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Lorsque l'on évoque les écrivains du goulag, deux noms viennent immédiatement en tête : ceux de Soljenitsyne ou Chalamov.
Pourtant, d'autres ont écrits sur ce monde concentrationnaire, mais n'ont pas eu la même reconnaissance internationale. Et ce, malgré un talent évident comme cela est le cas pour Gueorgui Demidov.
Ce physicien a été condamné à 18 ans de déportation. À son retour, il a ressenti la nécessité d'écrire sur cette terrible expérience. Ses récits ont circulé, clandestinement, avant d'être confisqués par le KGB. Ils ne seront restitués à sa famille en 1988, soit un an après sa mort.
Gueorgui Demidov utilise donc son vécu de prisonnier pour nous raconter le goulag. S'accrochant à un petit détail qui,dans cette horreur, révèle toute son importance.
Dans Doubar, c'est ainsi l'ensevelissement d'un nouveau-né qui, aussi étrange que cela puisse paraître, est comme une lueur d'espoir et d'humanité pour le zek chargé de la besogne.
Ou bien, c'est la réalisation d'une œuvre d'art qui consume un prisonnier, lui permettant de survivre à travers elle, au-delà de sa mort.
L'auteur nous entraîne, également, dans les pas d'un gardien, dépassé par ce milieu concentrationnaire, incapable de le comprendre.
Ces récits sont très touchants, plein d'empathie pour tous ces destins brisés.
Demidov s'attache à rendre une dignité, une humanité perdue pour ces détenus que les conditions de détention rendaient sensibles à la seule satisfaction de leurs besoins primaires : manger, se réchauffer, se reposer.
Les différents récits éclairent, de même, la mécanique du régime soviétique, de son auto-destruction, conduisant à se trouver perpétuellement des ennemis même parmi les fidèles, cela ressortant particulièrement de la nouvelle "Les deux procureurs".
L'éclairage particulier sur les différents aspects du goulag, sur ses différents "protagonistes", le tout servi par une très belle plume font de ce livre un coup de cœur pour moi.
Les éditions des Syrtes ont décidé de publier l'ensemble de l'œuvre de Demidov, et vu la qualité de ce premier livre, j'ai vraiment hâte de lire les autres.
L’amour derrière les barbelés, ceux du goulag. Les éditions des Syrtes sortent avec ce livre, la suite des écrits de Demidov, dont le précédent livre m’avait beaucoup plus grâce à l’humanité qui ressortait au milieu de toutes ces souffrances.
Ce deuxième tome est un coup de cœur.
Pour rappel, Gueorgui Demidov est un ingénieur qui passa 14 années de sa vie au goulag. De cette expérience, il tira une série de récits qui furent confisqués par le KGB et rendu à sa fille après la mort de leur auteur.
5 récits constituent ce livre.
Si Demidov romance ses écrits, on sent à chaque page l’expérience qui fut la sienne. Les détails, l’argot du camp, leur fonctionnement, tout est vibrant d’un terrible réalisme.
Le premier récit nous parle d’un homme, un scientifique qui a fui l’amour, pendant sa vie d’avant mais qui finit par le trouver dans l’endroit le plus improbable : le goulag. L’amour semble être à la fois tellement important mais si tenu, un fétu de paille si difficile à se remémorer, un luxe que n’ont pas les crevards.
Le second récit, « La chevalière », place aussi l’amour au premier plan, mais c’est le monde des truandes qui est mis en avant. Ce monde des bas-fonds, avec ses règles si précises, cette aristocratie du camp. « La chevalière »est un vrai récit d’aventures même si le goulag ne va pas de pair pas avec une fin heureuse.
Mais il faut parfois des exceptions et c’est là que le titre « La décembriste », apporte une bouffée d’oxygène, une sorte de miracle doux-amer. Avec ses remarques ironiques sur Staline, l’opposition de la force morale d’une jeune femme qui décide de rejoindre l’être aimé au goulag, d’une façon certes naïve mais belle, illuminant ainsi ce milieu si sombre d’une étincelle d’espoir.
Les deux dernières histoires sont frappantes par leur ton encore plus sombre. Ils nous montrent à quels points les détenus n’étaient qu’une force de travail remplaçable.
Ces récits sont très forts et marquants et montrent bien à quel point Demidov mérite sa place dans la littérature russe, qu’elle soit du goulag mais pas seulement.
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