"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le roman écrit au dix-neuvième siècle se déroule à une époque où le romantisme et la chevalerie ont une place prépondérante. Une fillette est enlevée à sa mère, veuve pauvre, pour grandir auprès d'une vieille sorcière. Nommée Pette-Grive, elle s'enfuit sur une barque pour découvrir la vie. Jolie jeune demoiselle, éduquée, sur la nef, elle vogue d'île en île et rencontre plusieurs personnages, des demoiselles comme des chevaliers, et aussi de la magie.
Ce roman est assez long à lire et bien qu'il soit peut-être original à son époque et dans son pays, le thème du bateau qui navigue sur des eaux calmes à la rencontre d'îles enchantées est assez commun. Comme tout roman traitant du code de la chevalerie et de la cour, les personnages sont obnubilés par leur honneur, l'amour et la mort. On y rencontre de multiples personnages caricaturés, comme la sorcière sans mémoire, le chevalier mauvais et celui qui se convertit, trame assez typique qui mène le personnage principal à rencontrer l'emprisonnement, la fuite, l'amour, la trahison et la mort.
Petite-Grive, le personnage principal, est une jeune femme, naïve parfois, mais qui paraît très manipulatrice et calculatrice pour arriver à ses fins. Une adolescente égoïste dont les actes feront perdre la vie à d'autres malheureusement. Mais après de maintes et maintes péripéties, tout est bien qui finit trop bien.
L'histoire est très linéaire et c'est presque sans surprise que les événements se déroulent. L'action est inexistante et par conséquent le roman s'éternise et devient ennuyeux.
Ce roman aura le mérite d'avoir certainement inspiré Abraham Merritt pour La nef d'Ishtar, écrit quelques décennies plus tard, et dont l'histoire avec une remaniement plus aventureux plaira bien plus.
Savez-vous ce qu’est le pays creux ? Non ? Eh bien moi non plus, je ne savais pas de quoi il s’agissait avant de commencer ce livre. J’ai donc commencé par spéculer avant de me plonger dans ce petit roman, et je dois dire que j’ai été bien surprise.
Tout d’abord, par le genre de l’histoire. En effet, dès les premières pages, j’ai eu l’impression de lire un conte. Un de ces contes merveilleux dont raffolent les enfants, plein de valeureux chevaliers, de seigneurs et de désirs de vengeance. Toutefois, cette histoire n’est clairement pas destinée à un public jeune : nous suivons les souvenirs de Florian de Liliis, désormais vieil homme, et sa recherche du pays creux. Nous commençons par son enfance, où il décide de venger son frère pour une question d’honneur. Mais il comprend bien vite que d’agir à la place de Dieu n’est pas une solution et, le cœur et l’âme tachés par cette mauvaise action, il se met donc en quête du pays creux, où il avait laissé son amour, et cherche à obtenir le pardon du seigneur.
La narration est quelque peu surprenante, car si on s’attarde beaucoup sur les pensées de Florian, on en sait finalement très peu sur son caractère. Les autres personnages m’ont eux aussi paru très simples et peu développés, et je pense que quelques pages supplémentaires s’attardant sur leur psychologie auraient apporté beaucoup à ce court roman. De même, l’inconsistance dans la description des lieux m’a parfois dérangée. En effet, on parle beaucoup du pays creux, mais on n’en a jamais réellement l’image car il n’est pas détaillé – sous prétexte qu’il est trop beau pour être décrit. Par contre, lors des scènes de batailles, l’auteur s’attarde sur certains éléments qui m’ont paru bien insignifiant : les vêtements des combattants sont décrits avec précision, tout comme leurs mouvements, et cela devient quelque peu répétitif. Il y a donc un grand déséquilibre entre les descriptions des lieux, qui sont presque inexistantes, et celles de l’action, qui sont bien trop fournies à mon goût.
Un autre point qui m’a surprise est le style de l’auteur, très soigné et complexe. Le vocabulaire est recherché et la présence de quelques termes techniques de l’époque des chevaliers et des seigneurs rend le tout très réel. Il est vrai que ce n’est pas facile à lire, mais après quelques pages, quand on s’habitue à la plume, c’est très agréable et poétique, et on peut le lire avec fluidité. Ce que je déplore, toutefois, c’est que plus on avance dans la lecture, plus de petites erreurs de typographie se glissent dans le texte. Ce qui est dommage au vu du talent manifeste de l’auteur
Ce qui m’a un peu plus freinée dans ma lecture, c’est le fil des pensées de Florian, qui m’ont paru, à plusieurs reprises, bien confuses. Je pense que, d’un côté, cela fait partie du charme de cette histoire car, après tout, Florian nous explique au début qu’il est un vieil homme et que sa mémoire lui joue quelques tours. Avec cette organisation, on a vraiment l’impression de se trouver dans sa tête, emporté par le flot des ses souvenirs. C’est toutefois un peu déroutant, et j’ai dû laisser reposer le livre après l’avoir terminé, puis reprendre quelques passages avant de bien comprendre le tout.
Le pays creux m’a donc plu dans l’ensemble, même si j’aurais souhaité qu’il soit plus développé, car on arrive à la fin sans même s’en rendre compte. Les personnages manquent un peu de personnalité et les lieux de couleurs, mais l’action est prenante et Florian très attachant. La plume de William Morris est très belle, mais pas toujours facile à comprendre, et une bonne connaissance de la langue française et éventuellement du vocabulaire de la période des seigneurs et chevaliers est nécessaire pour apprécier la lecture à sa juste valeur. Bien qu’elle s’apparente quelque peu à un conte, c’est une histoire qui est, selon moi, plutôt destiné à un public adulte et mûr en raison des thèmes importants décrits : la rédemption, la vengeance, la mort…
Je remercie finalement le forum Accrocs et Mordus pour l’organisation de ce partenariat, et les éditions Aux forges de Vulcain pour la découverte de cet univers magique que je n’aurais jamais découvert autrement.
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