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Depuis que je fais partie du jury du Grand Prix des Lectrices du magazine Elle, je me rends compte que les lectures sur des road-trip s’enchaînent. En effet, après « Sugar Run » de Mesha Maren (chez Gallmeister) ou encore « Lake Success » de Gary Shteyngart (aux Editions de l’Olivier), dont vous pouvez retrouver mes chroniques sur mon blog, voici encore un bouquin à ce sujet. Pourtant, étonnement ou peut-être pas, vu mon caractère de voyageuse dans l’âme, je ne m’en lasse pas. Bien du contraire.
Jerry est parti habiter en Norvège avec sa compagne Sam et leur fils Tobias. Un jour, Sam part et laisse derrière elle ses deux hommes, sans véritables explications. Après un passage à vide de plusieurs mois, Jerry décide de se reprendre en main et de redonner une maman à leur fils en tentant de la retrouver. Ils prennent donc la route où des rencontres avec des personnages hauts en couleurs vont jalonner leurs kilomètres dans des terres encore sauvages.
J’ai beaucoup aimé découvrir par d’infimes détails des bouts de vie du couple de Sam et Jerry. Tout n’arrive pas abruptement mais subtilement et on commence alors par comprendre les personnalités de chacun. La construction des personnages est soignée et fait qu’il difficile de ne pas s’y attacher (que ce soit Jerry ou Tobias, mais aussi Walt Withman, cet être farfelu mais pas seulement). J’ai trouvé que c’était un livre qui avait beaucoup de style, ce dernier étant très « élégant ». Par cette expression, je dirais que la plume de Christophe Ghislain ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles et nous offre toute une atmosphère dans laquelle le lecteur ne peut que plonger mais sans s’y noyer. Des nombreuses références littéraires émaillent aussi les pages.
Histoire d’amour en quelque sorte, c’est aussi un voyage au-delà de soi que Jerry entreprend avec son jeune fils de 5 ans, déjà « mature » pour son âge où les paysages de Norvège occupent une part importante du récit. J’ai aimé la sensibilité de cette histoire qui, en fin de compte, semble si vraie qu’on se demande si l’auteur ne l’a pas lui-même vécue. J’ai parcouru cet itinéraire avec Tobias et Jerry en quête de Sam, comme eux et même si le livre fait près de 400 pages, ce voyage a été très agréable, me rendant nostalgique de les quitter au bout du chemin, de la dernière page…
Lu dans la cadre du Prix des Lecteurs des librairies Club.
Ce premier roman me semble une réussite à bien des égards. L’ambiance y est à la fois dure, tendre et absurde, les personnages peu rationnels, et en même temps, le lecteur n’a aucun mal à accepter leur motivation, même quand ils semblent ne pas en avoir.
Le roman est raconté par trois personnages différents. Il ne s’agit pas de mettre en regard trois points de vue distincts sur les mêmes événements. Gibraltar raconte le présent, Emma, le passé, et l’Esquimau fait le lien, à sa manière, avec son regard d’étranger au village. Les différentes voix m’ont semblées très réalistes. Elles rendent à merveille la folie de ce village perdu au milieu de nulle part.
Car c’est bien de cela dont il s’agit, de la folie du père de Gibraltar, qui a eu tôt fait de devenir collective et d’attaquer les uns et les autres. Sous ses dehors de bourgade tranquille, le village pullule de non-dits, qui empoisonnent la vie des uns et des autres, et celle de Gibraltar, même s’il l’ignore encore lorsqu’il y arrive.
En définitive, ce livre regorge de qualités scénaristiques : richesse de la narration, instauration d’une véritable ambiance très no man’s land, le tout ponctué de personnages et d’anecdotes surréalistes, comme ce rhinocéros qui se balade en pleine nature.
Dans ce roman on découvre trois personnages : Gibraltar, le personnage principal, L'esquimau et Emma. Ces trois personnages sont tour à tour les narrateurs de ce roman qui alterne des chapitres ultra courts consacrés à chacun d'eux. Et c'est ce qui m'a fait refermer ce livre bien rapidement. J'ai trouvé que les chapitres étaient vraiment trop courts (3 ou 4 pages) pour se plonger réellement dans le récit du personnage concerné. A peine avais-je eu le temps de me familiariser avec un personnage que, hop, un nouveau chapitre apparaissait sur un autre personnage. Ainsi je n'ai pu vraiment me plonger dans l'histoire et ai refermé ce livre sans en avoir terminé la lecture.
Roman à trois têtes : trois narrateurs qui parlent à la première personne du singulier et qui racontent tour à tour, le présent et le passé du village. D'abord Gibraltar, puis un homme mystérieux que tous appellent l'Esquimau et enfin, Emma, la petite amie de Gibraltar lorsqu'ils étaient adolescents. Ces trois points de vue nous permettent de reconstruire l'histoire pièce à pièce, comme un puzzle. Trois narrateurs qui ne s'expriment pas de la même manière. L'Esquimau par exemple écrit plutôt "oralement", Emma parle "normalement" et Gibraltar est entre les deux, si bien, que même si le nom du narrateur n'était pas noté en tête de chapitre, on saurait aisément qui parle.
Drôlement bien bâti, le roman met à jour les faiblesses et les fêlures de ses héros, leurs questionnements existentiels et leurs errances. Les personnages sont blasés, n'attendent plus vraiment de surprise et de bonheur de la vie ; les leurs s'écoulent sans qu'il n'en profitent, accablés qu'ils sont par leur passé et leur difficulté à le surmonter. La résilience n'est pas le fond de commerce du bouquin. Néanmoins, malgré des personnages à la dérive, Christophe Ghislain réussit le tour de force de ne pas faire un roman noir opaque : des traits d'humour émaillent le récit ainsi que des situations extra-ordinaires, irréelles qui en deviennent même poétiques, comme par exemple, le souhait d'Arthur, le père de Gibraltar, de creuser un énorme trou pour faire venir la mer dans son désert et de construire un phare. Phare dont Gibraltar reprendra la construction en revenant à Trois-Plaines, ce qui ne facilitera pas ses rapports avec les habitants.
Et le rhinocéros me direz-vous ? Eh bien, il revient, très en colère pour finir cette histoire par des pages très belles, rapides qui sont pour moi les plus belles du bouquin. Une fin en apothéose donc pour un premier roman d'un jeune écrivain belge qui promet
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