"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et bonjour, aujourd'hui je vous parle d'une lecture très mitigée, mais pas tant à cause du contenu ou du style en lui-même. Je m'explique... Avec mes études, j'ai énormément étudié la civilisation américaine et donc, l'histoire et le traitement des afro-américains aux États-Unis, de l'esclavage à aujourd'hui. Cette lecture, je l'ai faite dans le cadre de mes études, car l'oeuvre se trouve dans la liste des romans recommandés à lire pour le CAPES. Ce n'était donc pas à proprement parler une lecture pour le plaisir, même si j'ai essayé...
Ce roman est en fait une longue lettre (150 pages) que l'auteur adresse à son fils. Il lui parle et dénonce les violences raciales dans leur pays, en racontant ses propres expériences, celles de proches, mais également en s'appuyant sur des statistiques et données officielles. le but est d'expliquer pourquoi, de nos jours encore, les afro-américains se sentent en danger au quotidien, pourquoi cela les mène à prendre les armes parfois et à devenir agressifs, même envers leurs congénères. L'auteur insiste particulièrement sur les violences policières qui tuent injustement des personnes de couleur noire innocentes et dont les policiers meurtriers finissent acquittés en toute impunité.
Même si je n'ai pas sincèrement apprécié cette lecture, elle peut avoir un plus grand impact chez quelqu'un qui n'est pas spécialement informé ou qui est passionné par le sujet. Ce qui m'a plu, en revanche, c'est le fait d'avoir le point de vue d'un afro-américain qui nous partage ses expériences, traumatisantes parfois. C'est un vrai témoignage, poignant et touchant, surtout quand l'auteur explique à son fils qu'il se sent vulnérable et a peur pour lui, qu'il devra lui aussi se battre toute sa vie pour survivre et se faire une place dans ce monde.
Je détaille plus dans ma vidéo, disponible sur ma chaîne youtube (@revues_livresques).
C'est l'histoire d'un jeune esclave, plus communément appelé un "asservi" dans ce roman.
Fils bâtard du maître et d'une mère esclave dont il a été séparé, il un don.
Un talent mystérieux que le réseau, organisme clandestin qui œuvre pour libérer les esclave, espère qu'il mettra au profit de leur combat.
D'une écriture envoutante, Ta-Nehisi Coates raconte le destin de ces hommes et femme opprimés, assujettis mais déterminés à trouver la liberté.
Plus que les tortures, la douleur la plus criante est la séparation des familles, des époux, des enfants et des parents.
L'auteur hurle cette souffrance là.
Il a des passages poétiques, presque mystiques.
L'écriture est dense, très dense et élégante.
Ta-Nehisi Coates s'est éloigné de la non fiction pour ce premier roman ; c'est une réussite.
Lu dans le cadre du prix du Livre de Poche 2023
Avant de participer au prix Audiolib, je n’avais jamais entendu parler de ce roman qui m’a fait forte impression, que ce soit en raison des thématiques abordées, des personnages ou de la plume de l’auteur aux qualités littéraires indéniables. Car sans jouer sur le pathos tout en restant proche des protagonistes, et donc des lecteurs, Ta-Nehisi Coates arrive à nous faire ressentir une large et intense gamme d’émotions, de la révolte pure, à l’admiration en passant par la compassion, mais aussi le dégoût de ces hommes qui se sont arrogé le droit de vie et de mort sur d’autres en raison de leur couleur de peau.
Dans ce roman, l’auteur dépeint toute l’horreur d’un système esclavagiste basé sur l’exploitation des Noirs par les Blancs. Des Blancs qui traitent les Noirs comme des bêtes immatures tout juste bonnes à travailler encore et encore pour qu’eux puissent se baigner dans la luxure et l’oisiveté. À cet égard, le demi-frère mal dégrossi d’Hiram est un symbole à part entière. Blanc et fils légitime, il jouit de tous les privilèges que sa couleur de peau lui octroie quand Hiram, fils d’une esclave, doit se contenter de le servir et de veiller sur lui. Une injustice parmi tant d’autres qui m’a révoltée et brisé le cœur.
Racisme, trahisons, mensonges, chasses à l’homme, viols, violences physiques et morales, la pire étant peut-être celle consistant à séparer des familles afin de répondre à la loi de l’offre et la demande comme si un être humain était une marchandise comme les autres… D’ailleurs, ne parle-t-on pas de titre de propriété dans les plantations où sont enchaînés tant d’hommes, de femmes et d’enfants ? Certaines choses sont très dures à entendre, a fortiori quand on sait qu’elles sont tirées d’une histoire pas si lointaine que cela, et que le roman est basé sur la vie d’une famille ayant réellement existé. La danse de l’eau contient néanmoins aussi de beaux moments emplis d’amitié, de solidarité, de complicité, d’amour sous différentes formes, de connivence, d’échanges…
Parmi les personnages, j’ai été particulièrement touchée par Hiram, ce jeune homme courageux et droit qui fera de son mieux pour faire avancer la condition des gens qu’il aime, mais aussi des autres esclaves. Ainsi, après des péripéties et des désillusions, il va intégrer un mouvement clandestin abolitionniste qui n’est pas parfait, mais qui apportera un vent de révolte nécessaire pour briser le mur de l’oppression. Il y rencontrera notamment une figure de la lutte contre l’esclavage, Harriet Tubman impressionnante de détermination ! Le réseau permettra également à Hiram de prendre la pleine mesure de sa force et de l’étendue de son surprenant don. Car sa mémoire prodigieuse, qui lui permet de tout retenir, n’est pas son seul et plus grand atout…
Je n’en dirai pas plus sur cet élément original que je n’avais jamais rencontré dans un roman, mais j’ai adoré en apprendre plus sur celui-ci, en tester les limites et découvrir comment il va aider Hiram dans sa lutte pour la liberté. Au fil des pages, le jeune homme gagne en force, mais finit également par réaliser l’importance d’aimer sans avoir envie de posséder, grâce, entre autres, à une jeune femme tout aussi résiliente et déterminée que lui. D’ailleurs, si Hiram se révèle attachant bien qu’avare quand il s’agit de partager ses sentiments, la galerie de personnages secondaires ne manque pas d’intérêt. J’ai, pour ma part, été très touchée par une femme en apparence froide, mais bien plus tendre qu’on pourrait le penser. Plus on en apprend sur elle, son passé et toutes ces épreuves que les Blancs lui ont fait vivre, plus on se prend d’affection pour cette survivante d’un système qui broie tout sur son passage !
Quant à la voix du narrateur, je l’ai trouvée extrêmement fidèle à la représentation que je me suis faite d’Hiram au fil des pages. À moins que ce ne soit le ton posé, mais ferme d’Alex Fondja qui m’ait aidée à former une image précise d’un jeune homme courageux qui s’affranchira d’un système oppressif pour venir souffler un vent de liberté communicatif…
En conclusion, La danse de l’eau est un roman puissant dont le titre prend tout son sens à mesure que l’on se plonge dans l’histoire d’Hiram, un jeune esclave qui va affronter bien des épreuves avant de s’approprier son don unique et un passé qui s’était dérobé à sa mémoire. Intense et parfois très dur de par la violence historique à laquelle il nous confronte, ce roman n’en demeure pas moins porteur d’espoir et de beaux instants d’amitiés et d’amour sous différentes formes. Une histoire de courage conjuguée au pluriel et de lutte pour la liberté !
Plongez dans la Virginie la veille de la guerre de sécession dans les champs de tabac. Hiram est un esclave, fils d’une esclave (une asservie) et du maître des lieux (un distingué). C’est sous les yeux d’Hiram qu’on entre dans ce monde hiérarchisé, où les asservis sont déshumanisés, vendus, séparés des leurs, bradés, victime de la volonté et mesquinerie des blancs. On le suit dans ce Sud où il découvre le réseau clandestin qu’il intègre. Il se rend dans des États du Nord où les noirs, libres, peuvent prospérer.
Si le sujet traité est classique, il y est traité sous un angle original avec un personnage particulier. Hiram a un don, un pouvoir mystérieux transmis par sa mère, la conduction. Il peut ainsi se transporter d’un endroit à un autre grâce à l’eau. Mais attention pas de science fiction non plus.
Grâce à ce don, l’auteur intègre quelque chose de mystique et de poétique. Le lecteur intégre et rythme parfaitement cette poésie. J’ai beaucoup aimé l’évolution de ce personnage qui peut paraître un peu naïf au début mais dont le regard sur les conditions de vie des noirs dans le Sud ou dans un État du Nord permet de le placer en tant qu’observateur puis son évolution vers la volonté d’agir pour la cause.
C’est aussi l’Histoire que l’auteur aborde de manière particulière en mettant l’accent sur les familles séparées par les distingués, exprimant l’indifférence totale. Cette approche rend souvent le récit bouleversant, sans exagération. Toutes ces émotions sont transmises par le lecteur à la voix grave, posée et qui colle parfaitement à cette histoire qu’on peut écouter comme un conte.
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