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C’est un livre qui dérange… profondément, le sujet est brûlant et peu nous concerner tous. Mais la lecture en fut très difficile.
Chroniques de l’oubli ou les pérégrinations d’un médecin sans mémoire, n’est pas une lecture-plaisir !
Madame Semaine ne sait plus s’exprimer, le Dr Decourt ne sait plus quoi penser, Madame Marguerite commence à oublier, un carnet est retrouvé. Le temps lie ces personnages comme il efface leurs souvenirs. Les douleurs persistent, la joie de vivre aussi, parfois.
Tel est le thème de ce roman situé au cœur d’une maison de retraite habitée par la vie. Celle des salariés, des résidents et de leur famille. Avec leurs joies, leurs peines, leur brutalité et leur douceur.
La temporalité a fui la démence. La confusion l’habite. Le lecteur, s’il se perd, devrait s’en laisser imprégner un moment sans chercher à comprendre. Le ressenti suffirait à guider ses pas. Il serait comme le malade d’Alzheimer, à la différence près que ce serait un jeu. Un jeu avec une fin, un retour à la lucidité. Avec la vie au bout.
« Une rue. Deux rues. Me voilà devant la porte de la maison. Pas la mienne. Celle de cent personnes. Cent personnes qui ont vécu leur vie. Et qui sont là pour la finir. Cent vieilles personnes que je croise chaque jour. Que je vois terminer de vieillir. Qui me voient commencer à mûrir. Qui me renvoient ma jeunesse. A qui je renvoie leur vieillesse. Qui me voient sourire et que je vois mourir. »
On plonge au cœur de la vie et de la pensée des malades, en suivant l’auteur qui en a une expérience quotidienne.
Notre capacité d’empathie est mise à rude épreuve tant est l’impact de l’oubli sur la vie.
Le regard que l'on porte, les mots que l'on utilise sont importants: le poids des mots est énorme...
« Mais s’il vous plait, refaites juste la même chose qu’aujourd’hui, s’il vous plait … Et puis je le sais qu’elle vous tape, mais vous, pour vous c’est quoi une vieille dame ? C’est comme le lavabo à récurer ou les toilettes à gratter ? Ça parle, vous savez ! Ça voit et ça entend ! Mal, mais ça entend, si ! SI ! Et même parfois ça comprend et puis ça « fait » aussi ! Oui ! Ça bouge tout seul, sans qu’on fasse à la place ! C’est fou, ça, hein ? Et votre humanité, elle est passée où, votre humanité ? Parce que pour choisir un métier pareil, on en a au départ, de l’humanité, non ?... »
Un film se déroule au gré d’un temps inversé qu’il faut se résigner à suivre, au-delà des limites de notre raison.
« -Le Docteur M. est un bon médecin, vous savez, je ne ferai pas mieux.
-Mais j’aime quand même mieux avoir votre avis, vous savez, car je vous fais confiance.
Tentative d’attendrissement réussie. J’observe son air triste et résigné. Grand philosophe reconnu, réduit aujourd’hui à n’être qu’un anonyme résident en maison de retraite, entouré de personnes démentes. C’est dur pour lui, la vie, quand même… »
Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce roman, il m’a touchée, bouleversée, et j’avais hâte de le terminer…
« Mourir, c’est enterrer tout le monde, en une seule fois » Daniel Pennac
« Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière » Michel Audiard à méditer…
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