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Durant son enfance dans la petite ville de Cheektowaga (État de New York), Jackson C. Frank réchappe à l'incendie qui ravage son école.
Ses brûlures lui valent une greffe au visage et c'est au cours de sa longue convalescence à l'hôpital que son oncle lui offre une guitare. Ce cadeau soulage ses mois de calvaire et sert alors de guide à une voix et une vocation naissantes.
La Ballade silencieuse de Jackson C. Frank est un récit qui imagine ce qu'a pu être la vie de cet auteur compositeur interprète folk américain - contemporain de Bob Dylan - à travers ses drames, ses hasards, ses rencontres... Surtout, ce texte tente de comprendre comment il put concevoir son seul et unique album et ensuite tomber dans le silence et l'anonymat.
Ses chansons se transmettent, depuis 1965, tels de précieux secrets. Des admirateurs comme Simon & Garfunkel ont repris les pépites neurasthéniques de son unique album, Blues Run the Game, perpétuant le mythe du plus célèbre des chanteurs folk inconnus, capable d'émouvoir jusqu'aux Daft Punk qui, en 2006, utilisèrent le titre Dialogue (I want to be alone), dans la bande originale de leur long-métrage, Electroma.
Le Monde - 2013 - Stéphane Davet
Jackson C. Frank a 11 ans quand il échappe à l'incendie de son école à Cheektowaga, dans l'Etat de New-York. Donald , son meilleur ami, y meurt alors que Jackson est gravement brûlé au visage et à la poitrine. Des greffes sont nécessaires et la peau est prélevée sur sa cuisse avant d'être posée sur son visage et sur son torse. L'hospitalisation et la longue convalescence s'étirent dans la douleur, l'ennui et l'apprivoisement d'un visage devenu paradoxal. La vieille guitare offerte par un oncle devient un moyen de se détacher de sa cuisse boiteuse et de ses traits rapiécés. Une rencontre avec Elvis, les chansons de Dylan, un tableau de Rothko et ce perpétuel crissement de cendres sous les dents constituent l'armature d'un futur qui sera consacré à la musique folk.
Mais c'est l'incendie qui en reste la fondation.
C'est ensuite le départ pour l'Angleterre, à 21 ans, la création des premières chansons et l'enregistrement de "Blues Run the Game" produit par Paul Simon. Un disque qui restera unique. Et ensuite ? Ensuite le silence sans l'oubli.
Dans ce silence de Jackson C. Frank, dans les béances de sa biographie, Thomas Giraud insère une rêverie crépusculaire sur la portée mélodieuse de son écriture. Le récit au présent qui embrasse les discours sans les obstacles de la ponctuation, prend une dimension intimiste et donne au lecteur une sensation de proximité familière avec le musicien. Quelque chose comme le secret mélancolique d'une étoile filante qui s'évanouit dans la nuit mais dont l'éclat continue de fulgurer dans la mémoire. C'est tout le mystère insondable de la création artistique qui est suggéré à travers le récit comme voilé de nuances de gris. De quoi se nourrit la créativité ? Le silence est-il un choix ou une fatalité ? Et l'on ne peut s'empêcher de relier Jackson C. Frank à d'autres artistes, soudain muets.
Après ma lecture j'ai évidemment écouté Jackson C. Frank que je ne connaissais pas. Et la coïncidence entre cette voix qui semble brûler d'émotions indicibles et le texte de Thomas Giraud m'a complètement subjuguée. J'ai eu la belle et singulière impression que cette ballade silencieuse m'avait livré la clé qui me rendait perméable à cette voix et à cette musique-là. Une émotion rare que celle de trouver une parfaite correspondance entre un roman et son sujet !
Ce roman retrace le destin malheureux de Jackson C. Frank, musicien folk américain dont l'ambition était de faire mieux que Bob Dylan et qui ne réussira jamais à percer.
Le livre commence par un événement inattendu, Jackson qui a alors 11 ans va être victime d'une explosion qui a lieu dans une salle de son école à Cheektowaga. Il va survivre à ses blessures mais devra subir une greffe de peau au visage, stigmate qui le marquera à vie. Lors de son hospitalisation, son oncle va lui offrir une vieille guitare, cadeau qui sera une sorte de guide et orientera sa vie future.
Son parcours va être marqué par diverses rencontres décisives dont celle du « King ». A sa sortie de l’hôpital, sa mère l’emmènera visiter la maison d'Elvis à Graceland où Jackson aura la chance de le rencontrer et de partager quelques heures avec lui.
Quelques années plus tard, Jackson va toucher un chèque de dédommagement par les assurances d'un montant conséquent et fera le choix de partir en Angleterre, c'est là-bas qu'il rencontrera Simon et Garfunkel. C'est Paul Simon qui produira son unique album « Blues run the game» qui ne rencontrera jamais le succès tant attendu.
J'ai été touchée par les fragilités et les silences de Jackson, blessé à jamais dans sa chair et dans l'âme par son accident.
La plume de Thomas Giraud est sensible, délicate et d'une grande justesse. L'auteur réussit à être neutre et n'impose pas son point de vue. Il parvient à rendre un très bel hommage à ce musicien maudit, abîmé par la vie et donne envie à ses lecteurs de le découvrir. D'ailleurs, suite à la lecture du livre, je suis allée écouter la playlist créée par Thomas Giraud.
« La ballade silencieuse de Jackson C. Frank » est un livre qui marque les esprits et se lit d'une traite, je n'ai pas pu décrocher avant la fin.
Un énorme remerciement aux éditions « La contre allée. »
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