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James Anderson crée une atmosphère pesante, surprenante, dans un décor désertique pour offrir un huis clos efficace.
La plume est fluide, des phases de l’histoires oscille entre brutalité, humours, les personnages sont attachants, on rencontre des personnages aussi atypiques.
Nous sommes emporté par l’obscurité de l’intrigue, dont Anderson a su construire une toile qui l’a merveilleusement dépeint. Imagination, singularité, final étonnant.
" Certes, sa mort pouvait très bien être due à des causes naturelles, entre autres, dans son cas, une maladie vénérienne ou une perte trop importante de matière cérébrale. On ne pouvait que l’espérer. Ce serait une rare et élégante démonstration de la relation de cause à effet."
" Encore quelques pas, puis quelques autres, et il n’y aurait plus que la nuit, la neige, sans la moindre trace de la route ou de mon camion. Mon cœur a commencé à battre dans mes oreilles. J’ai fait quelques pas de plus en agitant ma lampe torche dans toutes les directions. Puis je l’ai éteinte. Etant donné mes origines mêlées, je pouvais m’attendre à une vision envoyée par un vieil Amérindien psalmodiant et me guidant vers la bonne direction. Ou à un vieux rabbin psalmodiant en me donnant un sandwich aux boulettes de matsa, ainsi qu’un conseil sous forme de question. Je me serai même contenté du fantôme de Joseph Smith en drag-queen. Or personne ne s’est manifesté. Comme d’habitude, je me retrouvais seul."
Après le succès de son premier roman noir Desert home, James Anderson nous revient avec son personnage principal Ben Jones pour une histoire à couper le souffle dans le désert aride de l’Utah. Bien qu’il puisse être lu de façon autonome, je ne peux que recommander de lire d’abord Desert home afin de découvrir tous les personnages et les événements qu’ils ont vécus.
En plein hiver une intrigue ayant pour thème la parentalité, le deuil et l’amitié. Tout se déroule autour et sur la route 117, qui traverse le désert de l’Utah. On y trouve une population bien spécifique, entre les fugitifs, les habitants peu nombreux qui semblent plus excentriques les uns que les autres et les chauffeurs routiers avec leurs méga-camions dont Ben Jones fait partie. Ben va se retrouver dans la peau d’un baby-sitter pour quelques jours, il va se voir confier l’enfant de Pedro : 6 ans, mutique au regard hanté. Il va tenter de comprendre ce qui a bien pu arriver à Pedro et son enfant avec l’aide de ses voisins farfelus. Mais la vérité est pleine de surprise et pas des meilleures. Ben ne sait pas dans quel guêpier il s’est fourré ni à quel point cela pourrait se révéler dangereux et douloureux pour lui. Les secrets enfouis ne sont jamais faits pour réapparaitre sans causer des blessures. Ce roman va bien au-delà du cadre d’un roman policier, le personnage de Ben Jones donne l’impression d’être pétrit de violence, tantôt il en est le témoin, tantôt il l’inflige lui-même. C’est bien écrit avec un rythme et des chapitres courts de quoi vous faire tourner les pages sans plus attendre. J’ai été captivé par cette histoire qui m’a emporté dans quelque chose de bien plus sombre que ce a quoi je m’attendais. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/02/09/37892595.html
"J'ai frappé à la porte. Le vent a emporté ce bruit-là aussi."
Ben Jones n'a pas atteint la quarantaine, il est célibataire, sans enfant, compte ses "amis" sur les doigts d'une main et passe ses journées à sillonner la route 117 comme coursier free-lance pour livrer tout ce que peuvent lui commander les autres solitaires de ce coin de l'Utah cerné par le désert. Jusqu'à ce que sa route croise celle de Claire, une violoncelliste cachée dans une maison abandonnée, et le perturbe au-delà de ce qu'il avait imaginé.
Ce beau premier roman déroule une épatante galerie de personnages (les amis de Ben), tous hauts en couleur, tous solitaires et vaguement déglingués, mais il nous plonge surtout au cœur du désert qui n'a jamais semblé si dangereux que sous la plume de James Anderson, chaque grain de poussière et chaque arroyo pouvant devenir mortel.
Ça n'est pas un polar mais un roman noir et parfois brutal d'où jaillissent quelques moments de belle lumière. Le rythme est retenu, tout en finesse et en longues descriptions façon nature writing, mais l'attention est captivée par une narration très réussie et précise qu'agrémente quelques touches d'humour bien senti.
Il est question de vengeance et d'amitié, de coups qui pleuvent et de traquenards, de vieilles motos et de cadavres, de pots de crème glacée au caramel et de clopes imaginaires qu'on fume jusqu'au filtre.
J'ai particulièrement aimé le personnage de Ben, son regard sur la vie (et la sienne en particulier, mélange d'espoir et de renoncement), ses observations sur les gens qui l’entourent et qui animent ce roman.
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