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Coup de coeur !
Artiste néerlandais, Bas Jan Ader porte le même prénom que son père. Qu'il n'a jamais connu. Ou alors à travers les souvenirs des autres. Les récits des autres. Héros de guerre. Sacrifié. Mort pour la liberté.
Il entre aux Beaux-Arts, Bas.
Il y entre et s'appliquera à en sortir, à coups de gomme. de larmes. de chutes.
Il disparaît en mer. Ne meurt pas. Disparaît. Lui qui avait décidé de traverser l'Atlantique sur une coque de noix. Acte d'héroïsme à sa façon. Comme pour rattraper le père. Ne pas le dépasser, le rattraper, être son fils.
Thomas Giraud le tutoie.
On entre dans l'intimité et de l'auteur, et de l'artiste, par ce choix de pronom. Mis à nus tous les deux, dans leur sensibilité. Leur poésie.
Car ce livre n'en manque pas, loin de là !
Avec une belle musicalité, les mots de Thomas Giraud nous offre le portrait de cet être cabossé, oublié, Bas Jan Ader, qui chute et se relève, mais décidément y laisse de lui, à chaque fois, un peu, beaucoup...
Quel hommage !
Quel livre !
Merci pour cette merveilleuse découverte.
Lu dans le cadre du #prixsagan
Olympien, intrinsèque, ce texte-essai est un hommage à l’œuvre macrocosme, à l’homme-chute : Baastien Bas Jan Ader mystérieusement disparu en 1975. L’immensité fait foi. Thomas Giraud interpelle subrepticement Bas Jan Ader par un tu tout en symbole, sans jugement aucun. Juste l’importance essentialiste, litanie et oraison.
Dans les profondeurs allouées, les maillages, les retournements, il incite au dépassement de la gestuelle. Thomas Giraud cherche à comprendre le triptyque de Bas Jan Ader. Lui, qui aimait chuter, l’ange volant frôlant la terre. L’eau matrice, prouver à soi-même que tout peut se rassembler de nouveau. Fragile et tenace, blessé et vaillant, manichéen sublime.
« Tu as frissonné en sentant que l’océan n’était peut-être pas seul à ce moment-là, que le fantôme aussi t’avait soulevé, aidé un peu. »
Son père écueil, ressac, fusillé en 1944, serait-il de la quête ? Le surpassement ? La chute libre ?
Les croisements sont initiatiques. Les voyages artistiques jusqu’au boutisme des épreuves.
« Des fiertés sottes et secrètes qui rendent certaines fragilités royales. Ça devait arriver et tu attendais. Tu t’entraînes un peu n’importe comment au départ avec des intuitions de funambule. »
Cet hymne est l’épiphanie, la reconquête des forces altières. Un chant à tu, la gloire à l’artiste, des photographies que Sue (sa femme) accroche au fronton des horizons.
« Tu n’attends ni une main miraculeuse qui fasse taire le vent et les creux de la mer, ni la proximité d’un navire où tu pourrais être recueilli. »
« Tu appelles pour retrouver en toi, en dessous, enfouis par les années, une impression, un souvenir, un écho. »
Cynique à l’instar de Diogène, libre, immensément libre, possédé par le père tombé à terre, Bas Jan Ader est « Jonathan Livingston le goéland. »
Thomas Giraud relève les barrières. Il pourvoit à l’artiste, à l’homme. Il rassemble l’épars, les déambulations marquantes, un être blessé dans sa chair. L’aérien des chutes, les tracés atypiques et leurs significations. Rien n’est hasard. Ici, Thomas Giraud devine le crucial de se qui doit être prononcé à tu et à je sans fausse route aucune. Ici, tout est alliance et génie. Ce récit-mémoriel est le piédestal littéraire. Humble, précieux et grave. Prenez soin de la dernière page où Bas Jan Ader est de face ou de dos , on ne sait pas. Lisez alors les cheminements de ce grand livre. Le souffle reprend et c’est bien.
« Que fais-tu de ces brides, de ces bouts de souvenirs anciens qui ne sont pas les tiens, de cette somme qui fait une histoire dont tout le monde parle, qui prend beaucoup de place ? Tu sens bien que tu ne peux pas faire sans. »
Dans la collection sentinelle : une attention particulière aux histoires et parcours singuliers de gens, lieux, mouvements sociaux et culturels. « Avec Bas Jan Ader » est publié par les majeures Éditions La Contre Allée.
J’ai commencé ce récit avec beaucoup de curiosité car je ne connaissais pas du tout cet artiste hollandais. Défini comme « artiste conceptuel »…. Ce qui ne me disait pas grand-chose.
Thomas Giraud reprend deux éclairages pour comprendre Bas Jan Ader : ses derniers jours en pleine mer et le poids de son père, héros de la seconde guerre mondiale et fusillé en 1944.
L’auteur s’adresse directement à Bas Jan Ader en le tutoyant. Ainsi, il le rend proche de nous, comme si l’artiste présent écoutait le récit de son histoire.
J’ai bien compris l’importance du passé de Bas Jan Ader, mais je suis restée sur ma faim : l’auteur ne donne pas vraiment de clefs pour saisir l’œuvre, le moment de la fracture, du plongeon. A un moment, il explique brièvement : « la chute finale t’intéresse moins que le moment où l’on perd pied, le processus, le passage du haut vers le bas… ce qui compte, c’est de montrer comment quelqu’un tombe, la manière dont on passe du déséquilibre au basculement, ces quelques grammes qui équilibraient tout le corps sur une ligne très fine et entraînent, t’entraînent, à présent vers le sol. C’est ce qui est beau, cette chose à peine insaisissable tant il est question de fragments de secondes, dans le mouvement vers l’eau du canal ou vers le sol. »
Comprendre le parcours très singulier de cet artiste, l’essence de son œuvre est un véritable challenge.
Pari plutôt réussi pour la biographie, mais pas pour le décodage de l’œuvre artistique.
En plus de me divertir j’aime qu’un livre m’apprenne quelque chose et dans ce roman intitulé Avec Bas Jan Ader de Thomas Giraud, je peux dire que j’ai découvert un artiste singulier. De toi Bastiaan, Bas, je ne connaissais rien, ni le nom ni l’œuvre ! Est-ce aussi étonnant que cela quand on sait que tu es mort à 33 ans en plein Atlantique lors d’une performance intitulée « In Search of the Miraculous » à bord d’un Guppy 13, l’Ocean wave, qu’on retrouvera vide quelques mois plus tard. Mort ou plutôt disparu car le mystère demeure : ton corps n’ayant jamais été retrouvé, beaucoup se demanderont si cette disparition ne faisait pas partie de l’œuvre tant tu faisais corps avec elle.
Si je te tutoie ici Bastiaan, Bas, c’est parce que c’est ainsi que s’adresse à toi Thomas Giraud dans ce très beau roman qui retrace les moments forts et les œuvres importantes de ta trop courte carrière. J’ai aimé, en faisant des recherches sur ton œuvre grâce à des photographies ou vidéos, découvrir un dandy triste qui en très peu de temps et de manière fulgurante, a développé une œuvre marquée par des thèmes récurrents comme la tristesse ou la chute.
On y apprend très tôt que toi, l’artiste hollandais, tu as été comparé à ton père, ce pasteur fusillé par les nazis durant la seconde guerre mondiale alors que tu avais à peine 2 ans. Est-ce la chute de ce héros tombé sous les armes ennemies qui a conditionné ton attirance pour les effets de la gravité dans ton œuvre ? Toi te mettant en scène chutant d’un canal à bicyclette, ou du toit de la maison, ou bien, toi suspendu à une branche ? Toutes ces choses semblaient improvisées, mais pourtant on y apprend que c’est avec un soin tout particulier que tu filmais ou photographiais tout ça en compagnie de tes amis, ton frère Erik ou encore et surtout, Sue, ta femme. D’ailleurs c’est certainement grâce à eux que ton œuvre te survit.
Cet engouement que tu as suscité en moi toi l’artiste hors norme ne doit pas faire oublier la plume de l’auteur Thomas Giraud qui pourtant né un an après ta mort semble te connaitre intimement, l’emploi du tutoiement confère une proximité et m’a donné l’impression d’un ami qui se souvient d’un autre et ce style nous rapproche un peu plus de toi, allant jusqu’à saisir tes états d’âme.
De par son talent et à sa manière très originale de s’adresser directement à toi Thomas Giraud te parle au-delà de ta disparition qui fut certainement ton œuvre ultime.
Ce tutoiement que j’ose humblement reprendre ici tout a long de cette chronique m’a sincèrement touchée. Ce roman fut pour moi une belle découverte, tant littéraire, qu’artistique.
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