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Dans ce premier roman, la comédienne Dea Liane rend hommage à la qui s’est occupée d’elle de ces premiers mois à ces 13 ans, « Comment dire mon amour à Georgette, comment parler d’amour alors que nous n’avions jamais dit les mots ? L’amour était dans le quotidien, c’était sa seule façon de s’exprimer dans un cadre qui n’autorisait pas les mots d’amour » page 13
Georgette était la bonne, la fille, la gouvernante mais justement « Quelle valeur donner à cette relation... elle était une domestique et tu étais une enfant de la bourgeoisie. » page 18
« Elle enfile sa blouse et son tablier, elle sert les citronnades,… c’est une apparence, mais dans la bourgeoisie chrétienne libanaise l’apparence est vitale… il faut tenir son rang. » page 83
La narratrice n’a rien oublié de cette femme qui était d’une « discrétion prodigieuse, inquiétante » avec qui elle parlait arabe « L’arabe est la langue de leurs besoins, de leurs jeux avec elle. » page 61
La construction du livre en 26 séquences lui donne un rythme original, tantôt les souvenirs tantôt comme le scénario du film de sa vie grâce aux films qui se mère filmaient très souvent pour garder une trace de tous les moments.
Belle découverte grâce à la @librairielinstant et la seconde sélection du #prixdelinstant
Un roman découvert dans le cadre des coups de coeur des lecteurs du mois de Femina.
Une intrigue témoignage de l'autrice pour son premier roman, c'est un hommage envers Georgette, sa nounou la femme qu'elle considéra comme sa seconde mère.
Une enfant c'est sentie trahis lorsque la femme qui l'a élevé quitte son emploi pour fonder une famille, pourtant l'amour était forts entres ses êtres. Les images, les souvenirs et les anecdotes. Un portrait d'une servante au grand cœur. La routine d'une famille. L'exil, le déracinement, des retrouvailles.
Un texte émouvant qui ébranle, les mots son justes.
"On pourrait croire que j’écris à propos d’une personne morte. Le plus fou dans cela, le plus insupportable : savoir qu’elle est là quelque part, qu’elle respire pendant que j’écris, mais qu’elle n’existe plus dans nos vies. Comment on disparaît d’une vie. Quelle valeur donner à cette relation. Comment contredire ce que disent ces années de silence et d’absence elle était une domestique et tu étais une enfant de la bourgeoisie."
J'avais été choquée il y a quelques mois, en captant des bribes de conversation à la terrasse d'un restaurant de bord de mer. Je vous brosse le tableau : 2 femmes d'un âge certain, se retrouvent. Elles se fréquentent depuis un temps très long qui remonte sans nul doute au siècle dernier. Quand la seconde rejoint la première, leur conversation reprend, comme ininterrompue. Tout est fluide entre elles. Elles se connaissent sur le bout de leurs ongles manucurés. Elles connaissent leurs familles respectives. Avec une fierté teintée d'une pointe de compétition, elles égrainent les réussites des enfants, des petits enfants. Elles n'ont pas de souci grave. Pas de maladie, pas de divorce en vue, pas de faillite à déplorer. Elles accueillent bientôt leurs petits enfants. C'est amusant, gratifiant, normal, mais aussi un peu fatigant. Alors heureusement, elles ont chacune une fille pour les aider. Mais une fille n'est pas une aide facile. Il faut déjà la trouver, puis surtout qu'elle convienne à la grand-mère, à l'environnement, aux enfants. Vous n'imaginez pas le compliqué de la situation. Nous sommes à la limite du calvaire. Elles se racontent leur vie difficile en sirotant leur verre de Muscadet tout en décortiquant leur plateau de fruits de mer.
A aucun moment elles ne prononcent le prénom de la fille qui les soulage du fardeau de s'occuper de leur descendance. On est loin de la mamie gâteau qui vous prépare votre tarte préférée. On les imagine téléphoner à leurs copines, allongées dans un transat de la maison de vacances familiale, en disant "pffffuhhhh j'ai les petits enfants ; c'est géniaaal mais que c'est épuisant aussi !!!!". de mon côté, je m'accroche à la conversation, sidérée et révoltée par cet anonymat qui nie l'existence de la fille. Ce n'est pas un être humain. Tout juste un outil. J'ai envie de leur crier à l'oreille en soulevant leur chapeau de paille à large bord : elle s'appelle comment LA FILLE ??????
Aujourd'hui avec ce roman, je suis heureuse : la fille a un prénom. Elle s'appelle Georgette. Alors qu'habituellement elle est reléguée au dernier plan, dans l'ombre, là elle a le premier rôle. C'est extrêmement sensible, délicat. Notre Georgette a de la chance tout de même : dans la famille ou elle est, on l'appelle par son prénom. D'autres moins considérées ont moins de confort qu'un animal domestique. C'est aberrant quand on pense qu'en compensation elles prennent soin des plus fragiles et précieux : les enfants.
C'est là que les choses se compliquent : car alors que les filles restent juste des aides pour les parents, côté enfants elles deviennent des piliers de leur existence. Celles qui consolent, cajolent, nourrissent, nettoient, amusent, occupent, sortent. Tout ce que les parents ne prennent pas le temps de faire. Alors il se crée une relation privilégiée entre la fille et ces enfants. Reste l'intelligence des parents pour gérer cette relation dont ils peuvent être parfois jaloux, ou alors qu'ils peuvent nier complètement.
C'est tout cela que raconte Georgette. Celles qui ont une place prépondérante, mais que l'on ne doit pas voir. Qui doivent être efficaces, ne pas prendre la lumière, nier leurs propres vies. Mais que reste-t-il quand on a donné sa vie à d'autres enfants et que ces enfants sont devenus grands ?
C'est comme un doudou qui n'a plus d'utilité. le doudou reste dans un placard à souvenirs. La fille reprend une vie dont elle a oublié le fil.
Alors faut-il le lire ?
Oui. C'est très beau, très sensible et doux. Un bel hommage à toutes les filles dont on ne dit pas le prénom. Si je recroise ces vieilles mégères à une terrasse, maintenant je peux leur crier à l'oreille en soulevant leur chapeau de paille à large bord : elle s'appelle GEORGETTE !!!!!!!!
Entre le Liban, la Syrie et la France, l’autrice revient sur sa relation avec la bonne de la famille et la place de celle-ci dans la famille.
Roman construit en séquences à l’image du film de famille super 8 monté par sa mère sur plusieurs années, le ton est au présent, haché comme un souffle suspendu pour dire l’émotion qui revient, la nostalgie qui prend.
Le ressenti est mitigé, l’intention de l’hommage est sincère mais quelques zones restent dans le hors-cadre, floues, tues.
Un sentiment de frustration à la dernière page sans arriver à le définir…
Je n’ai pas détesté mais je ne sais si j’ai aimé….
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