"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les mémoires du grand chef indien Raoni sont passionnantes et nous rappelle (hélas) que la forêt Vierge continue de disparaître à petit feu. Raoni est un chef de tribu humble qui veut être respecté et qu'on respecte aussi les tribus indiennes qui vivent des ressources de la forêt amazonienne.
On apprend moult anecdotes sur sa jeunesse, son apprentissage, sa formation pour devenir 'adulte', sa famille (femme, enfants...).
Dans les années 1980, le chanteur Sting lui apportera son soutien ainsi que d'autres personnalités pour lutter contre la déforestation en Amazonie.
Un tour du monde en 1989 accompagné de J-Pierre Dutilleux (alias Kritako), son fidèle ami réalisateur et écrivain belge permettra de faire connaître sa cause au monde entier. Grâce au fonds récolté la réserve Xingu (du nom d'un fleuve d'Amazonie) verra le jour.
Le cahier photos en couleur au centre du livre est un bonus appréciable qui illustre les grands moments de sa vie notamment ses rencontres avec J-P. Dutilleux, Jacques Chirac et ses voyages à Paris.
Ce livre nous rappelle à nous occidentaux combien la forêt amazonienne ('le poumon de la Terre') est importante et que des hommes se battent au quotidien pour sa survie.
Dans Raoni, Mon dernier voyage, Raoni, un des chefs les plus connus d'Amazonie, confie ses mémoires à Jean-Pierre Dutilleux, cinéaste et auteur de nombreux ouvrages, articles et reportages à propos du monde premier. Il a également réalisé le film « Raoni » sélectionné au Festival de Cannes (1977) et nominé aux Oscars (1979). Ce long métrage a lancé la renommée mondiale du chef Kayapo Raoni qu'il avait rencontré en 1973 pour la première fois.
Dans ce récit recueilli par Jean-Pierre Dutilleux, Raoni décrit son expérience vécue à partir des années 1960 et sa rencontre avec les Kuben (l'univers étranger à celui des Indiens). Il va alors prendre conscience qu'il doit tout faire pour sauver son peuple et la forêt, trésors qu'il faut protéger.
En 1989, Jean-Pierre Dutilleux, alias Kritako, inusable soutien, lui présente Sting qui pourra peut-être aider les Indiens à protéger leurs terres. Avec Sting, Kritako crée une fondation pour la défense des Indiens. En effet, le chanteur s'engage à faire connaître leur cause, organisant un concert avec ses amis rock stars : Bruce Springsteen et Peter Gabriel, à São Paulo. Raoni comprend que pour gagner ce combat, il est nécessaire de répandre le message, non seulement au Brésil mais dans le monde entier.
Ils vont donc participer à une tournée des pays occidentaux afin de sensibiliser le monde à la cause des Indiens d'Amazonie et aux dangers de la déforestation. Lors de cette tournée, ils rencontreront les plus grands, qu'ils soient rois, pape ou présidents. C'est ainsi que François Mitterrand, Jacques Chirac, le prince Charles, Juan Carlos d'Espagne et le pape leur ont ouvert les portes de leur palais.
Les Norvégiens, quant à eux, ayant beaucoup de forêts, comprennent mieux l'importance de protéger celles d'Amazonie. Ils y créent une nouvelle fondation. Raoni apprend en plus que tout au nord de la Norvège, il y a aussi des Indiens, les Lapons ou plus exactement les Samis.
En 1993, sera créée la plus grand réserve indienne du Brésil, la réserve du rio Xingu. Une carte situant cette réserve, imprimée en début d'ouvrage, est très utile.
Tout semblerait avoir été fait pour alerter le monde sur l'importance de la biodiversité et des Indiens dans leur rôle de gardiens de la forêt primaire, mais la vigilance est de mise car les frontières de la grande réserve sont sans cesse menacées par des entreprises forestières, minières et agricoles, « des chasseurs, pêcheurs, bûcherons, fermiers continuent de violer notre forêt au mépris de la loi. Nous n'avons pas les moyens de surveiller cet immense territoire. » En fait, « en défendant notre réserve, nous protégeons l'humanité toute entière. Et le poumon du Brésil. »
D'autre part, Raoni insiste sur le fait que l'argent a pollué les esprits et il est inquiet pour l'avenir car les jeunes Indiens n'ont souvent qu'une idée : ressembler aux Blancs !
Pour terminer, je dirais que le bandeau du livre offre un résumé très explicite : SOS pour l'Amazonie. À noter la magnifique photo de couverture très colorée avec Raoni et son célèbre plateau labial. Les photos commentées incluses sont également très belles et très intéressantes.
Raoni, un personnage qui aura et qui a déjà sa place dans l'Histoire et dont Masse Critique de Babelio et les éditions Arthaud que je remercie, m'ont permis de bien connaître la vie et le combat.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/jean-pierre-dutilleux-raoni-mon-dernier-voyage.html
Son combat est admirable mais il est bien plus que cela, il est indispensable, vital non seulement pour son peuple mais pour toute la planète. Raoni clame depuis des années son SOS pour l’Amazonie et le désastre continue… Le peu qu’on lui accorde n’est pas respecté et l’on déforeste toujours autant, on prospecte dans cette immense forêt, poumon de la Terre qui se réduit de plus en plus.
C’est un écrivain et cinéaste belge, Jean-Pierre Dutilleux qui a pris le combat de Raoni à cœur et a tenté de lui donner le maximum de moyens afin qu’il alerte dirigeants et populations du monde entier. Ce livre, Raoni Mon dernier voyage, sonne presque comme un chant du cygne, une dernière tentative pour une prise de conscience indispensable mais nous savons que le Brésil s’est doté d’un dirigeant qui méprise tout cela et, comme son compère du nord, privilégie profit et rentabilité à court terme.
L’auteur que Raoni appelle Kritako, s’est rendu une dernière fois, en 2017, auprès de Raoni, retrouvant un homme qu’il a découvert en 1973, un homme qui, entre temps, a parcouru le monde, principalement en 1989. Il lui a demandé de raconter tout cela et nous le fait partager, un récit passionnant, édifiant, optimiste parfois mais surtout alarmant.
Là-bas, dans la réserve du Xingu, au cœur de la forêt amazonienne, près du centre géographique du Brésil, vivent les Indiens Kayapos dont Raoni est le dernier chef à porter le labret, ce plateau de balsa incrusté dans sa lèvre inférieure, signe ancestral de pouvoir. Il se désespère de voir les jeunes délaisser les traditions pour adopter des habitudes urbaines et oublier ce qui fut l’essence même des peuples d’Amazonie : une vie en symbiose totale avec la nature.
Raoni Mon dernier voyage est un livre à lire et à faire connaître tant le témoignage de cet homme est important pour que nous n’ayons pas à regretter de n’avoir pas écouté sa sagesse et son expérience.
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