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Les Eaux sauvages de Kurt et Ellie Johnson, Éditions du Seuil
Une histoire d’amour au-delà de la mort…
Lee et Holly se sont rencontrées à la fac et sont tombées amoureuses. Durant les vacances d’été, Lee accepte de suivre son amie pour un long périple en canoë dans le grand Nord canadien, pour descendre la célèbre et dangereuse rivière Thelon. Si Holly est une spécialiste de la pratique du canoë-kayak, Lee apprend en cours de route. Les deux jeunes femmes viennent d’horizons très différents et se nourrissent, chacune à son tour, du récit du vécu de l’autre, seules dans un milieu naturel propice aux confidences. Ensemble, elles parlent d’avenir.
Le voyage tourne court brutalement quand Holly chute d’un précipice et tombe dans le coma. Leur balise de détresse étant endommagée dans l’accident, Lee se retrouve seule, dans l’impossibilité d’appeler les secours.
Un exploit sportif, physique et mental…
Lee va devoir trouver la force de survivre et de convoyer le corps de Holly. Pour tenir, elle continue de parler à son amie, à leur imaginer un futur, à se raconter aussi. Lee pagaie seule désormais, négocie seule les passages difficiles et les rapides, assume seule les portages… D’abord, Holly est une blessée grave, dans un état comateux, vulnérable et fragile ; puis c’est une dépouille qu’il faut préserver, conserver, éloigner des charognards.
Lee dépasse ses limites, met son corps à rude épreuve car une grande partie des vivres ont été perdues dans l’accident. Peu nourrie, épuisée, endurante, elle descend la Thelon et ramène Holly à sa famille.
Un décor naturel grandiose…
Peut-on parler de huis-clos dans cet immense espace naturel ? Pas vraiment… Mais il s’agit bien de solitude, de parcours initiatique où le personnage principal serait la rivière, l’élément liquide. Je ne suis pas adepte des sports aquatiques d’où mon admiration pour le personnage de Lee, mon sentiment de petitesse face à la nature décrite dans ce roman.
Ici, l’élément naturel, tantôt poétique, souvent hostile, sert d’écrin à deux portraits de femmes, complexes.
L’écriture est à la première personne. Lee raconte mais ne prend pas la première place pour autant car elle accorde un certain espace à Holly, à son souvenir et à l’avenir qu’elle n’aura pas eu. Lee nous parle d’amour, de différence, de parentalité… Elle évoque la perception de l’autre, les histoires vécues et racontées, la vie fantasmée, les histoires dans l’histoire, ce qu’il en reste et ce qu’on en fait, ou pas.
Son écriture est parfois très factuelle et réaliste, autour de problèmes pratiques comme la navigation, les campements, le transport du cadavre, les intempéries, les affrontements avec des animaux sauvages… Puis la tonalité évolue, introspective et poétique.
Un roman d’apprentissage, de survie…
Une très belle histoire d’amour, intense et tragique…
Un véritable coup de cœur !
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