"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Créateur de King Kong dans les années 1930, Meriam C. Cooper a toujours conjugué avec succès ses deux grandes passions:le cinéma et l'aviation.De pilote de chasse pendant la Première Guerre mondiale à producteur à succès pour Hollywood, son destin symbolise les États-Unis du xxe siècle, y compris dans sa part la plus sombre...
Florent Silloray est un adepte des « biopic » : après avoir évoqué dans « Le carnet de Roger » la déportation en camp de travail de son grand-père et son périple sur les traces de son aïeul suite à la découverte de son carnet ; après s’être attaqué ensuite à la vie mouvementée et passionnante du photographe de guerre Capa dans « Capa l’ étoile filante », le voilà qui nous raconte aujourd’hui la destinée hors du commun de Merian C. Cooper tour à tour élève-officier, aviateur tombé en territoire ennemi et sauvé des geôles russes par une énigmatique espionne, documentariste dans des contrées exotiques, fondateur de la Paname, associé de David O Selznick, réalisateur de « King Kong », inventeur du Technicolor et pilier du Maccarthysme…
Or, pour raconter cette vie aventureuse, il reprend ses vieilles recettes et cela ne fonctionne plus : si le dessin est toujours aussi abouti, le récit est linéaire et très (trop) sage. Les seules cases en couleur sont celles qui font référence à la situation d’énonciation (l’interview par l’étudiante) reprenant un système déjà mis en place dans « Le carnet de Roger » … Là où le sépia prenait tout son sens pour raconter les tribulations du soldat Roger et rendre la réalité à la manière du photographe Capa, on reste sur notre faim pour l’inventeur du technicolor ! On aurait bien aimé également du dynamisme et du mouvement pour un héros qui a vécu toute sa vie à 100 à l’heure et qui inventa la couleur au cinéma !
Cette vie si palpitante et sujette à controverse est moins scénarisée qu’illustrée : l’album est constitué d’un long monologue de Cooper et il y a très peu de dialogues. On frôle l’hagiographie parfois (le côté raciste de ce sudiste n’est que très brièvement évoqué et son rôle important dans la chasse aux sorcières à Hollywood absolument minoré) et c’est tout autant monotone que monochrome …. On se prend à rêver de ce qu’aurait pu donner le récit de cette vie haute en couleurs et « bigger than life » avec une réelle mise en scène !
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