"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Roman trépidant, poignant et social. Gary Victor dépeint un société haïtienne violente et mise à mal par une minorité, quitter par sa femme un romancier le plus lu dans son pays Carl Vausier n'arrive plus a écrire, il choisit l'arme de la fiction pour combattre la violence qui gangrène la société.
Ce livre est aussi une fuite en avant, on retrouve des personnages hauts en couleurs, nous plongeons dans une course palpitante. Une construction intelligente, une oeuvre aussi décalé. Peur de la page blanche, Fuite, Corruption, Drogue, Gang, Politique.
Le violon d'Adrien est le récit initiatique d'un adolescent haïtien apprenti musicien prêt à tout pour un violon, un instrument rare dans un pays en proie à la dictature, à la violence et à la pauvreté. Une quête mêlant thriller, leçon de vie et culture haïtienne; ce récit contient des détails à caractère sexuel pouvant heurter les plus jeunes.
Pour ma part,
J'ai adoré ma lecture : captivante et instructive, on ne s'ennuie jamais. Les descriptions sont réalistes, la plume est riche et utilise à l'occasion le créole haïtien en guise d'illustration pour plus d'authenticité. Le récit est fluide, un savant équilibre entre découverte culturelle et leçon de vie.
Car il y a beaucoup d'aspects de la culture haïtienne à observer ici notamment les croyances locales, que je retiendrai à mon sens comme un syncrétisme religieux : un "mix" entre le christianisme évangélique, la phytothérapie et la sorcellerie vaudou héritée du fin fond des âges.
La trame du roman se déroule dans une époque problématique où Haïti est gangréné par l'oppression des "tontons macoutes" à la solde de la dictature présidentielle, vers les années 70, du temps des "gourdes" et du "borlette". Le narrateur y dépeint la pauvreté, la corruption et l'insécurité d'une société au bord de l'implosion où un apprenti violoniste n'y a pas sa place :
« Le violon, c'est pour la musique savante, Adrien. Notre pays est un bateau qui sombre. Il sombrera longtemps avant qu'une main peut-être divine ne le remette à flot. Pendant qu'il sombre, nos femmes et nos hommes ne pensent qu'aux choses les plus triviales qui soient. Je te plains. Tu es perdu dans un monde qui n'est pas le tien. Un petit Haïtien qui rêve de devenir un virtuose du violon ! »
Je n'ai qu'un seul mot pour ce roman de tous les genres riche en actions et en émotions : inclassable.
Coup de cœur.
https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-le-violon-dadrien-de-gary.html
Aujourd’hui direction Haïti.
Avec 13 nouvelles de l’auteur Gary Victor ayant pour fil conducteur : le vaudou.
Cette religion qui a inspiré romanciers et cinéastes. Qui évoque les poupées, les poulets sacrifiés et le sang.
Pour autant, comme tout, le vaudou n’est-il pas ce qu’en font les hommes ?
Dans ces treize nouvelles, l’étrange s’immisce dans l’univers des personnages. Certains craignent le vaudou, d’autres n’y croient pas mais tous seront confrontés à leurs pires cauchemars.
La nuit devient menace, les rêves cachent une réalité effrayante. Les morts ne le sont pas forcément et la cupidité se paye au prix fort.
L’occasion est aussi belle pour évoquer les maux qui ravagent Haïti : la violence, la corruption, la condescendance des étrangers qui pensent savoir mieux, la condescendance des haïtiens qui ne voient dans le vaudou qu’une superstition.
J’ai retrouvé l’impression que je ressentais en lisant des nouvelles de Bradbury : une impression de malaise, d’étrange qui englue le lecteur, qui l’empêche de poser le livre avant de l’avoir achevé.
Je me suis régalée à découvrir la plume de cet auteur haïtien, même si attention pour les âmes sensibles, certains passages sont sanglants.
Pour la part, je n’ai pas boudée mon plaisir et je vais certainement lire d’autres récits de cet auteur.
Un livre fleuve, un roman épique, une quête initiatique, un joyeux capharnaüm de l’Odyssée, des douze travaux d’Hercule (non pas ceux d’Astérix !) de Don quichotte, de Gargantua….
La quatrième de couverture essaie de résumer ce livre dense. Sonson Pipirit est parti rechercher son ami Persée Persifal, tué, qui erre dans un monde alternatif, genre purgatoire. Pour ce faire, il doit suivre la Piste, surmonter différentes étapes où la mort côtoie la danse, où un guide (une bonne âme ?) l’aide s’il suit le bon chemin. A chaque nouvelle épreuve, il doit écouter l’histoire de celui qui reste bloqué sur cette Piste. Ces histoires racontent l’Histoire d’Haïti, je pense sans parti pris, sans à priori. Tout le monde grands et petits, corrompus et non corrompus en prennent pour leurs grades.
J’avoue m’être arrêtée plusieurs fois, mais j’ai toujours repris avec grand plaisir, tourné les pages avec curiosité jamais angoissée. C’est un livre de rencontres, d’amoures échevelées, de sortilèges, de personnages fantasmagoriques. Un vocabulaire aussi bien truculent, cru (le sexe y est très présent) que poétique.
Un conseil : ne pas chercher de chronologie, le temps n’a plus la même notion ; ne pas chercher à se raccrocher à quelque chose de tangible, non, il faut se laisser porter par une histoire totalement échevelée pourtant parfaitement maîtrisée.
Oui, vraiment, un livre inclassable, mais riche et joyeux.
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