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Je crois qu’au-delà de l’illusion qui prétend que lorsque la vie devient profondément incohérente, le roman est là pour la réparer.
Paco Ignacio Taibo II, Nous revenons comme des ombres.
« Moi, l’art contemporain, je n’y connaissais rien. »
L’incipit donne le ton. Sociétal, trépidant, « Dans les règles de l’art » est un roman serré comme un café fort, viril et profondément engagé .
Sous ses faux airs d’un polar sombre, endiablé, ce récit lève le voile sur les diktats de l’art dans son summum. Ce qui se cache comme poussières sous le tapis. Les turbulences, petites et grandes combines, l’effet domino et bien au-delà des protagonistes qui vont mener un train d’enfer à Mikahalis Krokos, le narrateur.
L’histoire se situe à Athènes. Dans le plein été de 2017, Mikhalis Krokos est au cœur de cette ville caniculaire pour le lancement de son roman. Rien ne va se passer comme prévu. Dans un même tempo, s’élève dans cette ville férue d’art, une grande exposition internationale d’art contemporain : La Documenta.
Mikhalis est pris en tenaille. Son amie, Christina est mêlée au vol d’un tableau emblématique. Elle lui demande son aide. Dans une ambiance criblée d’adrénaline, de sueur et de tumultes, il va enquêter. Se prendre les pieds dans le tapis tel le complexe de l’Albatros. Entre fêtes orgiaques, prises de risques, le puzzle s’assemble immanquablement. Mais le piège se referme. Il va se heurter à une quasi mafia. L’idiosyncrasie d’Athènes sous un couvert et de torpeurs, de quartiers chics ((Hydra) et des ruelles gorgées de soleil, de pauvreté. L’art est un masque.
On ressent une narration filmique, dont on imagine les scènes sur grand écran. Tout est en mouvement et démontré. La sociologie est dévoilée en apogée et les habitus d’un monde particulier sont dépeints en grandeur nature.
Ce roman est un lever de voile sur l’outrance et l’arrogance du marché de l’art. Le blanchiment d’argent en apothéose. Le tableau volé est une parabole, le point d’appui. C’est lui qui a la place majeure, tant sa disparition est lourde de conséquences.
Ce roman politique, urbain, habile et surdoué démonte un à un les carcans de la cruauté de la Documenta. Parabole d’une exposition d’art contemporain dont Makis Malafékas perce les toiles à coup de cutter pour démontrer que le loup se cache dans la bergerie.
Sous des décors lisses, des invitations glorieuses et des petites sacoches bien fines et brillantes, se dissimule l’argent sale, les corruptions et les pires truands.
Magnétique, profondément intelligent, « Dans les règles de l’art » est hypnotique et brûlant. Merveilleusement déplié, il est une invitation en Grèce dans ses travers les plus troubles.
Traduit à la perfection du grec par Nicolas Pallier, publié par les majeures éditions Asphalte.
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