"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En Histoire, certaines périodes sont portées aux nues comme l’Antiquité grecque et romaine alors que d’autres sont vouées aux gémonies comme le Moyen-Âge, considéré comme une longue période de ténèbres et d’obscurantisme qui s’achève à la Renaissance. De même, constate-t-on une différence de traitement entre l’avant 1789 et l’après, comme si un certain 14 juillet l’humanité était soudain passée comme par enchantement de l’ombre à la lumière et depuis n’avait cessé de progresser vers un avenir de plus en plus radieux. Il est aussi particulièrement difficile de situer le début de la période communément appelée « Moyen-Âge ». Doit-on le placer dès la chute de l’empire romain d’Occident ou après celle de Byzance ? Tout aussi peu évident est la datation de celui de la Renaissance. Doit-on s’en référer aux débuts de l’époque gothique ou à celle de la fin du gothique flamboyant, à l’époque de Dante, de Giotto ou de Boccace, donc au XIIᵉ, XIIIè, XIVᵉ, XVè siècle ou même après ? Les termes de « Moyen-Âge » et de « Renaissance » ne furent d’ailleurs que très tardivement utilisés par les historiens (vers 1800). Et c’est d’ailleurs en France que l’on parla en premier de Renaissance italienne alors que le terme était toujours inconnu en Italie. On comprend ainsi le côté artificiel de toutes ces notions !
« Le Moyen-Âge, une imposture » est un essai historique de grande qualité, très référencé, très documenté et taillant de jolies croupières aux tenants de l’Histoire des manuels républicains à la Michelet et autres Fernand Nathan qui servirent de références des maîtres d’école jusqu’aux maîtres de conférence pour distiller une Histoire assez éloignée de la réalité et même complètement déformée pour servir une idéologie. Quand la politique se mêle de réviser le passé, on peut s’attendre au pire… Jacques Heers, tout comme Régine Pernoud, autre référence sur le sujet, s’attache dans cet ouvrage remarquable à tordre le cou à un grand nombre d’idées fausses, de contre-vérités et mêmes de forgeries (comme l’histoire de la papesse Jeanne pour ne citer que la plus loufoque). Le lecteur découvrira un grand nombre de choses bien différentes de ce qu’on lui avait enseigné ou de ce qu’il avait entendu, lu ou vu un peu partout. Il est bon que des auteurs courageux remettent les choses du passé à leur juste place. Nous aurait-on menti, raconté des carabistouilles ? Une fois de plus, l’on constatera que si le mensonge prend l’ascenseur, la vérité ne peut prendre que l’escalier. Mais, au bout du compte elle finit quand même par apparaître un jour…
Pour qui veux faire connaissance avec un des personnages les plus sulfureux de l'histoire de France, cet ouvrage est indéniablement à lire.
On à beaucoup écrit sur Gilles De Rais, non pas tant pour son absolue fidélité à Jeanne d'Arc (discutable d'ailleurs) que pour ses actes de cruauté et de pédophilie avérés.
Le mérite de l'auteur est ici d'écrire un livre expurgé du romanesque.
La traite des noirs ne date pas du XVIII° siècle comme on tend à le faire croire : l'Islam a été gros consommateur d'esclaves et les razzias de femmes d'enfants et de jeunes hommes, la mise ne coupe réglée de l'Afrique date des tous débuts de l'Islam et non de la traite dite "Atlantique". Et aux joyeusetés diverses de l'esclavage s'ajoutaient celles de la castration, qui s'accompagnait d'une mortalité effrayante. Ouvrage très sérieux, un peu ennuyeux, même, qui apporte une analyse très fouillée des voies de pénétration des négociants arabes et berbères en Afrique orientale et occidentale. Peu de témoignages sur la condition des esclaves : les chroniqueurs semblent ne les avoir même pas "vus". Enfin, si les grands prédateurs ont été les arabes et les berbères, juifs et chrétiens ont aussi pris leur part de cet asservissement de l'être humain, mais moins en Afrique qu'en Europe du Nord (rappelons qu' "esclave" vient de "slave"). La traite des noirs par les noirs eux mêmes n'est pas négligeable non plus. En résumé, un livre fort savant, à lire pour l'éclairage nouveau qu'il apporte à la question de l'esclavage.
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