Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
Elliot, bientôt 30 ans, revient habiter à Cholet, dans la maison de son grand-père actuellement à l’EHPAD. Il a été blessé à une jambe lors d’une manifestation. Il n’a plus de travail et compte bien ne rien faire tant que ses maigres économies le lui permettront. Il traîne dans la galerie du Carrefour à côté de chez lui, notamment au bistrot le Balto. Il va y croiser Lulu, caissière, 60 ans, percluse de douleurs aux articulations. Une amitié naît entre eux. Autour d‘eux gravite toute une galerie de personnages : William l’agent de sécurité, Josie l’employée de ménage, Franck le syndicaliste, Félix l’opticien qui plaît bien à Elliot, etc. Des gens auxquels on peut s’identifier ou qu’on peut croiser dans notre vie.
Malheureusement l’arrivée de la Covid et du confinement l’oblige à rester chez lui. A part les coups de fil de sa sœur jumelle, il ne se passe pas grand-chose. On les suit durant une année, de la saint-Sylvestre 2019 à la St-Sylvestre 2020, période traversée par la Covid avec encore la présence des gilets jaunes au début.
Les paragraphes alternent entre les points de vue d’Elliot et de Lulu sans changer de chapitre. Les deux voix se mêlent. On est plongé dans la vie d’une zone, d’une grande surface. Le roman est entrecoupé d’extraits de discours d’Emmanuel Macron et de communications de la direction du supermarché. L’auteur n’est pas tendre avec le Président ou les politiques de Cholet. C’est très ironique et drôle.
Les lieux sont réels. L’auteur y a vécu. Il a inséré une carte de la ZAC de Cholet au début du roman, petit clin d’œil à Tolkien. Mais bien sûr cette zone ressemble à toutes les zones de France. Sorte de roman sur les gens invisibles, on s’attache aux personnages alors que leur vie n’a rien d’exceptionnelle. Le ton est léger et rythmé. Antoine Philias parle des conditions de travail dans la grande distribution alimentaire et ça ne fait pas rêver. Et pourtant on se surprend à tourner les pages encore et encore. Un roman social qui sonne juste, très lucide, très bien construit et surtout très humain ! Un conseil, ne passez pas à côté de ce livre moins médiatisé de la rentrée littéraire.
Une histoire d'amitié, des histoires de famille autour d'un centre commercial.
Un roman humain, tendre mais sans complaisance sur le monde du travail. Pas de héros, pas de grands rebondissements dans ce livre mais des êtres qui (sur)vivent au quotidien, s'interrogent sur leur avenir.
Caustique, ironique, rythmé et très drôle. Chacun se reconnaîtra à un moment donné.
Certes, c’est un ouvrage qui se passe au cours de l’année 2020 (entraînant ainsi un rappel « covid »et « confinement »), mais il y a aussi un aspect social qui m’a beaucoup plu.
Deux êtres, à la vie sans paillette et sans travail intéressant, se rencontrent dans une zone commerciale de la ville de Cholet.
S’en suivront des échanges sur la famille, les combats sociaux, la routine d’être caissière, l’absence de volonté de travailler et la difficulté de vivre ... tout simplement.
C’est un roman agréable à lire.
Point positif : j’ai beaucoup apprécié que les chapitres correspondent à une date précise, liée à des fêtes
Petit bémol : j’ai un peu confondu les personnages secondaires à un moment.
Pétri d’humanité, essentiel, d’une merveilleuse intelligence, « Plexiglas » est un récit engagé, dont la sociologie est un cahier du jour d’une sincérité radicale.
Cholet lève ses miscellanées. Ville entre centres commerciaux, vaches dans les prés au plus près du flux consumériste.
On s’attache d’emblée à l’admirable écriture. Ce pourrait être une trame journalistique, géopolitique.
Nous sommes au cœur même de Cholet dans le Maine et Loire. Cette ville œuvre à l’histoire contemporaine, réelle, au plus près de nos regards et de nos observations.
« Plexiglas » est l’acuité d’une mise en abîme irrésistible, touchante et intègre.
Une déambulation capitale et loyale, le plan en main.
Haut les cœurs !
Antoine Philias est né à Cholet. Ne doutez jamais de l’authenticité de ce récit résurgence. Il est le pain pour la faim et l’eau pour la soif. Antoine Philias rassemble l’épars. Le charme d’une histoire comme une galette des rois en partage. Les protagonistes nous frôlent. On ressent d’emblée de l’empathie, un rayon de soleil sur notre épaule. Ce livre est une valeur sûre qui explore les thématiques, les diktats du monde du travail et plus encore. Un corps à corps avec Antoine Philias et Elliot qu’on aime de toutes nos forces. Tous dans cette ville œuvrent au bien commun, petites mains invisibles, essentielles et lumineuses.
Elliot revient dans l’antre de son enfance. Qui plus est dans la maison natale celle de son grand-père. « Grand, jeune, curieux, et pas contre un peu d’émerveillement, Elliot passe les portes automatiques et se mêle à la galerie. Enfant, il venait du moins une fois par semaine. Se souvient même de l’époque où carrefour s’appelait Continent… Y déambulant, Elliot oublie sa fin d’année misérable, le trou dans son porte-monnaie et son retour à Cholet ».
Le 5 décembre il s’est blessé. Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Rennes. Fragilisé, il revient dans cette ville, espérant trouver la réponse à sa quête de vie.
Le roman est cyclique. Les pages tel un éphéméride, mouvements d’ailes et d’eux, les employés, ouvriers, les sans et les plein d’âme et de bonté.
« Plexiglas » survole cette région entre le passé et maintenant. Cholet, Trémentines, La Séguinière, Le May-sur-Èvre, etc.
Les mutations, les bouleversements de la Zac de Cholet pour toile de fond, de nostalgies ou de désirs. Les transformations urbaines explicites et riches de sens. Ici, gravitent des personnages exemplaires d’endurance. Les souffrances des disparités sociales. Carrefour est un emblème. Le symbole qui retient dans ses mains les employés dans l’ombre.
On aime Lulu, la soixantaine, les mains gercées, femme ridée et vaillante, qui connaît par cœur les habitus de Carrefour. Elle est hôtesse de caisse ou caissière. Au choix de la clientèle. Elle est l’hôte du livre. Le visage d’une pauvreté dont elle cueille les étoiles.
L’auteur tire les ficelles. Il sait et connaît les fragiles espoirs, les difficultés pour vaincre les inégalités. Employés qui vont être jetés en pâture dans l’ère Covid, qui va mener une guerre aux travailleurs essentiels. « Plexiglas », les soldats sur la ligne de front, près à prendre des risques. Instaurer des codes de batailles. Sans masque, sans aucune pratique de ce virus qui bouscule les coutumes et les apparences. Le roman fait la courte échelle, dévorant et sublime. Mois après mois, les protagonistes deviennent nôtres.
« J’ai envie de te prendre dans mes bras, mais je ne sais pas si je vais pouvoir ». « Situé entre la D158 et Jardiland, l’étang de la Godinière semble un oasis au milieu du béton ». « Elliot a beau être reconnaissant, il n’est pas revenu à Cholet pour habiter La Séguinière ».
Elliot, au fil des jours d’un évènementiel froissé comme du papier cadeau, dans les entrelacs des amitiés vives des collègues dont pas un secret ne lui échappe, va franchir sa voie de traverse. Le roman est une cartographie apprenante et semble la meilleure des camaraderies. Les signaux vifs d’une analyse d’un territoire avec une loupe, un cœur et le don inné d’exprimer les gestuelles, les caractères, les routes et les mutations citadines.
« Un an et demi après son départ, un mois après sa mort, c’est acté : la maison et le terrain de Papy appartiendront dès octobre au promoteur Sopic ».
« On croise peu de monde dans le bourg de la Séguinière. Encore moins un jour férié confiné ».
« Quand le Covid sera fini, elle ouvrira son salon. A déjà repéré des locaux, soit un ancien cabinet de kiné sur la route de Tiffauges, soit à côté d’Intermarché à Cholet ».
« Ça fait longtemps qu’on ne peut plus qualifier La Séguinière de campagne. Les exploitations agricoles se font aussi rares que les lotissements gagnent du terrain. Quand un village devient cité puis dortoir, il faut de la place ».
On aime l’exaltante fraternité qui apaise et berce les tendresses. « Plexiglas » métaphore des inégalités, des barrières mentales qui enserrent les êtres et refusent la moindre ouverture de ce quart-monde rural.
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