"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rien que pour Venise....
En route, en compagnie de Iain Pears l’érudit, pour le Vaucluse, Vaison-la-Romaine, Avignon et son palais des papes à l’entrée duquel les visiteurs curieux d’aujourd’hui peuvent apercevoir le blason de son bâtisseur, Clément VI le Magnifique.
Un pape, donc, sans doute le plus célèbre de la parenthèse française en Avignon, un poète Pétrarque dont chacun connait le nom, même s’il n’en a jamais lu un vers, et un évêque, Sidoine Appolinaire, sanctifié et fêté tous les 21 août, sont les trois personnages historiques, sur lesquels Iain Pears base son récit même si, pour les deux derniers cités, il utilise des personnages de fiction (Olivier de Noyen et Manlius). Sur trois époques différentes, la chute de l’Empire romain du Vème siècle, la papauté avignonnaise du XIVème siècle au moment de la Grande Peste et l’invasion nazie de la mi-vingtième siècle, il s’interroge sur les notions de civilisation, de résistance à la barbarie, de fidélité à ses convictions. Peut-on, doit-on consentir à de mauvaises actions pour que d’autres plus terribles soient évitées ? Dans ces périodes terribles où les barbares triomphent, la défense de la civilisation se limite à peu de choses, quelques choix cornéliens, résister jusqu’à la mort ou pactiser en espérant sauver ce qui peut l’être, s’imposent à tout un chacun et particulièrement à ceux qui sont en charge des âmes ou des corps. Et quand l’amour s’en mêle (Pétrarque a sa Laure, Sidoine sa Sophia et Julien, le personnage fictif du XXème siècle, sa Julia), les choix deviennent encore plus difficiles, plus dramatiques et plus déchirants. On ne peut que se féliciter de n’y être pas (encore ?) confrontés. L’Histoire officielle se charge, à postériori, d’habiller, à la guise des vainqueurs, les choix effectués des motivations qui l’arrangent plus que la vérité. On apprend ainsi de Clément VI, au travers du sort des Juifs persécutés à ces trois périodes pour servir de boucs-émissaires, qu’il est passé à la postérité pour avoir, au beau milieu de l’épidémie de Peste noire de 1347-1348, publié deux bulles interdisant de les forcer à la conversion et menaçant d’excommunier tous leurs persécuteurs. Quelle en était la motivation exacte ? Le roman en livre une, rien n’est certain, laissons-lui donc le bénéfice du doute.
C’est une belle promenade érudite qui pose beaucoup de questions. On y aborde, de façon romancée et agréable, politique, philosophie, histoire et histoire de l’art, à trois époques particulièrement troublées dans une unité de lieu (le Vaucluse). Les sentiments compliquent tout : amour, amitié, de même que l’envie de bien faire, et aboutissent parfois à des trahisons assumées ou à des renoncements déchirants. C’est un roman qui donne envie de retourner dans ce Vaucluse ensoleillé et parfumé pour plonger dans son histoire méconnue et (re)découvrir la poésie de Pétrarque.
« De longs cheveux brillant à rendre l'or jaloux,
Le regard le plus pur, le plus charmant visage
Qui jamais aient fait mettre un mortel à genoux,
Un sourire ineffable, un gracieux langage,
Une main, de beaux bras noblement arrondis
A faire implorer grâce au cœur le plus rebelle,
Un pied fait par l'amour, une femme si belle,
En un mot, qu'il n'est rien de tel au paradis,
Me faisaient d'heureux jours; mais Dieu l'a rappelée,
Empressé de la voir parmi sa cour ailée,
Et moi, je reste seul, les yeux morts au bonheur.
Pourtant une espérance ici-bas m'est laissée :
Peut-être l'ange heureux, qui lit dans ma pensée,
De nous voir réunis obtiendra la faveur. »
« Un Raphaël ? L’homme avait sans doute perdu la tête. Il ne se rappelait pas très bien cette église, pourtant il était sûr de savoir où se trouvaient tous les Raphaël du pays. S’il y en avait eu un dans une minuscule église comme Santa Barbara, il l’aurait su. »
Voici le point de départ d’une agréable enquête dans les salles de vente, les musées et les rues de Rome à la recherche d’un Raphaël inconnu car dissimulé depuis des siècles sous une autre peinture sans intérêt. Un Raphaël qui se pose immédiatement en rival de la Joconde et qui, racheté à prix fort par le gouvernement italien, fait la fierté du pays et l’angoisse du service de police chargé d’en assurer la protection.
Laissons les futurs lecteurs découvrir l’ensemble de l’intrigue, plaisante comme les protagonistes de l’enquête, construite sur les travaux d’un jeune doctorant anglais en histoire de l’Art, à base d’expertises et de recherches bibliographiques, de faussaires et de conservateurs rivaux, et assaisonnée d’humour et de légèreté.
On finira (presque) par avoir le fin mot de l’histoire à Sienne, sur la fameuse place du Campo. Si vous vous y rendez, peut-être pour admirer la course du Palio, entrez dans le Palazzo Pubblico, au premier étage arrêtez-vous dans la salle de la Mappemonde puis montez admirer la vue du haut de la Torre del Mangia...Inutile et dangereux de vous pencher au-dessus du magnifique parapet en travertin ! La chute vous attend tranquillement à la fin du roman et c’est beaucoup mieux comme ça.
Jonathan est le fil conducteur de ce nouvel opus des enquêtes de la brigade nationale italienne chargée des vols d’objets d’art. Cette fois, il a accepté de convoyer un tableau, et ses pérégrinations vont l’entrainer de Londres à Rome, en passant par Paris. Mais ce tableau d’un peintre obscur du XVIIIe siècle va l’entrainer bien plus loin que prévu, intervenant à son insu dans une enquête de police.
Ici, c’est le Jugement dernier, œuvre qui fait partie d’une série sur la justice, qui va être la source d’énigme. Mais également source d’inspiration pour l’auteur, qui sait toujours nous montrer les mystères du marché de l’art. Ce tableau va nous entrainer vers les heures sombres de l’occupation allemande, vers d’obscures histoires de famille, où le besoin d’exister, à travers une carrière et la gloire, pousseront certains protagonistes à la faute.
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