"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Les jours de la peur » est une consécration éditoriale. Une référence inestimable.
Un roman noir italien, (jaune, couleur par laquelle on désigne le roman policier italien, sa couleur noire).
La cartographie du « giallo », avec à sa tête, le célèbre sergent Sarti Antonio.
Bologne, 1970, entre les mouvances intestines d’un fascisme encore prégnant, sur les hauteurs d’une colline, où est situé le centre de transmission de l’armée, un attentat a lieu .
Malgré une annonce radio, personne ne bouge, incrédibilité. Trop tard. Bilan : quatre morts et de nombreux blessés.
« Les jours de la peur », dans une ville mouvementée, prise en tenaille dans les relents des agitations politiciennes et sociétales. Bologne est donc la pièce maîtresse. L’Histoire nous dira combien ses tragédies furent nombreuses.
Entre une enquête qui va s’avérer trépidante et qui va se heurter aux idiosyncrasies d’un pays en proie à la corruption. Le prisme d’une ultra-gauche qui œuvre en résistance.
C’est donc un roman engagé, un classique du genre, éclairant et vif, qui pointe du doigt là où ça fait mal.
Sarti Antonio, sergent de nom, est un homme tenace, lucide et malin sous ses faux airs d’anti-héros. Il a des colites, fume et boit du café, bref, comble de signes de faiblesse.
Mais à contrario, il est la preuve d’un homme qui prend ses enquêtes à cœur. Il va se plonger dans cette dernière avec Felice Cantoni, son comparse.
De fil en aiguille, il défonce les portes des diktats et comprend qu’il y a anguille sous roche.
Pétri de doutes, manichéen, ses contradictions sont un atout. Il va profiter de Rosas. Un jeune anarchiste qu’il a fait mettre en prison, coupable ou bouc-émissaire, à savoir. Un homme, dont l’aide précieuse, un indicateur, futé et intelligent qui va bousculer les codes.
« Il s’appelle Rosas. C’est un anar, un de gauche. Je n’ai pas encore bien compris de quel modèle. En tout cas, c’est une tronche… Il en sait plus que nous autres à nous tous. Raimondi Cesare n’apprécie qu’à moitié et rectifie : - Plus que vous, à vous tous. Quoi qu’il en soit, comment dire, C.Q.F.D. : attentat rouge. Mon intuition... »
La trame est un film en noir et blanc. Tout est en mouvement, et dans cette orée imprévisible, où la prostitution, les milieux intouchables, les supérieurs hiérarchiques, sont mêlés de trop près à cette affaire. Le narrateur, personnage central, qui ne lâche rien, avance les pions. Adrénaline fois mille.
Le récit est une course poursuite captivante et superbe d’exploits narratifs.
On aime Rosas, sans doute et de loin, l’emblème déterminant d’un corpus politique. Le faible qui prend pour les autres. L’anarchiste forcément responsable. Et pourtant… Il va faire tomber les cartes, l’as de pique, et tant pis, si Sarti Antonio comprend que le loup blanc est en fin de compte ailleurs.
Sérieux, et tragique, comique, et cynique, déterminant et d’une grande richesse métaphorique, « Les jours de la peur » est la gloire d’un style littéraire en mission. On aime la connivence entre Sarti Antonio et Rosas qui lui demande de lui procurer « L’État et la révolution » de Lénine. « L’Anarchie, la poésie, la révolution » de Maïakovski.
L’atout majeur est la « Lettre d’accompagnement de l’auteur à son personnage qui repart à l’étranger ». Écrite par Loriano Macchiavelli pour nous donner à voir combien il est bon de lire aussi du gallio et pour enrober ce beau livre d’un attachement personnel. « Personnellement, j’ai l’intention de continuer encore longtemps. Alors, si tu me donnes un coup de main, on va tirer notre épingle du jeu aussi en terre étrangère, comme on le fait depuis cinquante ans en terre italienne. Bon voyage en France, sergent Sarti Antonio ».
Qu’il est bon de savoir ce livre en nos mains, comme un trésor inestimable !
Une chance éditoriale fabuleuse !
Traduit de l’italien par un spécialiste de Loriano Macchiavelli : Laurent Lombard. Cette première enquête du sergent Sarti Antonio va et vite se trouver sur le piédestal. Tant ce roman noir, va percer dans le grand jour d’une ligne éditoriale majeure, en l’occurrence Les Éditions du Chemin de fer.
« Rosas s’interrompt un moment pour réfléchir avant de conclure : - Voilà, je crois que c’est tout. T’as bien tout noté, Luciole ? »
Oui, et on en redemande !
Bologne dans les années 1970, c’est l’époque des manifestations des mouvements gauchistes dans cette vieille ville universitaire. Pendant une manifestation un meurtre est commis et l’enquête est confiée au sergent Sarti Antonio ; voilà un flic un peu à part dans l’institution policière, mal dans sa peau, grognon, malade et qui a plus tendance à faire confiance à ses indicateurs et à son intuition qu’à sa hiérarchie qui aimerait bien faire porter le chapeau du meurtre aux étudiants de l’extrême gauche.
On comprend à la lecture de "Bologne ville à vendre" que Loriano Machiavelli (invité au prochain festival du Polar de Drap) est un de ces écrivains qui ont compté en Italie pour relancer le gendre polar. L’histoire de ce flic malade dans une Bologne pluvieuse est intéréssante pour le portrait qu’il en fait mais en même temps pour la description de la corruption qui existe. Il a un style très agréable (on voit de temps à autre l’auteur se pencher sur son héros et faire quelques commentaires sur les situations) et on prend beaucoup de plaisir à le lire. La fin du roman est étonnante pour son épilogue mais aussi lorsque le sergent Sarti Antonio baisse les bras et se réfugie dans un village de montagne : il y a là une magnifique description d’un retour au calme, à la nature, à une vie simple rythmée par la neige qui tombe, à la fraternité entre les hommes. Loriano Machiavelli nous dit en quelque sorte : arrêtez de vous battre, prenez la fuite de temps à autre, sortez vous d’un quotidien si difficile à changer, fuyez un temps les hommes !
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