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D’ombre et de lumière, « Alpha Bêta Sarah » est œuvre. Détenir ce roman, le faire sien est une chance inouïe. Une rencontre intime et riche avec Constance Flore qui délivre une histoire serrée comme un café fort. Dans cet espace-monde déchiré, à la croisée des nuits lourdes comme du plomb, des tumultes, d’un sombre apprivoisé dans l’orée des interdits. Sarah est là. Point dans le centre de cette forêt abyssale, mine livresque. Parler de cette enfant, c’est trop tôt. Laissez venir à vous cette grammaticale saveur. Cette teneur épiphanie des grandeurs dont on aime le calme verbal, la force, l’alliage d’un langage méritant. « Maud lui lança un regard comme un serrement de main. Et sa main était grande et sa main était chaude et sa main était pourpre et triomphante. » Ecoutez ces mots d’orfèvre qui implorent le chaud du réel, le doux des corps qui ne connaissent que remous, sable mouvant et tristesse infinie. Entrez dans ce récit par la porte lumineuse, celle qui foudroie les limbes. Malgré les cheveux pris dans les branchages de ces forêts sombres, les genoux écorchés, la faim aux abois, les griffures cannibales d’une mine parabolique, les douleurs et souffrances de Sarah et de son frère Ernst, l’ampleur est sève et vérité. Transcendante par son style nocturne qui assemble l’épars, qui connaît les signes qui surpassent tout entendement. Si beau qu’il donne le vertige. En manichéenne posture, aussi, tant ces deux enfants sont égarés par les folies d’un père : Dan, terrible et sauvage. Broyant sans cesse la chair de sa chair en violence gratuite, exacerbée, cruelle et sadique. D’un seul mouvement, la lame de fond attire Sarah. Elle part, fuit, se terre. Devient grotte matrice, joyau et seule. S’écarte des vivants, de son frère, l’aimé, l’adoré. Son siamois, ses émois, ses éveils, l’amour. Mine matrice, retour dans la terre-mère. Le symbole crie, arrache à la face du monde le seul éclat de pureté. « - Dis pas de choses pareilles ! sont innocents, sont pas conscients, sont confus dans l’amour. Pourquoi toujours s’enfoncer dans des drames ? Eloigne toi de leurs blessures. » Ernst est Icare. Les regards perdus, éperdus, piégé dans la toile du vide abyssal. Il cherche son double. Que va-t-il se passer ? Gémellaire fusion, inceste empreint de non-dits. Passage d’une rive à l’autre. S’aimer ou sombrer ? Mimétisme. Echappées sans retour possible. Qui fuit ? qui fuit quoi ? qui fuit qui ? « Depuis que le monde est monde, les enfants se rebellent, les parents les redressent, puis tout redevient rond. » « Alpha Bêta Sarah » est un cri dans la nuit. Sarah et Ernst sont nôtres. Tremblant, risqué, grave, vivant, si vivant « Alpha Bêta Sarah » est le phare du bout du monde. Un voyage sans retour tant l’appel du large est Tout. Un livre infini. Culte. Publié par les majeures Editions Le Nouvel Attila.
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