Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Les déambulations culinaires du mangaka Jirô Taniguchi m'ont donné faim car Les rêveries d'un gourmet solitaire célèbre l'art du bien manger japonais...
C'est un voyage, une expérience dans la gastronomie japonaise où tout est minutieusement préparé et mis en place dans l'assiette.
Le dessin est aussi minutieux que la cuisine.
C'est agréable, on y découvre également ses restaurants préférés, ceux qui méritent qu'on s'y attarde !
Si vous avez prévu un voyage au Japon, c'est le complément parfait pour ne pas être totalement désarçonné par cette cuisine si différente de la gastronomie française....
Ne négligez pas la lecture du préambule de Patrick Honnoré qui m’a fait sourire.
« Rassemblez votre « yoyû » et goutez-moi ça, vous m’en direz des nouvelles. »
L’homme la quarantaine, célibataire, arpente le pays pour placer sa marchandise, il va à la rencontre de sa clientèle et prospecte aussi.
Au départ il cherche un entrepôt et se trouve à San’ya le quartier des ouvriers à la journée, les précaires donc, le sous-prolétariat, les parias, quartier où la police n’intervient pas, elle laisse le quartier gérer avec ses propres règles. La visite de l’entrepôt n’est pas concluante et il a faim. Il se met à la recherche d’un endroit où déjeuner. Ce faisant, il s’égare et s’aperçoit qu’il détone dans cet endroit. Il se définit ainsi :
« J’ai un petit business d’import et de revente d’articles et d’accessoires de mode, mais je n’ai pas de boutique. Gérer un magasin c’est comme le mariage. Les responsabilités augmentent au bout du compte, les semelles de la vie s’alourdissent. N’avoir de compte à rendre à personne, s’assumer en solitaire, pour moi c’est ça être un homme. »
La question primordiale de ses journées est où manger et quoi manger ?
Pour cela il flâne avant de s’arrêter.
Dans ce quartier ouvrier il remarque que tous ces hommes portent une casquette qu’ils gardent sur la tête le temps du repas, ils plaisantent beaucoup et il y a aussi beaucoup de repas à emporter. Pas pour manger seul dans son coin, non pour partager en extérieur.
Souvent il passe des commandes gargantuesques, car c’est un voyage culinaire mais dans les réminiscences de ses souvenirs : enfance, petites amies…
Ses voyages lui apprennent les contraintes du vivre en commun et s’il il le faut il joue des poings.
Drôle son voyage en train Shinkansen et savoureux.
Les Japonais ont découvert la viande rouge au XXe siècle à travers la cuisine occidentale et coréenne. La viande de bœuf grillée fait partie de leurs mets préférés.
La phrase qu’il prononce le plus : « C’est plus copieux que je ne pensais. »
Il a deux particularités originales : il est zéro alcool et il aime les cactus.
Dans le voyage que fait le lecteur avec ce gourmet solitaire, il y a de nombreuses similitudes avec les films d’Ozu, tout est dans les détails qui rendent « visibles et sonores le temps et la pensée ». Dessins sobres et esthétiques qui vous font contempler le quotidien comme une œuvre d’art.
C’est toujours une invitation à prendre le temps.
J’aime cette simplicité apparente qui vous balade et vous apprend les us et coutumes d’un pays. C’est universel et personnel, qui n’a pas de souvenirs culinaires liés à l’enfance ou à des moments particuliers de la vie. La nourriture terrestre comme lien.
Toujours, en filigrane ici, l’image du père qui accompagne l’enfant devenu adulte, et très présente la solitude de l’homme au travail.
Le lecteur comme le protagoniste se pose vraiment, savoure, observe, engrange de petites choses qui deviendront de petits bonheurs essentiels.
Le plaisir comme dénominateur commun.
©Chantal Lafon
« Chaque fois que je me trouve dans une ville que je ne connais pas et que je sens un petit creux, je prends toujours un temps fou à hésiter dans la rue marchande à la recherche du meilleur boui-boui du coin, à aller et venir comme un rôdeur en me demandant lequel s'avérera le bon choix »
«Ca a l'air bon ici». Un leitmotiv que l'on retrouve dans la plupart des 18 étapes de notre « gourmet solitaire », chacune d'elle dans une ville nouvelle, ou un quartier différent, où il se laisse guider par son flair.
C'est ainsi que depuis une dizaine d'années, il se perd dans les rues à la recherche du bistrot où il va manger non pas une cuisine standardisée, mais la cuisine du patron . Notre « gourmet solitaire » est du genre discret, il ne joue pas au « samouraï » arrogant , exigeant et pressé, il observe ce que les clients consomment et attend qu'on vienne prendre sa commande. Il aime y venir seul « pour se consacrer entièrement au bonheur de se remplir l'estomac », pour y respirer l'atmosphère du quartier et observer les rapports entre le patron et les habitués . .
Cet album de BD présente plusieurs particularités : d'abord, celle de se lire à l'inverse de nos habitudes de lecture La première page du récit se trouve ici à la place de la dernière page de nos livres, près de la quatrième de couverture. De plus chaque page se lit non de gauche à droite , comme selon notre usage, mais de droite à gauche . Vous me suivez....... ?
Ensuite de présenter en guise de postface, 13 pages d'un récit non graphique dans lequel le « gourmet solitaire » relate une anecdote qui lui est arrivée dans un bistrot où il s'identifie à « un guerrier taciturne » face à une situation inédite .
Bien sûr, ce sens de lecture original nous est clairement signalé en 1ere de couverture, mais il m' a été bien difficile de briser mes réflexes de lecture. Je vous recommande donc de le lire d'une seule traite , sans vous arrêter . Sinon, gare à la reprise ….
Toutefois , je reconnais que ces 18 étapes, ces 18 plats locaux qui nous sont montrés, expliqués, constituent pour le lecteur français, surtout s'il s'apprête à voyager au Japon, une excellente initiation aux habitudes culinaires des Japonais .
On ne sait presque rien de lui. Pourtant, c’est aux côtés de cet homme à l’apparence ordinaire, en costume cravate, que nous nous embarquons dans une odyssée culinaire à travers le Japon. Il travaille dans le commerce (on ne saura pas lequel), aime la compagnie des femmes (mais reste célibataire). Il aime bien manger, de la gastronomie, oui, mais surtout des bons plats simples et locaux.
Ce personnage énigmatique et sympathique nous mène, au fil de ses repas, au coeur de la cuisine japonaise, à Tokyo et ailleurs, mais aussi au coeur des ses souvenirs, de ses sentiments, de moments partagés. Lire Le Gourmet Solitaire, c’est embarquer dans un voyage culinaire simple et pourtant alléchant. On entame chaque chapitre, ou plutôt chaque repas, au rythme des bouchées et pensées du gourmet, tantôt drôle, tantôt mélancolique, mais toujours attachant. On goûte, à travers les magnifiques dessins de Jirô Taniguchi, aux beignets de poulpe à Osaka, dans l’atmosphère chaleureuse et intimiste d’un tout petit restaurant d’hôtel. Dans le quartier bobo de Tokyo, c’est le menu du chef d’un restaurant bio qui chamboule les préjugés du gourmet. Même lorsqu’il choisit son repas dans un supermarché, on est charmé par les moments que l’on partage avec lui, dans son univers. Le talent de Jirô Taniguchi est sans égal dans l’art de traduire sur dessin les émotions, situations et atmosphères, de sorte que l’on s’y croit, et que notre ventre se met même à gargouiller incontrôlablement !
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