"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai eu du mal à passer outre le dessin, qui n'est pas assez expressif. Et les mises en scène manque de dynamisme. Les couleurs sont jolies, néanmoins, et le traitement graphique original. Reste le scénario, qui s'appuie sur une matière riche et captivante.
Apocalypse Now de Francis Ford Coppola est mon film préféré de tous les temps. Pourtant je l’avais découvert dans une version doublée en français dans mon cinéma de quartier à sa sortie en 1979. Mais ce film m’avait fasciné par son ambiance, ses décors, ses scènes spectaculaires de guerre et la prestation de Martin Sheen et de Marlon Brando.
Ce ne fut pas le premier film à aborder le sujet de la guerre du Vietnam. Coppola se fit couper l’herbe sous le pied par Michael Cimino et son ‘Voyage au Bout de l’Enfer’, Oscar du Meilleur film en 1979.
Cette BD est le making-of du film qui existe aussi sous forme d’un documentaire tourné par l’épouse de Coppola et qui fut le premier de la sorte.
Ce tournage a été des plus épiques démarrant en avril 1976 pour se terminer en mai 1977. Le film nécessita aussi des mois et des mois de montage, si bien que celui-ci n’apparaitra sur les écrans que le 15 août 1979 après avoir reçu la Palme d’Or à Cannes (ex-aequo avec ‘Le Tambour’).
Les situations sont tellement rocambolesques qu’elles en deviennent drôles. Peut-être Coppola âgé de 84 ans en rit-il aujourd’hui mais il a bien failli y passer lors de ce tournage, en complète dépression nerveuse et proche d’un divorce.
Quelques événements inattendus lors du tournage :
· l’acteur principal Harvey Keitel ne convient pas et est remplacé seulement deux semaines après le début du tournage par Martin Sheen, donc on retourne 2 semaines de séquences
· Coppola demande au président Marcos, le film étant tourné aux Philippines, 15 hélicos et pilotes pour lesquels Marcos lui facture….5 millions de dollars, le tiers du budget du film !!!
· Coppola doit hypothéquer ses biens pour boucler le tournage
· Martin Sheen qui fait un infarctus…à 36 ans !
· Les pluies et vents violents qui stoppent net le tournage pendant 6 semaines
· Les caprices de star de Marlon Brando
Aucun autre film Hollywoodien n’avait connu un tournage aussi chaotique et fou. Mais au bout du compte, un chef d’oeuvre absolu qui fut un beau succès et épongea les dettes de Coppola. Seulement un répit pour lui car son film suivant One from the Heart fut un bide colossal et l’obligea à revendre son studio Zoetrope.
Coppola travaille aujourd’hui après plusieurs années d’absence à un nouveau méga projet ‘Megalopolis’ (le bien nommé) qui devrait voir le jour en 2024 mais avec lui on n’est sûr de rien.
Superbe BD très colorée dans un style très particulier de coloriage qui rend bien l’atmosphère de l’époque et du tournage.
Coup de coeur : 10/10
https://nathavh49.blogspot.com/2023/09/un-tournage-en-enfer-au-coeur.html
Sarah Evans a 26 ans. Après des études option cinéma en Californie, elle est embauchée en 1976 en tant qu' attachée de production sur le prochain long métrage de Francis Ford Coppola: Apocalypse now. C'est par ses yeux que l'on découvre le tournage du film.
Un tournage démesuré, qui dépasse de loin les prévisions financières, qui rend Coppola fou, paranoïaque et intransigeant... De la crise cardiaque de Martin Sheen à l'arrivée de Brando, des explosions au typhon, des alertes des producteurs aux nuits blanches de Coppola qui réécrit constamment le scénario...
Florent Silloray, que j'avais découvert avec l'excellent "Le carnet de Roger", nous plonge en immersion dans le tournage d'un film à part. Avec Sarah comme témoin, il parvient à rendre vivant cette succession de moments plus dingues les uns que les autres entre drogue, alcool et ballet d'hélicoptères philippins.
18 mois de tournage, 300 km de pellicule contés avec des flash-backs, jusqu'au montage complexe et la palme d'or à Cannes avant la sortie officielle. Le récit est prenant et le dessin très beau, aux couleurs directes en techniques variées dans des ambiances entre jungle et hallu.
Au prix d'une sacrée enquête et d'un travail de 4 ans, Florent Silloray nous livre un album documentaire passionnant. C'est aussi le récit d'un tournant dans le 7ème art, la fin d'un certain cinéma et le passage aux popcorns movies.
Dix-huit mois de tournage aux Philippines dans des conditions parfois dantesques. Douze mois de montage. Débuté en mars 1976, le film sort, à peine achevé pour le Festival de Cannes 1979 où il obtient une palme d'or (la deuxième pour Francis Ford Coppola) ex-æquo avec Le tambour. Tournage démesuré donc, pour un film qui ne l'est pas moins. Nombreux acteurs contactés pour le rôle du capitaine Willard, qui tous refusent pour diverses raisons. C'est Martin Sheen qui le joue. Il ira jusqu'au bout, reprendra quelques semaines après une crise cardiaque. Puis c'est Dennis Hopper qui fait des siennes, puis Marlon Brando... Et Coppola qui oscille entre la paranoïa, la déprime, l'autoritarisme. Démesure à tous les niveaux.
Très documenté, Florent Silloray raconte le tournage de ce film mythique, n'ayons pas peur des mots, que personnellement je n'ai vu qu'une seule fois dans sa première version. Il en existe deux autres, une de 2001 Apocalypse Now "Redux" de 194 minutes et une de 2019 Apocalypse Now "Final cut", de 183 minutes, au montage le plus proche de la vision de Coppola.
En 1976, Francis Ford Coppola fort de son succès avec Le Parrain, s'empare d'un scénario de John Milius, d'après un roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, et compte bien faire un film inoubliable avec un point de vue très original pour l'époque sur la guerre du Vietnam qui vient juste de finir. Les ennuis s'accumulent, les dépassements de budgets et les doutes, la peur de faire le bide le plus cher de l'histoire du cinéma hantent le réalisateur. Le plateau est tendu, les financiers stressés.
C'est tout cela que raconte Florent Silloray, à travers une attachée de production de la société de production crée par Coppola. Sarah Evans est un personnage fictif qui se balade dans tous les lieux de tournage et de décision pour nous faire vivre au plus près la réalisation de ce film. Et l'on prend conscience de la démesure du projet, de ce que peut impliquer un film fait avec des vrais personnes et non pas sur fond vert avec des effets spéciaux numériques qui, s'ils sont bluffants, ôtent un peu de magie et d'humanité. L'album est très beau, les couleurs dans les tons verts et jaunes semblent coller aux paysages, la mise en scène est plaisante et permet de se retrouver aisément dans la genèse du film, de l'idée à la sortie sur écran. C'est passionnant et ça donne envie de (re)voir le film.
PS : J'ai trouvé et regardé la version de 2001, et je peux dire que ça marche encore, que l'on suit le capitaine Willard avec attention. C'est un film au rythme et aux images fascinants. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux conditions de tournage décrites dans l'album, notamment dans certaines scènes. Cela permet de mesurer les performances des acteurs et de tous ceux qui ont travaillé sur ce film. C'est lent et tendu, sombre. A coup sûr un grand film. Et une bande dessinée qui donne autant envie de le revoir est forcément un très bon album.
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