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Hugues Wenkin, qui a déjà écrit un livre sur la brigade PIRON, s'intéresse plus particulièrement dans celui-ci au rôle qu'elle a joué en Normandie dans les jours qui ont suivi le débarquement.
Un premier chapitre revient sur l'origine de cette brigade, sa formation en Angleterre en 1940 après la victoire allemande, avec les Belges et Luxembourgeois ayant traversé la manche pour continuer le combat, son organisation et son équipement très détaillé en armes et matériels, ainsi que son utilité avant 1944 dans la défense de l'Angleterre.
On apprend également à quel moment ce «First Belgium Group», véritable appellation de cette unité combattante, devient la brigade PIRON du nom de son emblématique leader, le major puis colonel Jean-Baptiste PIRON.
Avec les chapitres suivants on rentre dans le coeur du sujet avec l'arrivée en Normandie au début du mois d'août 1944, le haut commandement ayant fait le choix de retarder leur départ pour la France afin de les préserver pour la libération de la Belgique. Rattachée à la 6e division aéroportée britannique du général Gale, la brigade est engagée dans l'opération «Paddle» dont le but est la libération des zones normandes encore sous domination allemande, principalement sur la «côte fleurie».
Utilisée comme groupe de reconnaissance de par son organisation en unités indépendantes et mobiles – voir chapitre 1 –, la brigade va faire merveille dans ce rôle. Elle réalise une campagne éclair d'une dizaine de jours de Sallenelles à Honfleur sur la côte, puis Foulbec, avant de passer la Seine en direction du Havre, avec des pertes mesurées en raison d'une opposition principalement d'arrière-garde ennemie, les Allemands reculant régulièrement pour éviter l'encerclement.
Il n'en reste pas moins que la progression décrite avec minutie dans cet ouvrage se déroule sur des terrains copieusement minés, provoquant 45% des victimes, et au milieu des fameux bocages normands propices aux embuscades.
Le texte rend hommage aux combattants, en leur laissant très souvent la parole pour nous faire vivre avec leurs mots leur quotidien au sein de la brigade, et en citant les noms des soldats ayant perdu la vie dans les affrontements.
Ce livre représente un vrai travail d'historien dans les détails et la recherche des témoignages des membres de cette brigade pour coller au plus près de la réalité, et retranscrire de façon la plus précise possible ce que fut la campagne de Normandie de la brigade PIRON. Des photos illustrent le récit et quelques cartes permettent de visualiser l'avancée des troupes et localiser les lieux de combat.
Là est peut-être le seul petit bémol. Ce souci de privilégier l'aspect historique jusque dans les moindres détails rend la lecture très intéressante, mais un certain manque d'émotion se fait sentir en comparaison avec d'autres récits de guerre comme «Frères d'armes» de Stephen Ambrose par exemple.
Dans les dernières pages l'auteur précise ce que fut la suite de la guerre, avec la libération de la Belgique, où les soldats furent évidement reçus en héros, ainsi que celle de la Hollande.
Hugues Wenkin souligne, que grâce à la brigade PIRON, la Belgique a fait partie des vainqueurs en 1945, mais que la nation n'ayant pas reconnu leurs mérites, ces hommes qui se sont battus pour la liberté ont eu un sentiment amer, se nommant eux-mêmes «les hommes oubliés».
Pour ceux qui souhaiteraient partir en balade sur les traces normandes de la brigade, un itinéraire leur est proposé en fin d'ouvrage.
Merci à Babelio et à Weyrich Éditions pour cette lecture fort instructive.
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