"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après avoir entendu Véro Cazot parler de la façon dont elle avait travaillé sur le scénario de « Les petites distances », j’étais vraiment très curieuse de découvrir qui était ce Max qui, parce qu’invisible aux yeux des autres, devenait transparent aux yeux de tous.
Mais cette histoire n’est pas seulement celle de Max, c’est également celle de Léonie, une flamboyante jeune femme hantée par ses fantômes, au point de ne plus vouloir dormir seule. Pour cela, Léo invite des hommes à venir dormir chez elle le soir et feint l’amnésie le matin, pour mieux les jeter.
C’est alors que l’invisible Max se retrouve évincé de sa colocation en raison de son absence. Il va s’installer, naturellement en toute invisibilité, chez sa voisine qui n’est autre que Léonie.
Je comprends mieux maintenant pourquoi Véro Cazot disait avoir porté ce projet pendant de nombreuses années. Ce scénario est brillant, plein de subtilités et très recherché. Il méritait toutes ces années d’écriture et de réécriture pour arriver à ce qu’il est, pleinement abouti.
Quant aux dessins de Camille Beyamina, c’est exactement ça, ils sont lumineux et pleins de vie, ils s’animent et rendent vivants Léonie et Max, à nos yeux mais également aux yeux l’un de l’autre.
Un album, que j’ai lu en me disant à chaque bribe de texte, à chaque dessin, « j’aimerais tant que Léonie et Max… ».
Je viens de lire les avis précédents sur cette bd, tous très positifs. Je ne nie pas ce qui est écrit, mais perso j'ai senti un léger malaise au contact de Max, cet être invisible. Une sensation de voyeurisme un peu malsaine. Et surtout, je n'ai pas accroché à la chute de l'histoire qui me semble une ficelle narrative un peu parachutée. Il y a trop d'excès pendant tout l'album sur l'inexistence de Max pour que tout soit basculé en 2 pages.
Je n'ai pas vraiment pris de plaisir à la lecture de l'album d'où ma note, mais qui ne semble pas refléter l'avis général.
Lors de l’album précédent de Camille Benyamina ( l’adaptation avec Eddy Simon de Chaque soir à onze heures de Malika Ferdjoukh) le lecteur était un peu laissé sur sa faim : les relations n’étaient qu’ébauchées, les rebondissements parfois précipités. Avec ce one shot écrit en collaboration avec Véronique Cazot toute la palette des sentiments … et des couleurs se déploie !
J’aime beaucoup l’alliance de l’orange pimpant, solaire et « léonin » et du blanc « transparent » qu’on trouve dès la couverture puis tout au long de l’album et qui finit par caractériser les personnages. J’ai trouvé géniale l’utilisation « tremblée » que faisait la dessinatrice du gaufrier pour traduire le mouvement, et la transformation des cases en arrondis pour montrer les angoisses de Léonie ou au contraire les vraies « bulles » de bonheur des petites choses du quotidien. J’apprécie également les illustrations pleines pages où les couleurs pastel font tout passer, même les scènes un peu crues !
Pour montrer l’invisibilité de son héros, Cyril Bonin choisissait dans "L’homme qui n’existait pa"s d’en faire un peu un "Passe-muraille" à la Marcel Aymé et utilisait une palette de bleu et de vert pour le dépeindre en contraste avec les couleurs chaudes de la vraie vie. J’adore la solution de « transparence » adoptée par les deux auteurs (lorsque Max est par exemple sur le canapé) et l’utilisation de couleurs un peu délavées pour montrer la deuxième dimension dans laquelle évolue le héros ; le fonctionnement « en dédoublement » des objets imaginé par Véro Cazot est lui aussi vraiment inventif.
C’est un travail extrêmement abouti qui mélange les genres : vaudeville (le triangle amoureux des voisines et du mari un peu benêt), satire (ah la psy ! ah le coloc relou et le hipster à deux neurones), comique (la mine et la verge réjouies de Max au parc m’ont valu un bon fou rire !) ; propose des personnages vraiment individualisés et croqués à la perfection qui ont le temps de s’épanouir sur les 120 pages. Ce roman graphique est à la fois une belle tranche de vie, une métaphore superbe sur « l’ultra moderne solitude » (le côté dégingandé et lunaire de Max me rappelle d’ailleurs un peu Souchon) et une extra-ordinaire histoire d’amour. La seule chose qui m’a moins convaincue est l’histoire de Maximilien que j’ai trouvée trop redondante par rapport à l’intrigue principale et trop grandiloquente. Il me semble que la simple mention du déni de grossesse de la mère aurait suffi à faire comprendre que Max était voué à l’invisibilité » dès sa naissance ….
Alors en résumé : j’ai passé vraiment un moment aussi délicieux avec Max et Léonie que doit l’être la mousse framboise pistache des jardins de Léo !
Il y a un mot qui me vient à l’esprit lorsque j’essaie de décrire cette BD : INTEGRITE. Les personnages, leurs réactions sont vrais, sincères, sans fioritures, tout simplement fidèles à la réalité. Pourtant, c’est une fiction… c’est là la magie de cette histoire.
Une BD sans tabou, qui aborde divers sujets avec légèreté et décontraction et punaise ce que ça fait du bien ! J’ai été immergée, happée par les personnages à en oublier la vie autour de moi et mes soucis. Une superbe évasion…
J’ai été épatée par la charte graphique, la qualité des dessins, le visage de Léonie est sublime, tellement sensuel. Sans parler de la colorisation… Très beau travail de Camille Benyamina !
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