"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Il semblerait qu’à SambaBD, je sois celui qui s’intéresse le plus à la Politique. Résultat, cet ouvrage sur les péripéties mitterrandiennes des années 50 avait toutes les chances d’atterrir sur ma PAC (Pile à Chroniquer). A vrai dire, je ne le regrette pas car il s’agit sans conteste d’une lecture des plus enrichissantes.
En effet, des trois affaires au centre de cette BD, je n’en connaissais qu’une seule, et encore, de nom seulement. Bien sûr, l’intitulé de « faux attentat de l’Observatoire » associé au nom de notre ancien Président ne laissait guère de doutes sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, mais, ne m’étant jamais vraiment renseigné plus que ça, j’étais vierge de toutes connaissances à son sujet.
Eh bien, grâce à Mitterrand et ses ombres, cette lacune est maintenant comblée. Et plutôt trois fois qu’une puisque, comme l’explique le Président en fin de règne du début de cette histoire, les trois affaires en question sont liées.
Servie par un dessin en nuances de gris au trait réaliste et discret, cette BD prend le temps de nous raconter et nous expliquer à la fois le contexte et le déroulé de ces trois affaires qui parsemèrent la carrière politique d’un sénateur de la Nièvre amené à devenir président 25 ans plus tard. S’il s’agit bien d’une sorte de docu-fiction, le scénariste Patrick Rotman s’est appuyé sur de nombreux documents, connus ou non, afin de donner sa propre version des faits. La vraie question est de savoir s’il aura réussi à vous convaincre que c’est bien la bonne…
Quoi de mieux qu'un gros pavé pour raconter mai 68? C'est chose faite avec le roman graphique de Patrick Rotman au scénario et Sébastien Vassant au dessin.
En 68, j'avais 4 ans, et aucun souvenir de ce qui pouvait bien se passer à Paris, ni au fin fond de ma Bretagne.
Patrick Rotman lui a vécu les évènements de l'intérieur puisqu'il était étudiant à la Sorbonne.
A travers les yeux d'un jeune étudiant embringué là un peu par hasard, mais aussi à travers ceux de la classe dirigeante au pouvoir, des politiques, des militants, des ouvriers, il nous fait vivre de l'intérieur cette crise qui a laissé sa trace dans l'histoire de notre pays. La mise en image de Sébastien Vassant est sobre et laisse toute sa place au texte pour bien comprendre ce qui a poussé la jeunesse puis les ouvriers, les employés, les enseignants et autres fonctionnaires dans la rue pour une révolution inachevée.
Un véritable ouvrage de vulgarisation.
Passionnant ! Un beau pavé !
Excitée de faire partie des Explorateurs de la BD du site Lecteurs.com avec qui je ne suis plus à mon premier partenariat, je l'ai été encore plus en recevant Mai 68 : La veille du grand soir. Alors que ce mois de mai débute sur des docus retraçant les événements, j'ai pu attaquer les faits par le prisme de la bande dessinée et ça, c'est vraiment chouette ! Patrick Rotman et Sébastien Vassant, m'ont entraîné avec eux dans l'Histoire d'une France enlisée, marquée par une contestation sociale et générale du pouvoir en place. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose... De cette frise historique au jour le jour, la double approche entre souvenirs de Patrick Rotman et scènes au plus haut sommet de l'Etat permet de mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux. Une question demeure : apprend-on du passé ? Au vu des informations des dernières semaines, pas sûr...
A travers le regard d'un étudiant pris par hasard dans le feu d'une révolte, nous lecteurs, sommes témoins d'un mouvement d'une ampleur considérable. De la Sorbonne à l'Elysée, de la rue aux usines Renault, nous assistons au déroulement des événements pour mieux en saisir les enjeux. De Conh-Bendit à De Gaulle, la personnalité des protagonistes se révèle et s'étire pour dévoiler la complexité du pouvoir.
Sous les traits de cette bande dessinée historique, rien n'est plus actuel. Le combat de la rue, des plus modestes contre le régime, est presque une banalité. Ce qui fait la particularité de mai 68 est la révolte générale issue d'une crise existentielle comme il y en a si peu. D'abord étudiante et se voulant anti-capitaliste, ce vent de contestation s'étend à la rue, aux ouvriers comme à tous corps de métier.
En côtoyant la figure étudiante emblématique de Cohn-Bendit, en vivant la nuit des barricades ou encore la prise du théâtre de l'Odéon, notre étudiant-témoin confirme la complexité interne entre volonté de changement, violences policières subies et parfois provoquées, méfiance envers les syndicats et instabilité politique.
De ce malaise social évident, l'audace et l'improvisation estudiantine provoque assurément une fracture entre l'Elysée et Matignon, entre De Gaulle et son Premier ministre Pompidou, révélant ainsi une méconnaissance des revendications sociales de son propre pays, quitte à user de mépris et de violences envers les classes. Ça ne vous rappelle rien ? Vraiment ?
De cette BD aux traits levés, aux couleurs unies et assez ternes avec pour volonté de mettre en avant les dialogues, j'y ai vu le reflet d'une époque en proie aux réflexions. Comme une remise en question d'un modèle de vie.
Finalement, cette lecture me conforte dans un parallèle saisissant de notre société actuelle. Parallèle entre insupportables violences policières. Parallèle entre guerres de communication. En effet, lors des événements, le pouvoir en place restreint puis interdit toutes communications de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) voulant informer les citoyens. La comparaison peut paraître exagérée, mais pas quand un gouvernement muselle, avec une volonté de contrôler et reporter les fautes sur les médias, et surtout en préparant une loi sur le secret des affaires stigmatisant encore plus les journalistes. Et la liberté d'expression dans tout ça ?
Ce que j'en tire, est une revendication commune au mouvement de mai : un NON progressif au modèle capitaliste et libéral.
Ce roman graphique à la particularité de survoler d'un regard critique toutes les strates de l'Histoire, le tout avec cohérence. Documents à l'appui et fiches descriptives, il me manque cependant une mise en situation générale de la vie des Français qui expliquerait ce vent de révolte. La contestation n'est jamais vaine, car n'oublions pas que ce que nous avons aujourd'hui n'est que le résultat des batailles d'hier et encore plus de demain.
Pendant cette lecture, j'ai choisi de boire un thé Betjeman & Barton intitulé "Une belle histoire..." et je pense que vous comprendrez pourquoi !
patrick rotman a été étudiant lors des evenements de mai 68, son témoignage est donc fiable, en plus associé a sebastien vassant , auteur de l histoire dessinee de la guerre d algérie que j avais lu
j avais aussi 19 ans en 68, parisien j ai vécu comme p rotman ce temps fort de la republique, je n ai pas été aux barricades car lyceen en banlieue mais j ecoutais a la radio le direct des reporters,
ce que j apprécie dans la bd, c est qu on est à l instant t soit dans la sorbonne, soit à lelysee avec le general de gaullle ( que je trouve un peu sinistre dans ses propos) soit a matignon ou pompidou veut dialoguer avec les dirigieants etudiants et dirigeants syndicaux ( voir chirac partir avec un pistolet à la rencontre de krasuki vaut son pesant d or)
ceux qui n ont pas connu cette formidable époque ( il est interdit d interdire!!) connaitront pas cette bd tout l histoire qui a transformé en force la société francaise
merci donc aux deux auteurs
et merci a lecteurs.com aussi
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