"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les éditions Futuropolis ont 50 ans et pour fêter cet anniversaire, ils ré-éditent un chef d'oeuvre de la littérature graphique : "Mauvaises Herbes".
Sur près de 500 pages, Keum Suk Gendry-Kim part à la rencontre de Lee Oksun, ancienne esclave sexuelle coréenne de l'armée japonaise.
Dans un noir et blanc d'une extrême puissance et d'une pudeur déconcertante, l'autrice nous confie les mots et les maux de celle qui a tant à dire.
Le récit virevolte entre présent et passé, fait quelques crochets pendant lesquels on les voit échanger avec humour et bienveillance, avant de se replonger dans le noir profond d'une vie exploitée.
Il y a toute l'horreur et la violence de ce que les hommes et femmes ont fait subir à Oksun et à des milliers d'autres jeunes femmes et il y a aussi toute la douceur et l'empathie que l'on peut offrir aux victimes.
Oksun veut la justice, veut que son histoire soit connue, que l'on n'oublie pas la façon dont on a traité ses adolescentes et comment on a cherché à les effacer de la mémoire collective d'après-guerre.
"Mauvaises Herbes" est le témoignage poignant et déchirant d'une femme au courage hors norme, animé d'une soif de vie et d'un appétit de justice, sublimé par un graphisme d'une rare puissance.
Un ouvrage à garder dans ses intemporels avec ceux qui nous marquent et nous élèvent, au côté de "Maus" et "Persépolis".
Un coup de cœur et de rage pour ce titre important et nécessaire dans la réparation de la vérité.
Cette bande dessinée dense relate l'histoire de vie d'une femme, Oksun, confrontée à des circonstances extrêmement difficiles pendant l'occupation japonaise lors de la Guerre du Pacifique en 1943.
En 1943, Oksun, une jeune fille issue d'une famille pauvre est vendue à l'armée japonaise par ses parents.
À seulement 16 ans, elle doit faire face à des épreuves insoutenables.
Comme d'autres jeunes filles, elle est contrainte de devenir une esclave sexuelle de l'armée japonaise, désignée sous le terme de "femmes de réconfort".
Ce terme utilisé pour désigner ces femmes est véritablement honteux, car il dissimule une réalité glaçante sur la domination masculine et les abus perpétrés sur elles.
Ce livre m'a permis de prendre conscience de ces actes abominables.
Il est crucial que des ouvrages comme celui-ci dénoncent les violences infligées aux femmes durant ce pan de l'histoire et que cela soit reconnu à l'échelle mondiale.
Un roman graphique offrant un témoignage historique poignant, décrivant les souffrances endurées par les femmes coréennes.
Un récit de 488 pages, à la fois terrible, sensible et informatif dont les illustrations en noir et blanc nous immerge dans cette lecture forte.
A lire.
1996, Lee Oksun revient enfin sur sa terre natale. Elle retrouve Busan et la Corée du sud qu'elle a quittée il y a 55 ans. Un pays où elle a été déclarée morte. Elle y revient à l'initiative d'une chaîne de télévision. Pour témoigner. En 1943, Oksun a été femme esclave sexuelle de l'armée japonaise.
Les éditions Futuropolis ont la bonne idée de rééditer cet album paru initialement chez Delcourt en 2018, traduit en 30 langues et multi primé à l'international. C'est l'occasion pour moi de découvrir un récit marquant, Keum Suk Gendry-Kim a recueilli la parole de celle qui, jeune fille, s'est vue forcée à l'esclavage sexuel pour l'armée du Japon qui occupait alors la Corée.
Aucune mièvrerie, pas d'apitoiement dans ce témoignage, mais un récit brut et sans concession d'une femme qui, enfant, rêvait seulement d'aller à l'école et qui sera vendue par ses parents. Après la guerre, rejetée et condamnée à l'exil, Oksun ne reverra son pays que 55 ans plus tard.
Un récit brut dessiné à l'encre noire sur 500 pages. Un dessin tout aussi brut, simple, sans effet de manche, pour délivrer une vérité encore niée par les nationalistes japonais. Une encre qui trace des visages marqués sur fond blanc, qui prend vie aussi dans des planches où la nature prend toute la place, "pour qu'une nouvelle herbe sorte de terre".
Si comme moi, tu ne connaissais pas "Mauvaises herbes", profite de cette réédition pour découvrir ce témoignage poignant. Le pinceau de Keum Suk Gendry-Kim rend un hommage bienvenu à ces "femmes de réconfort" oubliées de tous.
En 2024, à l'occasion de ses 50 ans, les éditions Futuropolis ont décidé de publier 50 albums. La plupart des titres seront des créations originales, mais certains d'entre eux seront des rééditions d'albums épuisés. C'est le cas de Mauvaises Herbes sorti en 2018.
Nul besoin de présenter l'autrice coréenne Keum Suk Gendry-Kim qui dans un précédent album "L’attente" décrivait la séparation subie par les familles nord-coréennes et sud-coréennes depuis plus de soixante-dix ans. En effet, nombre d’entre-elles n’ont pas pu revoir leurs proches depuis la partition de la Corée en deux états distincts en 1948.
Dans "Mauvaises Herbes" Keum Suk Gendry-Kim aborde un autre sujet historique. Celui de ces femmes coréennes devenues des "femmes de réconfort" qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, ont servi d’esclaves sexuelles pour les soldats japonais postés sur le front en Chine. En effet, depuis 1905, la Corée est occupée par le Japon. Ses habitants sont à la merci de l’armée japonaise et en 1941, avec le début de la Seconde Guerre Mondiale dans le Pacifique, les Coréens doivent contribuer à l’effort de guerre.
Enfant, Oksun n'a qu'un rêve, aller à l’école. Mais elle doit s’occuper de ses frères et sœurs pendant que sa mère subvient aux besoins de la famille. Un jour, un homme propose de l’adopter pour qu’elle puisse enfin aller à l’école. Il s’agit en réalité d’une escroquerie au travail forcé et Oksun devient corvéable à merci dans un bar. En 1942, à l’âge de 16 ans, la jeune fille est enlevée par deux hommes qui vont l’envoyer en Chine sur une base aérienne où sont cantonnés des soldats de l’armée impériale. À partir de ce moment-là, des hommes vont se comporter avec elle "comme des animaux".
C’est son histoire qu’Oksun va enfin pouvoir raconter dans cet album. En effet, comme de nombreuses victimes, elle s'est tue pendant trop longtemps afin que ces faits ne fassent retomber la honte sur sa famille.
Le récit est poignant, il décrit les violences vécues sans aucune équivoque. Les dessins en noir et blanc sont criants de vérité sans jamais montrer les sévices subis par ces "femmes de réconfort".
Un album à la fois beau et terrible dont on ne peut sortir indemne.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !