"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce petit opus Géraldine Jeffroy revient sur certains lieux de son enfance qui sont aussi ceux où l’américain Calder a porté son dévolu pour une grande partie de sa vie en France. Elle va ainsi sur les différents lieux où Clader a vécu et créé et elle montre un homme attachant (bien plus que ce que peut laisser penser parfois certaines de ses œuvres métalliques gigantesques).
Elle nous présente un homme qui fabriquait tout (meubles, aménagements, …) en réutilisant les matétiaux, qui était avenant, accueillant, aimant prendre le temps en buvant et discutant avec ses amis et hôtes de passage, apprécié par ceux avec qui il travaillait (cf. notamment l’atelier de fonderie), …
Elle a mis de la chair, du sensible, sur l’homme et le créateur connu pour ses « mobiles » et « stabiles ».
Merci à Lecteurs.com et aux éditions Arléa pour la communication de cet intéressant opus permettant de mieux connaitre Calder
Citations :
« Imaginer, c’est hausser le réel d’un ton. » Gaston Bachelard p 9 citation mise en épigraphe
« Calder ne fait pas dans le figuratif, tout au plus invente il des abstractions réalistes. D'ailleurs les mobiles ne sont pas dessinés à l'avance. … » p 28
En lien avec la « gouacherie » (atelier où il allait chaque matin retrouver papier canson, encre et gouache) « … sans surprise sa palette est restreinte : jaune bleu rouge blanc noir. Des couleurs pures et éclatantes parce que « les couleurs secondaires et intermédiaires n'apportent que confusion et désordre ». Avec l'eau comme dynamique, Calder les fait s'interpénétrer irradiant la feuille se délectant de la flaque, de l'éclaboussure de la tâche. … » p 43
Concernant une de ses œuvres au Canada que les canadiens appellent « l’homme », Calder ne s’oppose pas à cette appellation mais « pour lui le stabile restera « Trois Disques »car il ne projette dans cette œuvre comme dans aucune autre d’ailleurs, rien de symbolique. A son propos il déclare : « je n’ai voulu exprimer aucune idée, aucune intention. J’ai seulement essayé de créer quelque chose qui fut intéressant à regarder. » » p 68
Le château de l' Islette est un château privé ouvert au public depuis 2010. Il est à quelques km d' Azay Le Rideau. Nous avons eu la chance de visiter ce château, il y a une dizaine d'années, et j'en garde un souvenir plein d'émotions. Il est petit, bordé d'un grand parc et d'un étang qui lui donnent un côté "maison de campagne". Il est une véritable invitation à la flânerie, à la rêverie, à la méditation. Lors de notre visite, dès la première pièce, j'ai aperçu une araignée de taille gigantesque, blottie dans un coin, avec l'air de dire "ne me dérangez pas". Vous imaginez qu'il n'était pas question de la déranger. Pour moi cet insecte donnait le tempo de l'endroit, c'est à dire, invitait au silence, au calme, chuuuuut, cet endroit est habité.
Le château est le décor de l'histoire, le premier personnage. Puis viennent Eugénie ; la preceptrice, Marguerite ; l'enfant, Camille Claudel ; l'artiste et Mme Courcelle propriétaire des lieux. Ces 4 présences féminines vont faire vivre l' Islette, vont illuminer les lieux, chacune à leur manière. Camille y vivra ses amours tumultueuses avec Rodin, y souffrira, mais aussi y créera la "Valse", actuellement au musée Rodin. Une nouvelle façon de nous faire comprendre que la douleur est créatrice et que l'art devient exutoire.
De tous ces événements de cet été à Islette, Debussy en sera le témoin, sera l'ami, le confident.
C'est un véritable enchantement, un bond dans le temps (nous sommes en 1892), nous sommes dans le romantisme et cela fait du bien.
Allez y, foncez et si vous passez près de ce château n'en manquez pas la visite.
L'été à l'Islette est celui qu'Eugénie, jeune parisienne, passera en 1892 au château de Madame de Courcelles, en Touraine. Alors que ses parents désespèrent de lui trouver un mari, elle deviendra le temps d'un été la préceptrice de Marguerite, mais surtout l'amie de Mademoiselle Camille, toute jeune sculpteur. Car c'est bien aux côtés de Rodin, Debussy et Camille Claudel qu'Eugénie va passer quelques mois...
Géraldine Jeffroy signe ici un premier roman tout en douceur et poésie.
Malgré le caractère impétueux et dépressif de Camille Claudel, on sent à travers les mots de l'auteur toute la sérénité de ce paysage de Touraine.
On partage avec les personnages, toute la force, l'énergie et la fatigue que demande la création artistique et on ne peut s'empêcher de voir naître sous nos yeux, les premiers succès de cette artiste tourmentée.
Une écriture posée, où tout est image, son et odeur. Un roman court mais intense, bien écrit et qui présage une belle aventure à l'auteur...
Merci aux 68 pour ce beau voyage...
Entrer dans la vie de Camille Claudel par une autre porte que celles que nous avons l’habitude de pousser pour découvrir le travail de cette artiste talentueuse… Partir le temps d’un été à L’Islette pour s’assoir dans son atelier éphémère et la regarder donner vie à La Valse… Découvrir par le bien du roman un peu plus encore cette femme passionnée et habitée par son art… Merci Géraldine pour ces pages délicieuses, remplies d’une lumière chaude comme celle d’un soleil d’été, pour cette structure de livre qui porte le lecteur dans les arcanes du temps plus près encore du dévouement d’un artiste pour son œuvre. Je me suis régalée…
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