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Cinquième ouvrage de Guðmundur Andri Thorsson, mais premier à avoir les honneurs d'une traduction dans la langue de Molière, "La valse de Valeyri" est un roman qui a pour cadre un petit village de pêche en Islande dont vous devinerez aisément le nom.
La situation de départ est suffisamment originale pour être mentionnée. Nous sommes un vendredi 24 juin, il est 16 h 30 et la brume arrive de la mer. Contrairement à sa fonction initiale, cette brume dans la narration ne vient pas obscurcir, mais plutôt lever le voile sur les habitants du village. Comme dans un film choral, tous sont liés d'une manière ou d'une autre et, si chaque chapitre est consacré à l'un d'eux, les autres ne sont jamais bien loin. Il faut d'ailleurs être très attentif et retenir rapidement les prénoms - ou surnoms - de tous ces personnages pour bien comprendre ces destins enchevêtrés. Chacune de leur vie est différente, mais elles ont en commun la plume du narrateur, habile, poétique, si caractéristique de ce pays singulier qu'est l'Islande à l'image de cette faune et de cette flore omniprésentes qui semblent faire corps avec l'ensemble des protagonistes.
En lisant la quatrième de couverture, on s'attend à une déclinaison islandaise de "Gens de Dublin" de James Joyce, mais ce n'est pas le cas. "La valse de Valeyri" n'est pas un recueil de nouvelles, mais propose plutôt une narration à multiples voix. Chaque récit est indépendant, apporte de la lumière aux autres tout en donnant corps à un tout, ce qui en fait bien un roman. "La valse de Valeyri" a d'ailleurs pour sous-titre "Histoires enchevêtrées".
Comme dans le théâtre, l'auteur s'est imposé une unité de temps et une unité de lieu, mais a laissé de côté l'unité d'action. Cette approche apporte de la fraîcheur au récit, mais l'exercice a ses limites. Valeyri est un terrain de jeu relativement petit et si attachants soient ses habitants, le développement narratif ne pouvait qu'être court. Guðmundur Andri Thorsson en était sans doute conscient et c'est sans doute pour cette raison que l'on sent au détour de chaque phrase une légèreté appréciable. La lecture se fait sans accroc, avec plaisir, mais lorsqu'on termine le roman, aucune sensation de manque à signaler. "La valse de Valeyri" m'a fait penser à certains lieux de vacances : de beaux souvenirs, mais pas forcément l'envie de revenir.
Unités de temps et de lieu pour ce roman islandais, le premier de Guðmundur Andri Thorsson qui soit traduit en français. A Valeyri, petit village de pêche, un vendredi 24 juin, Kata la Chorale traverse le village sur sa vieille bicyclette rouge pour se rendre à la salle des fêtes. Le soir, la chorale de Valeyri qu’elle dirige y donne un concert au programme ambitieux.
Au cours de ce trajet elle se remémore une autre soirée de juin, elle avait rendez-vous avec Andreas dans le grand parc public au centre de Trnava, sa ville natale, en Slovaquie. Elle avait prévu de revêtir une robe neuve, une robe de fête, ce jour où Andreas allait lui demander sa main. Mais cette robe est restée soigneusement pliée au fond de sa petite valise rouge qui l’a suivie au fil des ses errances, et même dans l’enfer de la prostitution. Peu à peu, on découvre comment Kata est arrivée à Valeyri, les raisons de son chagrin… en attendant qu’un jour son regard retrouve son éclat, que son âme chante à nouveau en jouant de la clarinette, que la vie s’invite à nouveau dans son existence, que quelqu’un l’aime à nouveau.
Il est quatre heures et demie de l’après-midi et la brume arrive de la mer. Seize destins s’entrecroisent au fil du trajet de Kata, destins et secrets saisis par le narrateur dans des « Histoires enchevêtrées » (tel est le sous-titre du roman). Entre mystères et non-dits, le narrateur déroule tour à tour l’histoire des habitants de ce petit village de pêche. Celle de Svenni, par exemple, contremaître à la salle des machines de la conserverie, qui vit ici depuis vingt ans : « courageux, capable de résoudre tous les problèmes, poli bien que considéré par tous comme renfermé et taciturne », il donne de la couleur à la chorale avec sa voix de ténor, vient aux répétitions et concerts sans jamais participer aux autres activités. Ce jour-là, comme plusieurs fois par an, il est malade… Une maladie qui remonte à l’enfance. Au téléphone, à sa sœur, il évoque l’été de ses onze ans où on l’a envoyé à la campagne et où il a « appris à avaler, obéissant ».
Seize portraits de personnages solitaires, éprouvés par la vie. Tous les secrets d’un village, dans lesquels on se perd parfois, enveloppés par la brume, entre jour et nuit. Sur fond musical.
Un roman que j’ai eu plaisir à découvrir, baignant dans cette atmosphère islandaise, proche de la nature, marquée par les failles et faillites de chacun de ses habitants. Une écriture assez poétique, entre harmonie et étrangeté, entre souffrance et silence.
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