un homme dont toute la vie tourne autour des femmes. de la mère à la prostituée. Des légitimes à ses enfants, trois filles, pas une de moins. Un homme aux valeurs antediluviennes. Un homme a putes. Un homme qui les domine, s'en gargarise. Et n'aura vécu toute sa vie que grâce à elles. Se croire le soleil. Et se découvrir un trou noir...
J'imagine les craintes de Julien Dufresne-Lamy devant sa page blanche. Raconter oui. Mais pas raccoler. Dire Camille. Ne pas la prostituer.
Ça tient à rien. A un fil. Funambule, tout le long du livre. Ne pas en faire trop, éviter le sordide, le sang, la sueur et les larmes des maisons de passe. Parce qu'on sait tout ça.
Et il tient bon, Julien !
Pas une fois, je n'ai à lui reprocher de vendre son amie en pâture. de la jeter aux loups pour faire des ventes. On est loin du témoignage sulfureux. Amateurs de voyeurisme, circulez.
Voici une vie bien rangée après avoir été si malmenée. On parle de Camille. de la présence en filigrane d'un père si lourd à porter.
Je ne vais pas mentir, ça ne m'a pas toujours passionnée. Je n'ai pas toujours compris les intentions de l'auteur, et ce n'est pas grave. Je ne crois pas que ce livre nous était destiné de toute façon.
Mais parce que Julien Dufresne-Lamy sait manier les mots, le tout reste un livre agréable et touchant. Avec de très belles pages.
Camille, c'est l'amie de Julien. Et Camille est la fille de Dodo la Saumure, cet homme tristement célèbre depuis l'affaire du Carlton de Lille.
Alors Julien veut raconter Camille, son histoire, la vie sans son père, car c'est ça être la fille de Dodo, c'est grandir sans lui, dans un clan de femmes, entre mère, grand-mère et sœurs abandonnées.
Julien raconte Camille, avec tendresse, pudeur, respect. Il nous livre ses passions, ses rêves, ses hontes, ses tentatives de contact avec ce père qui prend bien trop de place malgré sa fuite.
Et Julien se raconte lui aussi, nous parle de sa famille, de ses combats, de ses convictions, de son processus d'écriture, de ses doutes et de ses ratures.
Ce n'est pas un roman, c'est un partage. Ce n'est pas une biographie non plus, j'en sais peu sur Camille mais beaucoup plus sur les femmes, la famille, la vie. C'est inclassable et tant mieux.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire de nouveau Julien, auteur le plus présent dans mes posts sur ce compte. Son écriture m'attrape, m'accroche, me chamboule et me laisse toujours un peu sonnée. Épatée par son travail de documentation, son don pour faire chanter les mots et interroger notre société.
907 fois Camille, est un nouveau titre de Julien Dufresne-Lamy qui bien que moins intime est entièrement dédié à son amie Camille, fille du proxénète Dodo la Saumure. A travers ces pages, Julien la raconte : 907 fois nommée on découvre Camille enfant, Camille femme, maman, compagne, amie. Mais surtout Camille, fille d'un homme égocentrique qui maltraite les femmes qui l'entourent et ne sait pas aimer les femmes de sa famille. Il est absent et pourtant il les écrase par son omniprésence
Comment grandir et se construire en tant que femme quand on a un père proxénète, roi de la magouille? Quand on cache à ses amis qui il est, quand du même coup on cache une partie de qui on est? Quand tout ce à quoi on aspire est une vie simple et sereine et que tout ramène à cet homme destructeur et humiliant? . Julien Dufresne-Lamy décrit tout ceci à travers ces échanges avec Camille. Le récit est humain, authentique et parle de cette part d’héritage dont on sort grandi quand on en ait affranchi.
« Pourquoi écrit-on ? Quel besoin accomplissons-nous lorsque à tous crins nous choisissons de superposer une histoire sur la nôtre, de draper une vie sous nos yeux ? »
Cette question, l’auteur se la pose en permanence tout au long de ce récit, qui explore le parcours de Camille. Fille d’un tristement célèbre bandit, Dodo la saumure, qui fut l’un des « fournisseurs » de prostituées pour le non moins tristement célèbre DSK.
Raconter Camille, c’est aussi raconter l’histoire de ses parents, de son enfance entre honte et fascination pour ce père très peu présent.
Mais l’auteur a un double discours, biographique, et autobiographique. On assiste pratiquement à la création du roman, et cette création fait partie intégrante de la narration. Il revient sur ses motivations, sur ses scrupules, sur ses doutes sur la légitimité de se saisir de ce récit d’une intimité qui ne lui appartient pas, sur ses craintes d’éventuelles plaintes pour diffamation.
« Ces « je crois » comptent. Ces « sans doute », ces selon moi, ces peut-être. Parce que mon doute est partout. »
« A quel moment du livre Camille est-elle devenue mon personnage, mon Anna K. ? Est-ce dans l’histoire, ou dans l’effort artisanal que je produis jour après jour pour que mon amie s’efface, pour que le personnage se saisisse de ses droits ? »
On assiste ainsi à une mise en abyme, alors que réalité et littérature se confondent de part de d’autre d’une frontière mouvante et brumeuse.
Le récit est porté par une touchante sincérité, et une écriture sans effet de manches, et le lecteur flirte entre la restitution de la vérité et le processus qui y conduit.
Très agréable lecture.
Je remercie Netgalley et les éditions Plon.
C'était un des 2 livres de la rentrée littéraire que j'attendais le plus et je ne suis pas déçue! Il y a des auteurs qui font mouche à chaque fois et Julien Dufresne-Lamy est un de ces auteurs là pour moi.
Cette fois-ci, c'est un livre plus intime que nous offre l'auteur car il y parle de son amie Camille mais aussi de la difficulté d'écrire surtout quand c'est pour raconter un proche. Mais pourquoi nous parler de son amie me direz-vous? Et bien parce que celle-ci à la particularité d'avoir du composer avec le fait d'être la fille du proxénète français certainement le plus connu : Dodo la Saumure. Ne vous y trompez pas cependant, cette histoire n'est pas celle de Dodo, ce livre parle de Camille, de sa vie, de la manière dont elle s'est construite en tant que femme alors même que son père en exploitait tellement...
Et j'ai aimé découvrir l'histoire de Camille à travers son ami : j'ai aimé les mots, la douceur et même la pudeur de celui-ci. J'ai aimé l'alternance entre les chapitres relatant Camille et ceux ou l'auteur nous parle de l'avancée de l'écriture du livre, de ses doutes, de ses difficultés, se dévoilant lui-même aussi un peu par la même occasion.
Ecrire sur un proche, c'était un pari risqué, il faut bien le dire, mais le résultat est là : c'est un magnifique hommage que Julien Dufresne-Lamy rend aujourd'hui à son amie mais aussi à Marie, à Diane, à Daphné, à Antoinette...
907 fois Camille, le nombre de fois où apparaît ce prénom dans le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy. Camille, c'est l'amie de Julien, l'auteur de ce roman, mais elle est aussi la fille de Dodo la Saumure...
A travers ces pages, Julien la raconte. Camille enfant, Camille femme, maman, compagne, amie. Mais surtout Camille, fille d'un homme égocentrique qui maltraite les femmes qui l'entourent et ne sait pas aimer les femmes de sa famille (sa mère, ses femmes, ses filles).
Il est absent et pourtant il les écrase par son omniprésence
Comment grandir et se construire en tant que femme quand on a un père proxénète, roi de la magouille? Quand on cache à ses amis qui il est, quand du même coup on cache une partie de qui on est? Quand tout ce à quoi on aspire est une vie simple et sereine et que tout ramène à cet homme destructeur et humiliant?
Julien Dufresne-Lamy décrit tout ceci à travers ces échanges avec Camille.
On sent l'amour qu'il a pour elle, le respect et la douceur.
Ce roman c'est aussi une réflexion sur le travail d'écrivain : comment raconter en respectant la parole de l'autre, en transcrivant les silences, sans fausser, sans trahir? A quel moment l'histoire nous échappe pour appartenir aux autres?
Ce roman, c'est également un plaidoyer pour le respect des femmes, pour ce qu'elles sont à part entière, pour la place qu'elles ont à prendre dans "cette humanité androcentrée où tout est réfléchi et régi par et pour les hommes.
Enfin, la plume est juste et ciselée. Chaque mot est réfléchi et choisi avec précision.
Cette amitié est belle, Julien couche sur le papier les mots de Camille, une manière peut-être pour lui de la faire exister en tant que Camille, juste Camille, perle délicate, abîmée par son père, mais belle et entière et je l'espère, sereine grâce à ce livre.
C'est beau et emprunt d'un amour sincère.
Camille est une amie de l’auteur qu’il a rencontrée lors d’une soirée en 2012.
Elle a un passé et une famille particulière. C’est la fille de Dodo la Saumure qui a fait plusieurs séjours en prison, tient des maisons closes en Belgique et qui a surtout été “révélé” par l’affaire DSK.
Elle se confie à l’auteur sur son enfance entourée de femmes, de sa mère Marie qui a quitté son père, de sa grand-mère maternelle, Antoinette, en admiration devant son fils, ses demi-soeurs, des apparitions de son père. Elle lui parle bien sûr de ce père absent, indifférent. Adolescente, Camille avait surtout pour ambition d’avoir une vie normale. Désormais, Camille est mariée avec Thomas et a une petite fille, Diane. Elle mène une vie rangée et ordonnée.
Le livre alterne les chapitres sur les souvenirs de l’adolescence de Camille, ceux sur sa vie d’adulte et ceux où l’auteur prend la parole pour parler de son processus d’écriture, sa relation avec Camille ou pour se livrer.
Si j’ai aimé l’histoire de Camille, parcours atypique d’une jeune fille placée à la DDASS à la naissance qui finit par avoir une vie bien cadrée, ce que j’ai particulièrement apprécié c’est la présence de l’auteur dans le livre qui dévoile la difficulté à écrire, ce livre en particulier, qui n’est pas une fiction, mais aussi l’écriture en général avec parfois des citations d’auteurs. L’histoire de Camille, il la transcrit à partir de fragments donnés selon ce dont elle se souvient, dans l’instant, d’un passé qu’elle a préféré taire jusque-là. Camille qui ne connaît pas le milieu de l’édition ni le processus d’écriture. Elle se dévoile autour d’un café ou avec des mémos envoyés par whatsapp.
Retrouver la finesse et la délicatesse de la plume de Julien Dufresnes-Lamy est un plaisir. Ici, il parle de son amie de longue date et on ne peut qu’être touché par la pudeur et la patience avec laquelle il aborde le livre avec elle ne voulant pas brusquer des souvenirs. C’est aussi un joli duo qu’on découvre, une belle amitié.
Encore une fois Julien Dufesne-Lamy m’a touchée avec son personnage principal Camille, sa plume d’une grande douceur et si bienveillante, mais aussi parce qu’il se livre un peu à travers les lignes, la relation de Camille avec son père lui rappelant son propre rapport à la famille.
Comme le livre n'est pas encore disponible en librairie, je ne peux le commenter.
En revanche, il est remarquable de pertinence, exercice littéraire très périlleux vu le contexte, mais réussi et bien servi par un maestro, Julien Dufresne-Lamy.
J'y reviendrai...
CM
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !