« La justesse me semble plus importante que la vérité dans un roman »
« Grognant dans son patois haut en couleur des montagnes, Alberto a déjà fait volte-face. Il est à nouveau en position sur le trottoir. Scrutant les confins de la rue Delambre. Pas du côté Raspail par lequel il vient d'arriver, mais dans l'autre sens, en direction de la station de métro Edgar Quinet. Rapidement, il repère la silhouette tassée de Jean-Paul, petite figurine de pâte à modeler brunâtre qui avance péniblement à la manière d'un Sisyphe qui porterait sur son dos tout le poids du gris de Paris et qui dodeline à une vingtaine de mètres de distance, manquant de se cogner, ici à un passant, là à un réverbère. «Ah, te voilà ! Bousier de littérature ! Attends que je t'attrape, chacal !» » Une comédie tourbillonnante constellée de pensées sur la création et de rencontres avec des femmes espiègles, mystérieuses et modernes.
« La justesse me semble plus importante que la vérité dans un roman »
Premières impressions sur les romans de la rentrée littéraire ...
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Il était temps que je me plonge dans ce roman !! Et que je prenne plaisir à croiser et suivre les aventures d’Alberto (Giacommetti) , de Jean-Paul (Sartre) et de leurs comparses dans le Paris de Montparnasse et de Saint-Germain-des prés de l’avant-guerre....jouissif et truculent, documenté et dépaysant, ce texte nous égaye de plus de jolies formules et autres bons mots et clins d’œil !
« ...dans ce dédale fabuleux de bourgeonnements et de ronces qu’est l’adolescence. »
« Paris avait inventé la terrasse. Le spectacle permanent pour le prix d’un bock ou d’un café crème. »
Avec « 37, étoiles filantes », Jérôme Attal emmène son lecteur faire un voyage dans le temps auprès des artistes des années 30, avant la deuxième guerre mondiale et après la première guerre mondiale, où tout est encore possible. Montmartre est le lieu où tous les artistes se croisent, se toisent, s’apostrophent, trouvent l’inspiration. Alberto Giacometti y puise son inspiration pour sculpter ses petites figurines. Jean-Paul Sartre écrit et cherche un nom pour son premier roman. Ils sont amis jusqu’à ce que Alberto entend ce que Jean-Paul dit de lui… Et là, même avec ses béquilles, il part à sa recherche pour lui « casser la gueule ». Albert, dans cette quête, va croiser la route de femmes dont la présence ne passe inaperçue et vont le hanter, surtout Julia. Et oui Alberto ne sait résister à un sourire!
Comme à chaque fois, Jérôme Attal développe un côté un peu loufoque dans son roman mais si rafraîchissant, si plaisant, si enthousiasme. Avec « 37, étoiles filantes », j’ai déambulé dans les rues parisiennes, je suis rentrée dans les ateliers d’artistes, j’ai bu un café au Café de Flore, j’ai même été au commissariat et à la clinique, j’ai passé un 31 décembre entourée d’artistes, et je suis aussi allée au bordel! C’est un vrai voyage de rencontres, de connaissances que nous proposent l’auteur. Et les femmes de ce roman: elles ont toutes une telle importance pour tous. Et oui, comme on dit, « il y a toujours une femme derrière un grand homme »!! Elles font le monde et Jérôme Attal leur rend hommage!! Malheureusement, dans les années 30, c’est le début du nazisme et même le milieu artistique n’y échappe pas… Jérôme Attal aime les artistes et son milieu et avec « 37, étoiles filantes », il dévoile l’envers du décor: les relations entre eux, le pouvoir de séduction des femmes, les soirées où seuls les artistes y ont leur place, le rêve américain. Ses personnages manient avec élégance la langue française et hésitent pas à faire des références à d’autres artistes, à d’autres œuvres.
ffloladilettante.wordpress.com/2018/09/11/37-etoiles-filantes-de-jerome-attal/
Dans ce roman qui semble au premier abord léger et loufoque, Jérôme ATTAL revisite le Montparnasse des artistes et des intellectuels de 1937 sur fond de guerre d’Espagne et de montée du nazisme. Outre les frères Giacometti nous y croisons Sartre et Olga, Arthaud, François Mauriac, des femmes aussi modèles, muses etc.... L'auteur dépeint avec brio l'insouciance de tout ce petit monde et en égratigne, pour mon plus grand plaisir, certains au passage.
C'est dans les cafés de la rive gauche que tous s'agitent, se cherchent et débattent passionnement. On les voit passer comme des étoiles filantes dans le ciel parisien même si en 1937 ils ne sont pas encore au firmament de leur art. Sartre n'était pas encore devenu une icône et le portait très amusant qu'en fait Jérôme ATTAL est certainement assez réaliste. Le tête-à-tête de Sartre avec son opticien est un vrai régal.
Ce roman pétillant, truffé de dialogues savoureux est bien documenté.
ffloladilettante.wordpress.com/2018/09/11/37-etoiles-filantes-de-jerome-attal/
Dans ce roman aussi enlevé que documenté Jérôme Attal nous raconte comment Alberto Giacometti essaie de retrouver Jean-Paul Sartre dans le Paris de 1937 pour se venger d’un affront. Gros coup de cœur pour ce livre!
https://collectiondelivres.wordpress.com/2018/09/05/37-etoiles-filantes/
La photo de couverture, j’adore. Je vois une démonstration de liberté, d’insouciance, de camaraderie dans un milieu petit bourgeois d’entre-deux guerres, filles et garçons bien sapés, verre à la main… en réalité, cette photo date de 1928-1929, mais effectivement, elle est très bien adaptée au ton léger et au rythme enlevé de l’écriture de Jérôme Attal.
En Espagne l’armée franquiste bombarde Guernica, l’URSS vit sous la répression stalinienne, des groupuscules d’extrême droite sévissent en France. Dans le pays fébrile, « l’homme qui marche » n’est pas né, mais Alberto Giacometti rêve d’aller droit sur le père de l’Existentialisme pour « lui casser la gueule ».
Aussi, ce projet nourrira-t-il l’histoire que nous livre l'auteur.
D’une façon très agréable, nous croisons toute la lignée des artistes et intellectuels des années 30, nous parcourons le Paris branché de l’époque. Mais j’ai imaginé ce roman sans les grands noms, et j’ai pensé qu’il serait appauvri. Il serait alors une page de l’Histoire, ou plus exactement, un tableau du milieu artistique très parisien de l’époque. Le style de l’auteur lui donnerait du relief, de la matière, et en ferait presque une parodie.
Cela pour conclure à un avis mitigé sur le fond et mon admiration sur la forme. Une excellente « comédie tourbillonnante » à adapter au cinéma.
Découvrir Paris juste avant la guerre, dans le milieu artistique qui plus est semble un thème original et divertissant. Mettre en scène des personnages historiques de manière romancée et nouvelle est une idée riche car elle attire ainsi le lecteur. La couverture du livre donne aussi à penser que l'insouciance est encore de mise à cette époque.
Les heures sombres de la France n'ont pas encore sonnées et ainsi Jean-Paul Sartre a encore de beaux jours devant lui. Oui, mais si justement la guerre n'est pas déclarée à l'échelle mondiale, il se pourrait qu'elle le soit envers sa personne.
Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Jean-Paul Sartre que tout est permis et lorsque Alberto Giacometti apprend les critiques dont il est la victime, cela va chambouler le quotidien de l'écrivain.
Heureusement pour lui, une femme arrivera et fera diversion bien malgré elle.
J'ai trouvé ce roman un peu compliqué au démarrage le temps de m'habituer aux personnages puisque certains ne sont cités que par leur prénom et donc il m'a fallu repérer plus précisément chacun pour poursuivre facilement la lecture. Une fois imprégnée dans le roman j'ai trouvé plaisir à lire les aventures des héros. Si je me suis parfois un peu perdue c'est de ma très grande faute car ma maîtrise historique de l'époque d'avant-guerre est moyenne mais l'ensemble est plutôt cohérent et surtout très bien écrit. A l'inverse mes lacunes en histoire ont pu être réparées pour certaines puisque j'ai appris des informations dans ce roman et qu'ensuite ma curiosité fait que j'ai cherché à mieux comprendre comment fonctionnait la société, et notamment le milieu artistique dans les années 30.
J'ai trouvé que Jérôme Attal jouait beaucoup avec la langue française et ce n'est absolument pas pour me déplaire. Il fait aussi la part belle à ce qu'était la France avant les tourments que nous lui connaissons et cela redonne aussi une certaine confiance. Certaines périodes sont plus ou moins occultées en fonction des événements qui ont perturbé la société et finalement Jérôme Attal rend hommage à ceux et celles qui ont fait aussi de la France un pays d'amour, de fête, de débats intellectuels etc.
C'est un bon moment de lecture.
soazick
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24/05/2018
9 avis déposé(s)
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Amusant . Émouvant . Intéressant
A partir d'une petite phrase sibylline, Giacometti décide de régler son compte à Jean Paul Sartre. Je ne vous dirai pas s'il a tenu parole, ou s'il a joint le geste à la parçole..A vous de voir. Mais pour sûr vous allez entrer dans un monde original, fourmillant de poètes surréalistes, d'écrivains en route vers le succès, outre Sartre, Cocteau, Arthaud, Anais Nin e bien d'autres " people" de ce temps..les années 30..tout près de la terrible année 39. Le titre déjà vous dévoile l'ambiance de l'année 37..les étoiles filent, les opinions fusent, les racismes de tous poils aussi, déjà monte la folie antisémite, anti rital, anti, pro.. Le monde d'il y a 80 ans n'est finalement pas si différent du notre, c'est troublant, dérangeant et pour tout dire inquiétant, Une belle découverte, un témoignage sur ces années d'orages mais aussi une enquête interessante sur le grand Alberto Giacometti. Un régal!!
Alberto veut casser la gueule de Jean Paul !!
Dans le Paris bouillonnant des années 30, à la veille de la guerre que personne ne veut voir venir, quelques jours en compagnie des frères Giacometti, Sartre, Beauvoir, et beaucoup d’autres au gré des rencontres aux terrasses des cafés de Montparnasse.
Une fois encore Jérôme Attal livre un petit bonheur de roman, une douceur comme une coupe de champagne bien fraiche (pas surprenant qu’il ait été invité par Amélie Nothomb lors de son Grand Atelier ;-) )en y insufflant sa poésie et son grain de folie.
Une course poursuite accrochée aux pans du manteau d’Alberto, qui traverse tout Paris, y compris en béquilles, pour venger l’affront.
Un motif somme toute bien futile mais qui nos laisse entrevoir les prémices des bouleversements à venir pour cette pauvre Europe.
Le tout s’achevant sur un réveillon de jour de l’an comme un feu d’artifice lumineux et magnifique avant de sombrer dans un avenir plus sombre.
Une vraie réussite et un grand plaisir de lecture.
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