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Je pense que ce n’est plus un secret pour personne : les maladies psychiques m’intéressent beaucoup et je dévore les livres traitant de ce sujet. Fort heureusement pour moi, ce type de roman est « à la mode » en ce moment, ce qui me permet de trouver assez facilement mon bonheur lorsqu’il me vient l’envie de quitter les mondes imaginaires le temps d’une lecture. J’ai acheté ce livre les yeux fermés : une couverture fascinante, un résumé intriguant, des avis enthousiastes … au premier abord, tous les éléments semblaient présents pour que ce livre rejoigne la liste des coups de cœur de l’année. Malheureusement, en dépit des nombreuses qualités de ce roman, il n’a pas réussi à faire vibrer mon petit cœur autant que je l’espérais, et je ressors de cette lecture plutôt déçue. Une bonne lecture, mais sans plus …
Pour se réconcilier avec son passé et se donner une chance d’accueillir plus sereinement l’avenir, Matthew écrit. Il écrit la mort de son frère il y a une dizaine d’années, il écrit les années de scolarisation à domicile sous la surveillance inquiète de sa mère, il écrit le quotidien aussi absurde que répétitif au cœur de l’unité psychiatrique … Il écrit la maladie, qui détruit progressivement le mur déjà fragile entre les rêves et la réalité. Sur la vieille machine à écrite offerte par sa grand-mère ou sur l’ordinateur du centre de suivi psychologique, Matthew écrit pour se défaire des souvenirs. Et peut-être, ainsi, faire un pas de plus vers une vie un peu plus « normale », moins « hospitalisée » …
Il n’y a pas à dire, cette histoire avait du potentiel. A mes yeux, le point le plus positif est indéniablement la justesse avec laquelle l’auteur évoque cette maladie ... sans vraiment l’évoquer. Pas une seule fois il nous est expliqué que « tel schéma de pensée est typique de la schizophrénie » ou encore moins « tel événement est une hallucination, tel autre s’est véritablement passé ». Non. L’auteur se contente de nous livrer les réflexions de Matthew, telles qu’elles viennent, sans rien y ajouter. Le passé, le présent, le futur même peut-être, se mélangent allègrement, se complètent, se combinent. Les pensées fusent, vivaces et insaisissables, Matthew passe du coq à l’âne en quelques lignes à peine, il se répète et se contredit parfois … Si cela semble avoir été très déstabilisant pour beaucoup de lecteurs, je dois avouer ne pas avoir été plus perturbée que cela : ayant moi-même un esprit terriblement agité qui ne sait jamais s’arrêter de penser et qui passe d’un sujet à l’autre de façon assez anarchique, je me suis sentie parfaitement à l’aise avec cette narration assez spéciale.
Mais cette plume si particulière et si proche de ma propre façon de penser ne m’a pas suffi pour me plonger véritablement dans ma lecture. Pour tout avouer, j’avais le sentiment d’être trompée sur la marchandise : certes, en lisant ce « journal intime », on sent très bien que Matthew a des difficultés psychologiques, mais les traits spécifiques à la schizophrénie n’étaient pas suffisamment visibles à mes yeux. A vrai dire, hormis une ou deux allusions précises ci et là, on pourrait très bien considérer que Matthew est atteint d’un trouble psychique pas forcément précisément diagnostiqué, comme c’est le cas pour de très nombreuses personnes souffrant de ce type de maladies. Cependant, j’aurai très bien pu faire abstraction de ce détail si le roman en lui-même m’avait particulièrement captivée. Ce qui n’a pas été le cas. Et le pire, c’est que je n’arrive pas véritablement à mettre le doigt sur ce qui m’a tellement dérangée. L’auteur n’a juste pas réussi à m’aspirer totalement dans son histoire, j’avais le sentiment de tout observer derrière une vitre sans avoir la possibilité de me plonger réellement aux côtés de personnages. Là où j’aurai voulu ressentir une vraie proximité avec Matthew, qui pourtant me ressemble sur bien des points de vue, il n’y avait qu’une distance douloureuse et dérangeante …
Objectivement, je pense que c’est un bon livre, avec des personnages intéressants, une narration originale mais vraiment surprenante, un humour sarcastique qui me plait bien, une description plutôt fidèle des milieux hospitaliers psychiatriques … mais je n’ai pas réussi à y trouver mon compte, tout simplement. Peut-être que j’en attendais un peu trop, que j’espérais un coup de cœur monumental, pour finalement me retrouver avec un récit certes intéressant mais pas exceptionnel. En résumé, une bonne lecture, mais pas une excellente. Un livre que je prendrais sans doute plaisir à redécouvrir dans quelques années, lorsque le souvenir se sera quelque peu estompé, mais que je ne relirais pas très régulièrement comme je peux le faire avec mes romans-coups de cœur. Une petite déception, certes, mais un bon livre tout de même.
« Contrecoups » est le premier roman de Nathan Filer. Infirmier psychiatre pendant 10 ans, il a choisi dans ce roman de donner la parole à Matthew, 19 ans, que la perte d'un frère et une hérédité bancale ont fait sombrer dans la schizophrénie.
En s'exprimant à la première personne, Matthew nous parle de lui, de sa famille, de sa maladie et de son quotidien en hôpital psychiatrique. On ne sait pas vraiment à quoi il ressemble, juste qu'il est grand et en surpoids à cause des médicaments, mais ça n'a pas d'importance. Tout ce qui compte se sont les mots, ces mots qu'il jette sur le papier pour essayer de comprendre en rassemblant ses souvenirs. Parce qu'il ne sait pas bien comment il en est arrivé là, il sait juste qu'il souffre et qu'il se sent coupable.
Le « je » est parfois déstabilisant dans un livre mais, ici, il est nécessaire. Ce choix fait par l'auteur rend son texte très personnel et authentique ( et pour cause, Nathan Filer maîtrise son sujet ). On sent à quel point son expérience professionnelle l'a inspiré et la souffrance de son personnage principal n'en est que plus crédible et plus touchante.
Matthew nous livre ses souvenirs comme ils lui viennent, sans fard, avec ses propres mots, sa propre voix, alternant le passé et le présent, et fait de nous ses confidents. Il nous raconte avec franchise et humour sa famille, sa mère notamment, avec laquelle il a une relation ambivalente, son père aussi, qui ne parle pas beaucoup mais avec lequel il a une réelle complicité, sa grand-mère, Nanny Noo, qui fait son possible pour l'aider, et Jacob, devenu son ami un peu par hasard. Et à travers toutes ces histoires, il nous parle plus que tout de l'absence, de la perte et de la culpabilité.
Parce que Matthew a perdu son grand-frère Simon, qui, malgré sa différence, était un précieux partenaire de jeu et un complice de chaque instant. Décédé dans un tragique accident lors d'heureuses vacances en famille au bord de la mer, il n'a jamais quitté les pensées de son frère et de sa mère. Cette dernière s'est réfugiée dans les médicaments et, sans vraiment s'en rendre compte, a coupé son dernier fils de la réalité en décidant de lui faire l'école à la maison et en le traînant chez le médecin au moindre petit soucis. Hyper-protectrice, envahissante même, sans aucun doute terrorisée à l'idée de perdre un autre enfant, elle a sans le vouloir ajouté du poids à la souffrance de Matthew.
Avec l'âge il s'est réfugié dans la drogue, trouvant un certain réconfort dans la légèreté du cannabis et, peu à peu, la maladie a pris sa place. Nourrie par l'immense culpabilité ressentie par le jeune homme, elle s'est insinué dans son quotidien et lui a fait miroiter de possibles retrouvailles avec son frère.
Tant est si bien que Matthew doit être interné. Noyant jusque là sa peine dans le cannabis, le travail et son amitié avec Jacob, il se retrouve face à lui-même et ce mal qui le hante, et n'a d'autre choix que de se repasser le film de sa vie pour essayer de comprendre. Comprendre sa relation avec sa mère, comprendre qu'il n'est pas le seul dans la famille à être touché par une maladie mentale, comprendre pourquoi il voit et entend Simon dans chaque bruits et objets qui l'entourent, comprendre sa peine et accepter enfin de la laisser s'envoler… et tenter de se (re)construire.
« Contrecoups » est un roman puissant, profondément humain, qui remue et bouleverse. Et, même s'il se lit aisément, ce n'est pas un roman facile, notamment parce qu'il traite de sujets douloureux et évoque une maladie encore tabou dans notre société. C'est aussi un roman original dans sa forme, d'une part par l'aspect décousu du récit ( alternance présent/passé ), de l'autre par la construction du texte dont une bonne partie illustre le fait que Matthew tape à la machine, et dont certains passages sont agrémentés de notes manuscrites ou de dessins.
Matthew est un personnage attachant que l'on prend plaisir à écouter et pour lequel on ressent vite une certaine empathie. On l'accompagne dans sa quête de réponses, on comprend sa souffrance et on lui souhaite de parvenir à se défaire de ses démons. Et, quand on referme enfin le livre, il marche encore un temps à nos côtés.
En ce qui me concerne, et parce que la maladie mentale est un sujet qui me touche particulièrement, ça a été une lecture assez éprouvante mais au combien enrichissante.
Je ne peux que vous conseiller de prêter à votre tour une oreille attentive aux mots de Matthew.
J’avoue que je n’ai aucune idée de comment commencer ma chronique, comment parvenir à bout, comment dépeindre le sentiment que m’a laissé ma lecture une fois achevée. Disons qu’une fois le livre refermé, je l’ai gardé contre moi, j’ai fixé le plafond, et mes pensées se sont égarées. A vrai dire, même si ma note est largement supérieure à la moyenne et frôle presque le sans-faute, je ne saurais dire si j’ai aimé ce que j’ai lu, ou pas.
Il faut dire, j’attendais beaucoup de ce livre, sans savoir exactement à quoi j’allais avoir affaire. Ayant un schizophrène pour meilleur ami, et sachant que Nathan Filer travaille (travaillait ?) dans ce domaine, je me doutais quelque part de ce que j’allais avoir entre les mains : certainement pas un livre poignant, percutant, qui me ferait trembler et pleurer toutes les larmes de mon corps ; mais un livre perturbant qui me ramènerait sans cesse à ce que moi je peux vivre avec mon meilleur ami… mais de son point de vue à lui !
Si vous vous attendez à de l’action, passez votre chemin, car Contrecoups est avant tout un livre de psychologie, qui nous fait entrer dans la tête de Matthew, un jeune homme de 19 ans, qui a développé une schizophrénie à la mort de son frère aîné, Simon. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, en soit. Matthew se contente d’extérioriser ses démons en écrivant, chez lui ou au Centre spécialisé dans lequel il se trouve.
Quelque chose qui a perturbé pas mal de personnes, et qui va me permettre d’étaler ma science un petit instant afin de clarifier les choses : beaucoup ont reproché à l’auteur de les perdre en passant sans cesse du présent, au passé, à un autre moment du passé puis de nouveau au présent, comme s’il ne savait pas trop où il allait. Ne perdez pas de vue que vous avez affaire à un schizophrène, dépeint par un homme qui s’y connait. La schizophrénie, c’est une sorte de contact rompu avec la réalité. C’est une personne normale, capable de tenir un discours, une conversation normales, mais qui, d’un instant à l’autre, peut se mettre à ressasser le passé. Ils entendent les voix de personnes chères et disparues, ou qui les ont souvent conduites à cet état (par exemple, l’un pourra entendre les voix de son oncle qui l’a violé, un autre celle de son père qui le battait), et certains revivent même ces moments là sous forme d’hallucinations. La schizophrénie s’accompagne en général de délires paranoïdes, de modifications de la mémoire et d’autres crises de violence qui peuvent le conduire à être un danger pour lui-même ou pour les autres (suicide, agressions…).
Aussi, Nathan Filer savait parfaitement ce qu’il écrivait, et c’est avec brio qu’il parvient à nous faire entrer dans la tête de Matthew, pour peu que l’on se laisse transporter par le récit. Si l’on cherche à tout prix à retrouver le fil conducteur, on passe à côté de la lecture. Au contraire, il faut se laisser couler sur le flot de pensées de Matt, et savoir à quoi on fait face, et je vous assure que la lecture passe beaucoup mieux.
J’avoue que malgré tout ça, je n’ai pas réussi à m’attacher vraiment aux personnages. Sauf à Matt, et à sa mère, un peu. Beaucoup ont dit qu’il y avait une distance entre Matt et eux, mais chez moi cette barrière s’est brisée, et j’étais totalement plongée dans ce récit que j’ai dévoré presque d’une traite. Sa mère, quand à elle, elle disjoncte un peu quand elle perd son fils aîné, mais quelque part j’ai pu comprendre ce qu’elle ressentait, et j’éprouvais un mélange de compassion et d’agacement à son égard.
Si je ne met que 19, et non pas 20, c’est notamment pour cette raison. Les personnages secondaires ne m’ont pas tant plus, et la fin m’a légèrement frustrée parce que j’aurais aimé suivre encore un peu Matthew, même si j’avoue que je n’aurais pas vu d’autre fin que celle-ci. Aussi, durant tout le récit je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon meilleur ami, et c’est peut-être ce qui m’empêche de mettre 20, parce que ça m’a fait mal. Malgré tout, ça reste une lecture qui m’a foutu un coup de poing dans le ventre, et à la fin, j’ai eu l’impression d’être un peu schizophrène, moi aussi.
Un jeune homme schizophrène est hanté par la mort de son frère Simon, alors qu'il avait 9 ans. 10 ans plus tard, il nous livre son histoire, les souvenirs qui l'obsèdent, et son journal donne à voir l'étrange poids de sa maladie.
Peu familière avec cette condition, j'ai trouvé ce récit très intéressant; sur un sujet différent, il m'a tout de même évoqué Des fleurs pour Algernon, de par la voix du patient qui est la seule que l'on entend, et par laquelle il nous incombe de comprendre la situation, ses tenants et aboutissants, qui nous offre un aperçu de sa vision personnelle.
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