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Ursa chante le blues. Elle le chante même mieux depuis que son mari, Mutt, l’a tabassée, lui faisant perdre son fœtus et sa fertilité. Il en reste un voile, une tessiture dans la voix, qui magnifie son chant. Tadpole, le gérant du bar où elle se produit, prend soin d’elle et en fait sa maîtresse.
Comme un chœur antique, les voix d’Ursa et des femmes de sa lignée maternelle viennent en contrepoint du récit principal. Une lignée violentée par celui qui leur a donné son nom, un esclavagiste portugais. Corregidora est ce nom maudit, ce nom qui ne sera plus perpétué, mais dont l’histoire criminelle se répercute dans la vie intime de chacune de ces femmes.
Les mots sont crus, violents comme la réalité qu’ils décrivent. La force et la difficulté de ce roman édité initialement par Toni Morrison résident dans ce récit théâtral et parfois scandé jusqu’à l’abrutissement. On en vient à ressentir physiquement l’abrutissement d’Ursa, son découragement, sa détresse.
Un grand livre qui n’est donc pas d’un abord facile, ce qui a pu faire hésiter les éditeurs français, puisque ce n’est que récemment que les Éditions Dalva, qui mettent en valeur des écrits de femmes, ont permis de découvrir ce texte traduit par Madeleine Nasalik.
Présenté comme un incontournable de la littérature américaine j'avoue être passé à côté de ce livre.
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