Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
"Quoi que la vie te réserve, promets-moi de te battre bec et ongles pour le droit au bonheur".
Cette demande a l'air simple, pourtant dans une société où l'on se préoccupe surtout de son statut elle a de quoi surprendre. Cette phrase prononcée par sa mère le jour de son mariage, Eva ne l'oubliera jamais. Elle la confortera dans ses choix, lui fera relancer la marche avant lorsqu'elle se trouvera temporairement enlisée, lui permettra de construire sa vie en suivant son instinct. Qu'est-ce que le bonheur ? Éternelle question à laquelle chacun répondra de façon très personnelle. Pour Eva, le bonheur a un rapport étroit avec la liberté. Et sa recherche de liberté va l'amener à faire puis assumer des choix qui la mettront en marge de la société pendant une bonne partie de sa vie. Dès le moment où, en 1949, à 46 ans elle convainc son mari de la laisser partir. Elle quitte la demeure cossue des Fitzgerald pour une petite maison à Dublin où elle s'installe avec ses deux enfants déjà grands et prêts à faire leur vie de leur côté. Elle ouvre une école d'art pour les enfants, persuadée que laisser s'exprimer la créativité est le premier pas vers la construction de soi. Elle ne sait pas encore à cette époque qu'elle n'est qu'au milieu de sa vie, que de terribles chagrins l'attendent. Mais aussi des rencontres. En Irlande, en Espagne, au Maroc, dans les îles britanniques et même au Kenya où vit sa fille, mariée à un propriétaire terrien. Partout où ses envies la portent. Une vie sobre, débarrassée de vaines possession, axée sur le rapport aux autres, sur l'engagement pour les causes qui lui tiennent à cœur, sur une certaine spiritualité à mille lieues des murs fermés des églises. Jusqu'à sa (presque) dernière demeure, une roulotte qui lui permet de se poser quelque temps et de repartir, défendant farouchement son indépendance et sa liberté, et que sa petite fille baptisera "l'arche", nom prédestiné.
Une arche de lumière traverse la seconde moitié du 20ème siècle aux côtés d'une héroïne formidablement attachante sur fond de conflit irlandais, de décolonisation et de luttes pour toutes les émancipations qu'il s'agisse de l'apartheid en Afrique du Sud, du droit des femmes ou de ceux des homosexuels. Eva s'intéresse au vivant, à la personnalité de chacun, mère attentionnée et inquiète, grand-mère éblouie, oreille attentive et réconfortante pour celles et ceux qui se donnent la peine de dépasser les convenances. Prête à renoncer à son dernier rêve, s'installer au Costa Rica pour ne pas abandonner son vieux chien.
Cela faisait bien longtemps qu'un roman ne m'avait autant émue. Peut-être parce qu'il interroge tellement le sens de la vie, sans effets spéciaux, à l'aune de sentiments palpables. Sans doute aussi parce que Dermot Bolger s'inspire d'une femme qu'il a réellement rencontrée comme il le raconte dans une très belle postface. Dans un monde où nous faisons face à de plus en plus d'injonctions parfois contradictoires, où la pression de l'image et de la consommation n'ont jamais été aussi fortes, où le bruit se fait assourdissant, ce personnage déterminé à suivre sa voie, à assumer une sorte de décroissance en se contentant du minimum vital et surtout à savourer les instants d'un bonheur très simple est tellement inspirant.
Il y aurait encore beaucoup à dire. Pourtant, ce qui me semble le plus important c'est de souligner la beauté poignante qui se dégage de ce roman à l'image de ces quelques mots que Francis, le fils d'Eva adresse à sa mère dans une lettre : "Aujourd'hui, pendant que j'en dégageais un (arbre), j'ai compris ce que toi et moi nous devons faire de nos vies : éclaircir autour de nous un espace suffisant pour pouvoir y respirer et simplement vivre notre vie, en restant nous-mêmes."
Le plus beau roman que j'aie eu sous les yeux depuis un bout de temps.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Je fais la connaissance de l'auteur irlandais Dermot Bolger avec ce livre traduit par Marie-Hélène Dumas qui vient d'être publié en France.
Ce livre m'a tout de suite séduite par son rythme lent et le sens de l'observation comme si je regardais un tableau, attirée par la peinture mélancolique d'une époque en train de disparaitre. Cette magnifique composition d'un temps perdu m'a fait penser au roman cet été là de William Trévor qui m'avait beaucoup marquée également.
Au centre de ce récit, Eva, le portrait révolutionnaire d'une femme irlandaise en voie d'émancipation, une artiste avant-gardiste qui a fait de sa vie une oeuvre en création.
Eva, c'est Sheila Goold Verschoyle que Dermot Boger avait rencontré lorsqu'il était étudiant et l'avait encouragé comme personne dans ses premiers pas d'écrivain.
Eva comme l'appelle l'auteur dans son roman, est un personnage féminin inoubliable. Entêtée à vivre sa vie affranchie des conventions, à mener des combats pour des idées et des valeurs qu'elle partage avec convictions.
Une vie marquée par des manques et des tragédies qui n'ont pas altéré sa croyance en quelque chose de supérieur qui n'a rien à voir avec la religion.
Et c'est cette foi, cette énergie qui rendent Eva si solaire et accueillante.
Ce roman est l'hommage personnel de Dermot Bolger à partir des confidences enregistrées de Sheila dans sa petite caravane de fortune appelée L Arche, plantée dans les bois de l'ancienne demeure en ruine de son mari à Turlough dans le comté de Mayo.
Cette maison ancienne de Glanmire House hantée dans ses caves par la légende du fantôme du majordome et les cendres du parterre de jonquilles sont les derniers vestiges d'un passé révolu.
Ce sont les traces des lieux immortels, le lieu de départ et d'arrivée des nombreux chemins parcourus à travers le monde par Eva.
Le premier chapitre par son ton élégiaque fait naître une émotion qui m'a beaucoup marquée et la toute fin qui est une réalité sombre serre le coeur. Les derniers instants d'une vieille dame excentrique aux vêtements colorés entourée de ses derniers chats et de son fidèle colley racontés pour moi de deux manières différentes.
Entre temps, nous remontons le passé d'Eva. le roman se déploie à grandes enjambées comme la grande fresque d'un incroyable parcours d'émancipation féminine sociale et politique des années 50 jusqu'à l'aube du 21 ième siècle.
Que ce soit à Dublin, à Londres, au Maroc ou au Kenya, Eva a laissé quelque chose d'elle-même dans ses rencontres en laissant pousser la graine de la création chez ses interlocuteurs.
A Dublin, par exemple Eva a été la première à ouvrir des ateliers de peinture pour enfants. Sa caravane de bohème, son dernier chez-elle, u dans les années 70-80 a été le refuge d'étudiants en arts du monde entier qui venaient la voir pour discuter avec elle.
Une arche de lumière est à la fois un beau roman lumineux et enténébré des bonheurs envolés comme est la vie qui lui a valu plusieurs années d'écriture à l'auteur. Il est le deuxième volet d'un premier roman centré celui-ci sur l'enfance d'Eva à Manor House dans le comté du Donegal « Toute la famille sur la jetée du paradis » qui aborde les tensions politiques de la vieille famille aristocratique Goold Verschoyle dans une Irlande déchirée.
J'aimerais aussi voir les croquis dessinés par Sheila Fitzgerald (son nom d'épouse) lorsqu'elle était enfant dans le livre « A Donegal summer » qui n'est pas encore publié en France.
Encore de belles lectures à découvrir.
Tous les ans, à Pâques, Alison et Peadar s’offrent cinq jours de vacances dans le luxueux hôtel Fitzgerald. Cela ne va pas sans sacrifices et cette année, Alison devra faire une croix sur sa nouvelle cuisine. Tel est le prix à payer pour bénéficier du service et des équipements de cet hôtel où se croisent les habitués et qui fait le bonheur de leurs trois enfants. Entre routine et plaisir de respecter une tradition, la famille quitte Dublin pour la côte et ses plaisirs. Mais cette année, Peadar a du mal à se déconnecter. Principal d’une école, il supervise la construction d’une annexe qui lui cause bien des soucis. Quand, à peine installé au Fitzgerald, il est rappelé à Dublin, Alison se sent perdue. Seule avec trois enfants, saura-t-elle résister à la présence magnétique de Chris Conway, un amour de jeunesse -non consommé- qui la ramène à une époque où elle n’avait ni mari ni enfants…
Ennui d’une vie de couple trop bien réglée, ennui de vacances sans surprises, ennui de la routine, des habitudes et ennui à la lecture d’une histoire où le bonheur semble absent. La joie des vacances est gâchée par les préparatifs, la longue route en voiture et cet hôtel avec ses habitués, toujours les mêmes visages, ses parties de golf, son buffet, sa piscine et les rancœurs d’une mère de famille qui dit d’elle-même qu’elle a sacrifié son bonheur au profit de son mari. L’intérêt pourrait venir du deuxième homme, amour de jeunesse, amant potentiel mais il vient de vivre un drame épouvantable qui noircit une atmosphère déjà plombée par une Alison amorphe et un Peadar incapable de s’investir dans ces vacances.
Le seul point fort de Dermot Bolger, c’est qu’il a su se mettre dans la peau de cette femme qui aborde la quarantaine avec quelques regrets, ravivés par la présence d’un homme qu’elle a connu à l’époque de tous les possibles. Alors élève infirmière, Alison vivait en colocation à Dublin et passait ses nuits à fumer et à boire, le cœur partagé entre le charismatique Peadar et le timide Chris. Mais ce dernier s’était effacé, laissant la place à son rival. Des années plus tard, le couple qu’elle forme avec Peadar est solide et pourtant Chris réussit à la troubler, peut-être parce qu’il représente ce qui n’a pas eu lieu, ce qui aurait pu être.
Dans l’ensemble, les personnages sont peu attachants, agaçants même et l’histoire ne donne envie ni de se marier, ni de faire des enfants, ni de passer cinq jours dans un palace. Une lecture plombante.
Un homme seul dans une ville étrangère fait le bilan de sa vie : son métier, son mariage, sa fille en même temps qu'il reprend contact avec son corps lors d'un massage.
Un roman sur la solitude, les illusions, les questionnements comme souvent dans les romans de Dermot Bolger. L'écriture est un peu brouillonne comme le flux des pensées sans queue ni tête parfois avec de beaux passages sur les sensations éprouvées lors d'un massage. L'ambiance est un peu triste surtout lorsque les 2 solitudes, celle du narrateur et de la massage se font face sans vraiment se comprendre.
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