Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
L’écrivaine Sandrine Roudeix donne le ton dès le deuxième chapitre : elle nous invite à prendre un chemin abrupt, parsemé de pierres avec plus d’épines que de roses. Mais le lecteur ne fera pas demi-tour, bien au contraire. Dans les racines d’autofiction et sous la canopée livresque des allées s'ouvrent, des petites graines se déploient, grâce au meilleur fertilisant de la littérature : l'écriture.
Le père de Sandrine n’est pas inconnu mais il n’a jamais voulu la reconnaître. Elle ne savait rien de lui, l’histoire avec sa mère a été plus qu’éphémère, « une conception dans les cendres de l’histoire ». Le destin fait qu’un jour elle retrouve sa trace, renoue avec lui pour qu’à nouveau – après un petit début de route ensemble – ils se séparent. Deuxième chute, deuxième blessure, deuxième abandon. Vingt ans plus tard, lors d’une séance de dédicace, un inconnu prononce le nom de son père. Troisième chute. Tenter de panser les cicatrices par un jeu de pistes dans sa mémoire et par l’écriture ; en parallèle ses séances avec le psychiatre, souvent déconcertantes.
Sandrine c’est l’histoire d’une femme qui veut s’affirmer dans une forêt vierge de filiation paternel. Sandrine c’est une histoire qui interpelle, qui émeut, qui rassemble. Sandrine c’est une écrivaine qui trace l’encre des mots selon l’intensité de la douleur, du manque, des ombres… pour attraper un morceau de soleil dans son espérance de femme adulte.
Ce roman est un terreau où jaillissent les mots, les métaphores. Un exemple. Loin du romanesque mais au cœur de l'humain. Sensible, authentique. Poétique.
Le domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/11/noisette-intime-le-silence-des-ogres.html
Assia et Franck s’aiment. Ils vivent ensemble, mais l’amour n’est pas tout et au fil des jours, la cohabitation s’avère parfois difficile. Assia, est fille d’immigrés marocains, elle a toujours eu besoin d’affirmer sa place, son rôle, et certaines remarques la laissent à fleur de peau. Franck vient d’une famille dans laquelle on ne se parle pas. Difficile alors d’imaginer un dialogue fluide entre ces deux-là. Et ce soir, après une phrase malheureuse d’Assia, la dispute est bien au-delà d’un échange tendu, ils sont arrivés au bord de la rupture.
Dans une unité de temps et de lieu, cette soirée devient un mouvement de bataille, une montée en puissance du conflit avant la guerre aussi dévastatrice que définitive. Le repli d’abord, l’approche ensuite, puis l’assaut avant l’attaque.
L’autrice fait de cette soirée un moment de bascule avant l’explosion. Mais sauront-ils s’arrêter à temps ? Car la relation de couple, comme la relation amoureuse en général, n’est jamais un long fleuve tranquille. Fatigue, frustration, paroles malheureuses, cadre de référence dans lequel chacun a évolué, colère, désir, peur, envie, doute, sont autant d’éléments qui peuvent faire basculer un moment délicat en guerre ouverte.
J’ai trouvé la thématique intéressante, en particulier l’exploration et la finesse dans l’appréhension des sentiments et des tourments au plus intime. J’ai aimé l’écriture singulière, tout comme l’idée du roman. Pourtant je n’ai pas vraiment réussi à ressentir des émotions au contact d’Assia et Franck. Comme si l’intensité de leur combat les avait tenu trop loin de moi, à l’écart du monde dans leur bulle de rancœur et de violence, de certitude et d’individualisme. Mais peut-être est-ce commun à une certaine jeunesse d’aujourd’hui, individualiste et qui rêve de liberté avant de penser à vivre en couple. Pourtant ce n’est pas seulement parce qu’on s’aime que la vie à deux est facile, c’est un long chemin et un véritable travail sur soi qu’il faut faire chaque jour.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/05/05/pas-la-guerre-sandrine-roudeix/
Sur l’étendue d’une nuit.
Juste elle et lui. Et leurs pensées, puis leurs paroles, et l’explosion finale.
C’est un texte dont la tension de la dernière partie s’est immiscée en moi jusqu’à m’empêcher de fermer le livre avant le dernier point. Mais où vont-ils en arriver?
Ouvrez le, lisez le, et vous serez emportés.
Pas la guerre se déroule sur quelques heures à peine, le temps d'une dispute entre Assia et Franck.
Ils sont jeunes, ils sont amoureux et ils viennent d'emménager ensemble. Mais depuis le début de leur cohabitation, les choses sont moins simples, moins belles, moins fluides, les disputes s'enchainent, jusqu'à celle-ci, explosive.
Assia est fille d'immigrés, l'intégration est un problème auquel elle doit faire face depuis qu'elle est en âge de comprendre ce que le mot signifie. Franck a grandi auprès de parents qui ne le comprenaient pas et ne parle plus à son père depuis des années.
Cette énième dispute va faire voler en éclats les acquis sur lesquels leur couple reposait.
La construction du roman est maitrisée.
Découpé en trois parties, comme autant de mouvements dans une bataille, Pas la guerre ramène la dispute du couple à un véritable affrontement entre belligérants. Le texte est rythmé, l'écriture tumultueuse, à l'image des pensées qui tournent dans les têtes d'Assia et Franck.
Chaque chapitre se rapporte à l'un des deux et porte la trace de son narrateur, revendicateur pour Assia, plus brut pour Franck.
De mon côté, je n'ai pas réussi à entrer en empathie avec les personnages, et l'histoire n'a pas su me retenir, malgré une belle plume que j'avais déjà appréciée dans Tout ce qu'il faut d'air pour voler.
Je ressors donc mitigée de cette lecture.
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Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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