"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Craig Gilner, jeune garçon, a travaillé très dur pour intégrer une prestigieuse école new yorkaise, mais il commence à avoir du mal à suivre et le moral, l'appétit, le sommeil en pâtissent.
Bien sûr il arrive à se défouler plus ou moins avec quelques amis en fumant un peu et en buvant, lors de soirées.
Un soir, il décide au lieu de se suicider et de sauter du Pont de Brooklyn de se faire interner dans un service psychiatrique. Et il se retrouve alors pour cinq jours dans l'aile psychiatrique de l'hôpital mais dans l'aile pour adultes. Il va alors nous décrire avec humour et beaucoup de douceur l'ensemble des patients qui se sont retrouvés pour plusieurs raisons dans cette unité. de beaux portraits d'hommes et de femmes, qui essaient de se retrouver : il y a le Président Amélio, Johnny, Bobby.. Il y a aussi Nia qui est une jeune adolescente qui ne va pas laisser indifférent Craig. Il y a aussi le personnel soignant ou accompagnant.
Je fuis d'habitude les textes qui se passent dans les milieux hospitaliers mais là je me suis laissé entraîner par l'écriture de ce jeune adolescent qui a une vision douce et réaliste du monde qui l'entoure.
Nous nous attachons à ce jeune garçon qui nous décrit sa vie familiale, sa vie avec ses copains et son séjour dans cet hôpital. de beaux portraits jalonnent le texte et j'ai beaucoup aimé sa façon de raconter comment il décide de dessiner pour évacuer le trop plein. Et avant de sortir de l'hôpital, il y a une belle séance de dessins où il dessine le portrait des « malades » en faisant des cartes de villes imaginaires.
Ce texte aborde beaucoup de thèmes mais il est proche de son personnage principal et nous sommes avec lui dans son appartement avec sa famille pourtant si compréhensive malgré tout, sur son vélo quand il va à son école et bien sûr, pendant les cinq jours où il est hospitalisé et qu'il découvre l'univers des autres patients et où il se découvre aussi. C'est un portrait d'adolescent en souffrance mais c'est aussi la description d'une société où on doit réussir à tout prix et pour réussir, il faut faire une bonne école, être le meilleur, se marier et avoir des enfants.. Mais que fait-on quand on est en marge, que la pression nous assaille ?? Une écriture réaliste et beaucoup de dérision et d'humour font de ce texte un réel plaisir de lecture et on s'attache à l'ensemble des personnages. Il y a de belles bouffées d'humanité et de fraternité.
Certains résolvent de complexes équations mathématiques pour briller, d'autres cherchent humblement une clé pour apprendre à vivre. Un «déclic» qui encouragerait l'appétit, le sommeil et la parole à revenir en bons amis réconciliés.
Avant sa dépression, Craig allait son petit bonhomme de chemin, doué, sûr, déterminé à occuper une place de choix dans cette société qui déifie les ambitieux. Mais à quinze ans, il n'est pas exclu que cette pression fasse perdre pied et piétine des plans savamment tracés. Au grand dam de l'adolescent, son monde mental bien huilé déraille et son corps déréglé se braque. Alors, quand les idées noires se mettent sans fin à «pédaler», elles aboutissent parfois au point de non-retour du pont de Brooklyn... À viser trop vite le saint graal de l'excellence, on s'expose aux sorties de route. Conséquemment, à l'entrée des urgences.
Cependant, notre héros ne baisse pas les bras devant la force psychique qui se déploie pour mieux le broyer, et décide de vaincre l'innommable à «tentacules». A travers son expérience d'accidenté, Ned Vizzini nous dépeint la dureté des fers que fixe la maladie, sans pour autant négliger les notes d'espoir apportées par l'entourage. L'auteur mêle avec brio la drôlerie des marginaux à la ténacité des soignants qui les couvent dans un «fac-similé» de vie, moins menaçant que la version «originale».
Dans nos têtes se côtoient rêves et abysses. La justesse du ton, où s'équilibrent fantaisie et gravité, ainsi que la lucidité du regard rivé sur le mal traité nous bouleversent. Résolument optimiste, l'histoire qui court dans cet ovni littéraire s'endeuille pourtant du suicide de Ned Vizzini, à l'âge de 32 ans. C'est pourquoi, tout, plutôt que de réduire au silence cette guerre intime contre soi.
Tout plutôt qu'être moi. Un titre évocateur, un résumé émouvant et la couverture emblématique de la maison d'édition : cette lecture est à ne surtout pas manquer !
Il fallait que je le lise car je me suis immédiatement reconnue dans ce résumé, dans ce héros en proie à la pression sociale. En effet ayant fait une prépa je ne pouvais que ressentir cette empathie pour Craig et même sans cela, toute personne ayant vécu des études longues, ambitieuses sous une pression constante -qu'il s'impose tout seul- ne peut que sentir un lien étroit se tisser entre lui-même et ce protagoniste. Craig est un être intelligent, brillant, travailleur et ambitieux; un adolescent qui veut réussir dans un monde où cette réussite sociale est tout. Mais face aux bourrasques du vent existentiel soit vous êtes un roseau et vous vous adaptez, vous pliez; soit vous êtes un chêne et vous rompez.
Tout repose sur cette tentative de reconstruction de Craig : comment en est-il arrivé là et ensuite l'étape hospitalisation pour éviter le pire. J'aurais préféré que cette dernière soit plus poussée afin de faire plus ample connaissance avec tous ces protagonistes fracassés par la vie mais l'auteur fait le choix de montrer que dans le cadre de la dépression il faut se focaliser sur le "héros" parce que dans une telle situation la personne n'arrive plus tellement à voir ce qui l'entoure, il se referme sur soi et ses problèmes. Il y aura un personnage que j'ai vraiment aimé au-delà de Craig : c'est Noelle, une jeune adolescente qui a ses propres démons mais qui est originale, drôle et très attachante.
Ce livre m'a fait énormément de bien, il est terriblement émouvant, touchant, sensible et parfois sarcastique. Il a aidé énormément de monde Outre-Atlantique, permettant à toute une génération d'adolescents et jeunes adultes à comprendre que la dépression est une vraie maladie dont il n'y a pas à avoir honte par rapport aux malades "physiques", qu'il n'y a pas besoin d'avoir un passé douloureux ou une famille désastreuse pour justifier une telle maladie -la famille de Craig est géniale-, qu'il n'y a pas d'âge pour ressentir ce doute, cette détresse. J'espère que Craig a réussi à avancer malgré la fin tragique de son créateur... Je l'espère vraiment.
En définitive, un récit incroyable qui vous permettra de voir la vie sous un angle nouveau ou tout du moins de passer un très bon moment de lecture ! Ce roman est à la fois une magnifique histoire et une thérapie par les mots très efficace.
Aborder un sujet aussi difficile que la dépression sans tomber dans un récit noir et déprimant, c’est ce qu’a réussi à faire Ned Vizzini. On lit le roman forcément différemment aujourd’hui en raison de l’histoire propre de son auteur, mais le résultat est touchant, poignant et pourtant rempli d’espoir. Comme si, malgré tout, la volonté de vivre pouvait l’emporter.
Ma chronique complète : https://myprettybooks.wordpress.com/2016/02/05/tout-plutot-quetre-moi-•-ned-vizzini/
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