Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
A la mort de sa mère, Ana, 15 ans, part vivre avec son père, qu’elle connaît peu. Il est archéologue et étudie l’occupation humaine sur les territoires de la forêt amazonienne, remettant en cause l’idée de forêt primaire. Il prouve que cette humanité existe depuis des milliers d’années, vit au rythme de la forêt, la fertilise et l’entretient, produisant cette terre noire, si parlante pour un archéologue !
Le dépaysement et le sentiment de solitude sont poussés à l’extrême pour la jeune fille, d’autant plus que les indiens ne savent pas tous parler le brésilien ! Rapidement elle va trouver ses marques et nous allons partager son quotidien d’adolescente pas si déracinée que l’on aurait pu le croire.
Pas de folklore, pas de manichéisme mais une juste relation de la vie des indiens du Xingu, leurs coutumes et leur quotidien, les rites liés au passage à la vie adulte.
La fille du chef a le même âge qu’Ana mais alors qu’elle-même n’est encore qu’une enfant, alors que Kassuri va vivre recluse une année entière avant d’être femme. Il n’y a pas de jugement dans le comportement d’Ana, c’est plutôt intéressant et agréable de découvrir qui sont réellement ces peuples d’un point de vue personnel et nous la suivons dans cette immersion.
J’ai moins apprécié la partie où elle est étudiante à Paris, ce qui me semblait une incongruité, mais satisfaite qu’elle décide de repartir dans la tribu où elle se sentait chez elle, à sa place, et découvrir les ravages du modernisme !
Un premier roman sensible et de qualité !
#Terrenoire #NetGalleyFrance
Agée de 15 ans, Ana vit seule avec sa mère à Sao Paulo, quand celle-ci meurt brutalement. La vie de cette adolescente introvertie bascule alors à tous points de vue. Son père la récupère et l’emmène sur son lieu de travail un peu particulier : un terrain de fouilles archéologiques situé dans le Xingu, dans l’Etat du Mato Grosso en pleine Amazonie brésilienne. Sa mission consiste à chercher, dans cette région de terre noire*, des traces de présence humaine antérieure à l’arrivée des Blancs.
Hébergée avec son père dans une tribu indienne, Ana en découvre la vie, les rites et coutumes, les rapports humains et ceux avec la nature. Dans ce contexte, la jeune fille blanche apparaît évidemment étrange et maladroite, mais elle s’y sent mieux acceptée que dans son école à la ville.
Le séjour d’Ana dans le Xingu sera bref, mais suffisant pour la marquer à vie. Elle y retournera d’ailleurs une quinzaine d’années plus tard, alors qu’elle est étudiante à Paris. Elle découvrira que les choses ont bien changé : la forêt brûle, il n’y a plus de poissons dans les rivières dont l’eau est détournée pour drainer l’agriculture intensive, le tourisme tend à devenir massif et le territoire et les droits des Indiens de plus en plus étriqués.
« Terre noire » est un roman d’apprentissages multiples pour Ana, qui doit apprendre le deuil, à vivre sans sa mère et avec son père dans un environnement totalement inconnu et différent, à ces moments critiques que sont l’adolescence et l’éveil des sens. Ce séjour en Amazonie s’avère littéralement un rite de passage à l’âge adulte.
Alternant constamment entre passé et présent, première et troisième personnes du singulier, ce texte nous immerge, à travers les yeux d’Ana, dans la vie d’une tribu amazonienne, avec un naturel confondant, sans la moindre trace d’exotisme ou de condescendance post-coloniale. L’auteure sait manifestement de quoi elle parle (avec un amour profond) quand elle décrit cet univers de rites ancestraux, riche en mythes et qui sait depuis toujours comment vivre en accord avec le vivant non humain. Sans pour autant pousser jusqu’au pamphlet, elle laisse aussi transparaître tout son ressentiment quant à la déforestation, les expropriations, la pollution,…, bref tous les dégâts causés par cette « civilisation » particulièrement ravageuse qui est celle des Blancs avides d’argent et de pouvoir.
Un premier roman sensible, qui parle avec beaucoup de justesse du deuil, de la transmission, et des bouleversements, tant ceux du corps et de l’intime, que ceux de la société indienne et de la nature, pour le meilleur et pour le pire.
*terre noire (terra preta en portugais) : type de sol de la forêt amazonienne, créé par l’activité humaine depuis l’époque précolombienne, et très fertile en raison de la présence notamment de charbon de bois, de matière organique, de nutriments, de tessons de poterie (source : Wikipédia).
En partenariat avec les Editions Métailié.
La rentrée chez les Editions Métailié est décidément bien brésilienne, et résolument féminine ! Cette fois-ci, le texte nous vient d’une autrice, Rita Carelli. Il s’agit de son premier roman en revanche elle exerce déjà ses talents d’écrivaine en tant que plume officielle d’un homme politique indien et dans la littérature jeunesse. C’est par ce dernier biais d’ailleurs qu’elle s’est d’abord consacrée à l’Amazonie et ses groupes ethniques, sujet au cœur de ce roman. Terre noire se réfère en effet à la terre fertile que l’on trouve en Amazonie sur les terres indigènes, des terres très riches, mais également pures, exemptes de toute pollution urbaine.
C’est l’histoire d’Ana, fille de parents séparés, qui vit avec sa mère à São Paulo. Lorsque cette dernière décède brutalement, son père archéologue vient récupérer sa fille pour l’emmener là où il vit et travaille, au milieu d’une tribu indigène dans le Xingu. Le parc indigène du Xingu se situe dans le nord-est de l’État du Mato Grosso, dans le sud de l’Amazonie brésilienne. En alternance avec ces chapitres qui se concentrent sur la nouvelle de l’adolescente, on retrouve une Ana plus vieille d’une quinzaine d’années qui vit à Paris dans un minuscule studio, au beau milieu d’une préparation de thèse, avec un petit ami insignifiant. La vie de la jeune Ana de quinze ans, trimballée comme une valise avec un père qu’elle connaît à peine, va changer du tout au tout, avec cette mère morte remplacée par un père qui naît à peine dans son rôle de géniteur et au beau milieu de la forêt, loin du confort, des us et coutumes de la vie urbaine. Ana va devenir Anakinalo, nouvelle venue vite adoptée par cette grande famille tribale, où le chef et son père se considèrent comme frères, où elle s’initie peu à peu à la vie tribale.
Cette vie en Amazonie ne semble avoir été qu’un épisode transitoire de sa vie puisqu’on la retrouve plus tard en France. Mais c’est une Ana empreinte d’une autre maturité, qui s’est totalement fondue dans la culture, qui la respecte et l’étudie, et qui lui a appris à voir la vie autrement que par les yeux de la citadine qu’elle était. Pour cela, il a fallu se dénuer des a priori, de ses repères et apprendre, d’abord à dormir dans un hamac. Cela veut dire, vivre dans le milieu qui est devenu le sien, en cohésion avec sa faune et sa flore : et là, c’est l’occasion de critiques envers l’action gouvernementale dévastatrice et xénophobe qui tend à vouloir tout détruire dans sa détestation des peuples indigènes. De la vénalité de ces mêmes gens qui convoitent avec avidité ces terres fertiles, Terra preta ou Terra preta do índio, qui sont étudiées par les archéologues du monde entier, et par le père d’Ana en premier lieu.
C’est l’apprivoisement du deuil pour cette jeune fille qui vit avec ses premières menstruations, et l’apprentissage d’une nouvelle forme de vie en contact direct avec le sol, la forêt, l’eau et leurs populations animales. Tout le contraire de ce que proposent la vie urbaine, et ses politiques, chacun planqué chez soi ou dans son bureau cherchant à trouver la meilleure façon pour accroître ses biens. Une forme de vie dépouillée, aux valeurs familiales et claniques fortes, profondément attachée à la terre qui l’accueille et la nourrit, à une vie spirituelle où les anciens, les défunts, les esprits sont loués, à une vie spirituelle forte, loin du matérialisme des centres urbains. Et cette terre noire, qui naît de la coexistence symbiotique des indigènes avec la forêt, semble prouver le bon fonctionnement de leur mode de vie, le seul qui ne détruit et ne pollue pas tout, mais au contraire produire un sol d’une richesse inégalée.
Ce roman s’inspire aussi de la vie personnelle de Rita Carelli , qui elle-même a passé une partie de son enfance au sein de populations tribales, sa mère exerçant la profession d’anthropologue, son père celle de cinéaste. C’est avec son expérience personnelle que ces personnages indigènes ont été créés, mais elle sert également surtout de biais de transmission de la cosmologie de ces peuples, de leur vie rituelle, collective. C’est une œuvre de transmission aussi, celle de sa passion pour ces indigènes qui n’ont pas forcément la présence dans la littérature qu’elle peut avoir, de son expérience, de leur savoir. Une transmission qu’elle transcrit également à travers cette relation du père et de la fille, qui a vraiment pu se concrétiser au sein de leur vie tribale, celle qui a la force de maintenir ces liens indéboulonnables entre membres, entre les membres et individus extérieurs qui s’inscrivent dans leur giron. En témoigne la relation fraternelle du chef et de son père, que rien ne réunit à part leur statut d’humanité.
Si l’on reprend le titre en portugais Terrapreta, il s’agit de l’unification tout à fait personnelle de l’autrice de deux termes Terra preta, une terre où elle a voulu nous emmener, pour peut-être repenser une autre forme d’être au monde...
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