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C’est en 1948, dans ce coin de la baie de Vauville (département de la Manche), qu’Eric Pellerin a déposé son bâton, si je puis dire. Tout en restaurant des bâtiments fortement éprouvés par la Seconde Guerre Mondiale, il se mît à concevoir un vaste jardin auquel est dédié ce volume de la collection « des jardins d’exception » aux éditions Ulmer. Conçu selon une formule désormais consacrée – à savoir une préface, ici, signée Didier Decoin de l’Académie Goncourt et un cahier de photographies de grande qualité -, cette petite monographie bilingue (français-anglais) se révèle une excellente introduction pour préparer la visite du lieu. Aujourd’hui, le « jardin du voyageur » est intimement lié au château dont l’architecture domine les 40 000 m² de végétation exubérante. En effet, le domaine comprend près de 1000 espèces issues de l’hémisphère austral, ce qui lui donne une apparence subtropicale, alors que nous sommes dans la presqu’île du Cotentin. Dès l’entrée, le parcours bien défini vous surprend d’étape en étape (oserais-je écrire « d’escale en escale » ?) en vous offrant des points de vue inattendus pour un tel lieu (il jouit d’un microclimat). Dès la première chambre, le « Théâtre de bambous », la magie opère en offrant une première respiration, une première ouverture vers le ciel, avec en son centre une sphère armillaire. Puis viennent la collection de trachycarpus et d’autres palmiers, suivis de l’abreuvoir et du plaisant bain d’oiseau. Et ainsi de suite, au gré de la déambulation, les visiteurs reconnaissent ici des hydrangéas, là, des eucalyptus et d’imposants cyprès. Plus loin encore, des rhododendrons et des azalées, voire des genêts et des rosiers. Mais ce qui est frappant dans le jardin de Vauville, ce sont les mises en scène de toute cette végétation. Ma préférence va au Jardin de la Sagesse (en douteriez-vous ?), un lieu imprégné d’une douceur caressante comme la brise qui le parcourt, parfois. Un bassin où se reflètent les nuages courant dans le ciel bleu de Normandie. Là, sur un banc de pierre, entouré d’agapanthes et de fougères, à l’ombre d’un chêne vert et des eucalyptus, vous pouvez avoir le temps d’un soupir l’illusion d’être ailleurs que dans un monde de brutes. Nous l’avons oublié, mais le jardin est également un refuge, et non seulement pour le rouge-gorge ou le hérisson. Vauville vous offre en prime le dépaysement ; même s’il a eu à souffrir de la tempête de 1987, il devient un lieu de préservation d’une végétation si rare sous ces latitudes. Un lieu à visiter, assurément !
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