"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avis complet : http://vibrationlitteraire.com/2016/04/02/ravie-sylvie-ohayon/
Nous suivons donc Raphaëlle “avec-deux-ailes”, la quarantaine, bourgeoise jusqu’au bout des ongles, mariée, 3 enfants. Au début, j’ai eu l’impression de suivre une ombre pleine de rage et de jalousie. Elle n’a jamais travaillé, elle est totalement immature, elle ne fait vraiment pas son âge lorsque l’on s’immisce dans ses pensées, c’est déroutant. Ses plus grands choix réalisés dans sa vie concernent surement ses virées shopping. Raphaëlle incarne la parisienne au compte en banque bien rempli et à la tête vide. Elle sait dépenser, prendre et briser mais pas donner, gagner ou réussir.
Enfant brisée, élevée à l’argent, Raphaëlle traîne avec elle son immense carence affective. Elle survit depuis toujours. Cette femme est hautaine, arrogante, superficielle. Elle peut franchement agacer au départ, jusqu’à ce que l’on découvre ce qui se cache derrière ses diamants aux multiples carats : une béance au fond de son cœur qui n’a jamais pu être comblée. Elle en devient attachante je trouve. On ne lui a appris à aimer que l’argent et uniquement l’argent. Avec des parents clairement défaillants comme modèle, Raphaëlle a fini par elle aussi briser son mari et ses enfants.
Olivier, son mari est la première victime de l’immaturité affective de sa femme. Il lui a tout donné, elle lui a fait les pires coups possibles. Il était sa certitude de confort, sa petite famille rangée qui l’attendait sagement à la maison alors qu’elle le trompait avec tout Paris. Les enfants, élevés par la bonne, brisés par leur mère, se retrouvent à survivre en pleine zone sinistrée..
Lorsque son mari la quitte, le monde de Raphaëlle s’écroule : elle décompense. Avec ses troubles de la personnalité certains, sa jalousie maladive vise Cindy, la secrétaire qui a toutes les attentions de on mari. Elle sombre alors dans la dépression pendant plusieurs années, alternant entre clinophilie et volonté de se venger. Elle échafaude un plan machiavélique qui ne se déroule évidemment pas comme prévu…
J’ai trouvé que la psychologie de Cindy était très intéressante elle aussi. Appréhendée comme une fille simple, elle est pleine de secrets et relativement instable. Elle n’hésite pas à employer des mesures exceptionnelles lorsque cela lui semble nécessaire. Elle est presque plus effrayante que Raphaëlle avec son double visage.
Ce livre, c’est l’arroseur arrosé. C’est une femme qui découvre le monde et évolue au bout de 45 ans, qui ne part de rien; une âme torturée par une carence affective, une béance au creux de son cœur qu’elle essayait de remplir de fêtes et d’amants sans jamais se sustenter. Cette histoire, c’est celle d’une femme qui croyait tout savoir mais qui apprend tout. Une femme dans la fleur de l’âge qui régresse à l’état d’enfant, de bébé, qui a besoin qu’on s’occupe d’elle constamment car personne ne l’a jamais fait quand il le fallait.
Je trouve que le résumé ne rend pas justice à la véritable histoire. Ce livre, c’est le récit de la vie de plusieurs personnages : Raphaëlle, Olivier, Cindy mais aussi Steven, Loulou, Agathe, Arthur, Léandre, Charlotte et Raphaël. Leurs destins s’emmêlent et s’entremêlent dans un enchaînement constant de moments de bonheur et d’autres de malheur. J’ai eu comme une impression de montagnes russes à la lecture de ce livre devant l’alternance des deux types. Le suspense devient même étouffant à la fin, on n’en peut plus, on demande à respirer après toute la lourdeur des sujets évoqués.
Raphaëlle va refaire sa vie et Steven va l’y aider. Je ne sais toujours pas quoi penser de ce personnage que j’ai trouvé bien et détestable à la fois. Raphaëlle va comprendre de nombreuses choses et commencer enfin à vivre.
Le récit comporte plusieurs longueurs, j’ai été un peu perdue dans cette histoire compliquée qui part un peu dans tous les sens. L’auteure en rajoute sas cesse et on se demande quand ça va bien pouvoir s’arrêter. On redoute le pire pour la fin. De plus en plus d’événements horribles s’accumulent pour nos protagonistes, entrecoupés de courts moments de bonheur.
Cet étouffement durant la lecture est surtout du aux trop nombreux thèmes extrêmement lourds évoqués en même temps. Cette histoire évoque la dépression, les troubles de personnalité au sens large (état limite, obsessionnel, dépendant, etc), l’inceste, la pédophilie, la mort, le divorce, la place des enfants dans une famille, la vieillesse, l’amour et le désamour mais aussi la violence conjugale, le pardon, le viol, la rédemption, l’homosexualité, la vengeance, les différences entre les classes sociales… C’est ULTRA difficile moralement à lire !
Souvent les livres traitent d’un ou deux sujets à la fois. Là, on les a tous en même temps, dans une même vie… C’est un peu trop. Je me suis souvent dit que l’histoire racontée dans le résumé pouvait s’arrêter à un moment, mais non ça continuait avec quelque chose d’autre d’horrible et je me demandais quand ça allait bien pouvoir cesser. J’aime bien les histoires qui finissent bien, pas celles qui finissent à 3/4 mal.
A côté de ça, le style d’écriture est absolument génialissime. J’ai adoré. A la fois cru et poétique, plein de métaphores, de jeux de mots, ce livre ne peut laisser indifférent. J’aurais, au départ, voulu photographier chaque phrase comme une citation à vous remettre dans cet article tellement tout était vraiment bien écrit !
En conclusion, j’ai apprécié cette lecture et la recommande à des lecteurs avertis. L’écriture est à tomber, on s’en délecte à chaque page. Cependant, les thèmes abordés sont lourds et très nombreux, le parcours de vie de Raphaëlle est clairement chaotique, ponctué de légers instants de bonheur.
J’en suis ressortie toute chamboulée, perdue, pas très bien en fait. J’ai apprécié ma lecture mais elle m’a vraiment retournée !
J’ai aimé : L’écriture très énergique, le ton tellement décomplexé, et l’impression parfois d’être une confidente auprès de laquelle l’auteure se livre. L’autocritique sévère dont est capable Sylvie Ohayon et l’abandon dont elle fait preuve parfois sont clairement émouvants.
J’ai moins aimé : La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée par l’auteure à une série de portraits de bourgeoises. On sourit, on rit franchement, on s’indigne, on écarquille les yeux parfois, et puis au bout d’un moment on n’en peut plus. Les travers et revers des bourgeoises nous sont détaillés jusqu’à l’écœurement.
On en ressort : Essorés, comme sortis d’un tourbillon, celui d’une battante qui avance malgré les bourrasques et les excès auxquels elle est confrontée.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire , trop de longueur et de lourdeur en première partie de livre. J'ai même été tentée de le reposer et de passer à autre chose (tant de livres à lire) , je ne l'ai pas fait car de manière générale je n'aime pas commencer un livre et ne pas le finir. Bon certes, il fallait poser le décor et tout mettre en place mais je reste sceptique sur le nombre de pages pour le faire. Cela dit, une fois la première partie passée ça devient plus intéressant, on commence à mieux situer chaque personnage et là où veut nous mener l'auteur.
Ce livre évoque des thèmes lourds différences de classes sociales, tromperies, vengeances, violence, agression, la dépression, l'homosexualité mais aussi réconciliation, changement, rédemption. Ce qu'il faut noter aussi c'est que c'est très bien écrit beaucoup de métaphores et l'on a l'impression que chaque mot est réfléchit que l'effet en est mesuré. La construction des phrases et les mots choisis sont percutants , cela nous donne à réfléchir sur quelques sujets. Je pense que ce style ne plaira pas forcément au plus grand nombre et que ça sera tout ou rien, soit on aime soit on déteste. Et je trouve ça très positif pour un livre qu'il ne laisse pas indifférent.
VERDICT
Plaira à des lecteurs qui aiment les mots et les belles métaphores et ceux qui aiment les trios amoureux, les thèmes évoqués plus haut et l'aspect psychologique dans les romans.
https://revezlivres.wordpress.com/2016/03/29/ravie-sylvie-ohayon/
J'ai beaucoup ri. Des phrases au scalpel et beaucoup de tendresse par ailleurs.
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